Fil d'Ariane
Après avoir débattu des enjeux liés au réchauffement climatique à Charm el-Cheikh au mois de novembre 2022, les représentants du monde entier se retrouvent à Montréal à partir du 7 décembre pour une nouvelle Conférence des Parties. Mais cette fois-ci, ce ne sera pas le même ordre du jour. En deux semaines, ils tenteront de résoudre leurs divergences pour approuver une feuille de route historique afin de sauvegarder la nature et la biodiversité.
Après deux reports liés à la pandémie de Covid-19, la 15e conférence de la Convention pour la diversité biologique (CDB) de l’ONU, dite COP15 Biodiversité n’a aucune certitude de déboucher sur un accord crédible à son terme.
La Conférence des Parties (COP) a été créée en 1992, au Sommet de la Terre à Rio de Janeiro. C’est là que la Convention-cadre des Nations unies sur les changements climatiques (CCNUCC) a été adoptée. Les États signataires de cette convention se sont réunis en Égypte au mois de novembre pour la 27e Conférence des parités.
Lors du sommet de Rio, deux autres conventions ont été ouvertes : la Convention sur la lutte contre la désertification (CLD) et la CDB. Cette dernière a trois objectifs principaux. Il y a d’abord "la conservation de la diversité biologique, l’utilisation durable de la diversité biologique et le partage juste et équitable des avantages découlant de l’utilisation des ressources génétiques", rapportent les Nations Unies.
L’ambition de cette COP Biodiversité est de sceller un accord sur la biodiversité aussi historique que celui de Paris pour le climat en 2015. Cependant, beaucoup d’experts craignent que cela ne se solde en un échec semblable à celui du sommet climat de Copenhague en 2009. Les négociations de la COP15 doivent établir un “cadre mondial post-2020”. Il s’agit d’une feuille de route d’une vingtaine d’objectifs à remplir d’ici 2030. Ce cadre doit succéder aux “objectifs d’Aichi”, adoptés en 2010 au Japon. Pratiquement aucun d’entre eux n’a été rempli depuis leur adoption.
Afin de parvenir à ces objectifs, l’argent reste une question brûlante. Le Brésil, soutenu par 22 pays dont l’Argentine, l’Afrique du Sud, le Cameroun et l’Indonésie demande que les États riches fournissent “au moins 100 milliards de dollars par an jusqu’en 2030” aux pays en développement. Cependant, les Européens sont réticents sur la création d’un nouveau fonds. Pour ne pas répéter les erreurs du passé, la “mise en œuvre” des engagements sera un sujet majeur, avec des indicateurs clairs, indique une source européenne à l'AFP. “C’est leur absence qui a rendu le cadre d’Aichi si inefficace.”
Contrairement à la COP consacrée aux changements climatiques, la Conférence des Nations Unies sur la biodiversité se tient tous les deux ans. Plus de 12 000 personnes sont attendues à Montréal pour ce sommet. Les débats seront aiguillonnés par la forte présence des ONG (WWF, UICN,…), d’experts et de représentants du monde économique.
Cependant, à l’exception du Premier ministre canadien Justin Trudeau, aucun leader mondial n’a annoncé sa venue à la COP15 pour peser sur les négociations. Plus de 110 dirigeants avaient fait le déplacement en Egypte pour la COP27. La COP15 Biodiversité devait initialement se tenir en Chine. Le pays n'avais lancé aucune invitation et a ensuite renoncé à organiser le sommet.
Ce qui est en jeu, ce sont les fondements de l’existence humaine.Elizabeth Maruma Mrema, secrétaire exécutive de la CDB
Les deux COP sont toutefois indissociables : les ”solutions fondées sur la nature pourraient fournir environ un tiers des mesures d’atténuation climatique et jouer un rôle essentiel pour s’adapter au réchauffement” de la Terre, explique à l’AFP Zoe Quiroz Cullen, de l’ONG Fauna&Flora International. “Ce qui est en jeu, ce sont les fondements de l’existence humaine”, met en garde la Tanzanienne Elizabeth Maruma Mrema, secrétaire exécutive de la CDB. “Les écosystèmes biodiversifiés et équilibrés assurent la régulation climatique, la fertilité des sols et des aliments, la pureté de l’eau, les médicaments modernes et la base de notre économie”, énumère-t-elle à l'AFP.