COP15 à Montréal : des activistes doutent de l‘efficacité d’un potentiel accord
Le pacte mondial pour sauver la nature est en négociations à la COP15 de Montréal. Mais pour certains militants, il sera condamné à l'échec quelles que soient ses ambitions. Selon eux, les pays ne sont pas d'accord pour mettre en place de véritables mécanismes d'application et de révision des engagements.
Manifestation pour le climat en novembre 2022, en marge de la COP27 de Charm-El-Cheikh en Egypte.
AP/Peter Dejong
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Depuis mardi 6 décembre, la COP15 réunit à Montréal près de 5.000 délégués de 193 pays pour tenter de finaliser d'ici le 19 décembre "un pacte de paix avec la nature", prévoyant une vingtaine d'objectifs clés pour stopper la destruction des milieux naturels d'ici la fin de la décennie.
En marge de ce sommet sur la biodiversité à Montréal, les militants battent le pavé. Dans leur viseur : le texte actuel sur la biodiversité tel qu’il est discuté durant cette COP15. Il "exhorte" seulement les pays à tenir compte d'une évaluation mondiale prévue dans quatre ans. Sans engagement sur un éventuel effort national si jamais la trajectoire n'était pas tenue.
Les négociations manquent d'éléments essentiels qui garantiront aux pays d'intensifier leur action au fil du temps : c'est comme un vélo sans les vitesses. Li Shuo, conseiller chez Greenpeace.
"Un texte fort, qui engage les pays à évaluer les progrès réalisés par rapport aux objectifs mondiaux et à intensifier les actions au fil du temps, est essentiel pour que les gouvernements soient tenus responsables", a déclaré Guido Broekhoven, haut responsable du WWF International, "très préoccupé" par l'avancée des négociations sur ce point.
"Ce que nous avons donc sur la table est à peine un encouragement à peut-être faire mieux. Et il n'y a aucun mécanisme de conformité en discussion susceptible d'aider à organiser la nécessaire conversation entre les gouvernements sur la manière de mieux coopérer", s'inquiète Aleksandar Rankovic, conseiller de l'ONG Avaaz.
"Si les objectifs de biodiversité sont la boussole, la mise en œuvre est le véritable navire pour nous y conduire", abonde Li Shuo, conseiller chez Greenpeace. Or "les négociations manquent d'éléments essentiels qui garantiront aux pays d'intensifier leur action au fil du temps : c'est comme un vélo sans les vitesses".
Images de récifs coraliens au large de l'Australie. Les récifs qui abritent une large biodiversité sont menacés par le réchauffement climatique.
AP Photo/Sam McNeil
De l'avis général, l'absence de tels mécanismes a joué un rôle majeur dans l'échec du pacte décennal précédent, adopté en 2010 à Aichi au Japon et dont presque aucun objectif de sauvegarde des écosystèmes n'a été atteint. Des mécanismes de mise en œuvre contraignants sont ainsi au cœur de l'accord de Paris sur la lutte contre le réchauffement climatique.
Quelques avancées saluées
"Il y a eu quelques avancées", nuance toutefois Juliette Landry, chercheuse à l'IDDRI, soulignant que les pays ont pour la première fois adopté des tableaux de planification et de compte-rendu communs, qui permettront une évaluation et des comparaisons entre eux.
La journée du samedi 10 décembre était censée être le dernier jour de travail des délégués sur ce chapitre essentiel. Une journée studieuse avant l'arrivée de leurs ministres de l'Environnement le 15 décembre pour la dernière ligne droite des négociations. Sous la pression, le principe d'une séance supplémentaire la semaine prochaine a finalement été approuvé.