Fil d'Ariane
La nuit a été très longue pour les ministres toujours en négociation au Bourget. La dernière version du texte de l’ « Accord de Paris » remis à la mi-journée mercredi 9 décembre à Laurent Fabius est loin d’être encore satisfaisante.
Alors que la date butoir pour la conclusion d'un accord se rapproche, le président de la COP21 a demandé aux « parties » de se remettre rapidement au travail et « d’intensifier les consultations pour trouver un compromis ».
« C’est nettement mieux, mais c’est encore trop », a souligné Laurent Fabius faisant référence à la longueur du texte passé de 43 à 29 pages. « Sur certains sujets, on est presque au bout de nos peines grâce au travail des parties », a salué le président de la COP21. Ainsi, les trois quart des points encore entre crochets, c’est-à-dire non résolus jusqu’à présent, ont finalement été tranchés.
Des avancées ont été faites notamment sur l’adaptation aux impacts du changement climatique ou encore la transparence des pays sur leurs actions pour le climat, les pertes et les dommages.
Mais… d’importants dossiers cristallisent encore les désaccords entre les 195 pays : la différenciation (efforts financiers notamment à fournir selon les pays émergents, en voie de développement, développés), le financement (qui donne à qui ?) et le « niveau d’ambition de la COP ».
Quant à la limite du réchauffement à 2°C, voire à 1,5 degré, trois options restent encore ouvertes.
« On est loin d'atteindre un accord pour les 2°C», nous confiait, ce mercredi 9 décembre, un négociateur du Sud anxieux de voir aujourd’hui ce sur quoi les ministres de l’Environnement de tous les pays avaient statué. Mais il était tout de même soulagé par d’autres avancées comme celle de l’apparition dans l’article 2 des termes de « sécurité alimentaire».
Autre bonne nouvelle présentée, presque comme boutade, par le porte-parole de Greenpeace France Jean-François Julliard, l’entrée du terme d’ « énergie » dans le préambule du texte pour la première fois mais qui concerne seulement l’électrification de l’Afrique d’ici à 2020.
Mais pour les ONG qui ne relâchent pas la pression sur les négociateurs, le compte n’y est pas. Quelques minutes après la conférence de presse de Laurent Fabius, de nombreuses organisations ont multiplié les interventions devant les journalistes pour donner leur avis sur la dernière mouture du texte. Certaines ont également manifesté à grand bruit près des salles de négociations sur le site du Bourget.
#COP21 la société civile met la pression et fait du bruit ! pic.twitter.com/xHCDxcQQk9
— isabelle mourgere (@IMourgere) December 9, 2015
Si davantage d’efforts ne sont pas faits, le texte qui sortira sauvera « les apparences mais pas le climat » déclarait dans certaines conférences de presse les représentants d'ONG.
« Nous avons des éléments pour conclure aussi bien à un accord fort que faible. J’espère que les ministres feront les bons choix », expliquait Kaisa Kosonen de Greenpeace qui se satisfaisait cependant de voir toujours apparaître dans les options du texte la limite des 1,5°C même si rien n’est encore acté.
Mais côté financement il reste encore beaucoup de travail : « les 100 milliards sont considérés comme un plancher mais cette somme doit être soumise à un processus à la hausse », a martelé Nicolas Hulot, envoyé spécial de François Hollande pour la protection de la planète. « Les modalités des financements doivent être encore précisées dans les 24h, a-t-il insisté. Il faut aussi préciser quelle est la part de prêt et la part de don ».
Les ONG du Réseau Action Climat qui insistent pour ne pas rester pessimistes lancent cependant ce mercredi soir un «cri d’alarme » pour un accord plus ambitieux au risque que l’Accord de Paris donne « raison à tous ceux qui se battent pour préserver leurs droits de polluer » .
Demain, le texte doit revenir au président de la COP21 pour être ensuite traduit et vérifié juridiquement avant l’adoption vendredi 11 décembre à 18H. Encore quelques heures donc pour parvenir à un consensus. « Il faut que l’on passe de l’ambition au courage, disait mercredi après-midi Nicolas Hulot. Il nous reste 24 heures pour tendre la main à l’histoire ».