Fil d'Ariane
Les dirigeants de la COP26 n'ont qu'à bien se tenir. La jeunesse est en colère et dénonce le nouvel "échec" de cette édition pour la conférence climat, selon les termes de l'activiste Greta Thunberg. Le mouvement militant climatique qu'elle représente, Fridays for Future, a organisé ce mercredi 5 novembre une mobilisation massive à Glasgow et dans différentes villes britanniques afin de pointer du doigt l'inaction des dirigeants à la COP26.
Deux activistes climatiques présents sur les lieux, Simon MacLardie (Extinction Rebellion en Ecosse) et Pousse (Youth for Climate France), nous expliquent les raisons de la mobilisation.
Tv5MONDE : La COP26 a commencé il y a 6 jours, que pensez-vous des premières annonces de la conférence ?
Simon MacLardie - Extinction Rebellion Ecosse : Les gouvernements ont fait des progrès mais ce n'est pas encore suffisant. Nous avons besoin que les dirigeants de la Chine, de la Russie et de l'Australie s'engagent également.
Ils ont annoncé qu'ils allaient réduire leurs émissions de méthane de 30% d'ici 2030, par rapport aux chiffres 2020. Ce n'est vraiment pas suffisant.
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Nous avons besoin de courage maintenant, plus que jamais. Si nous voulons changer radicalement de système, nous devons mettre un terme aux échanges d'argent entre les compagnies pétrolières et les banques. 2,7 trillions de dollars ont été transférés par les banques aux entreprises de combustibles fossiles entre 2016 et 2020. C'est pourtant le cœur du problème.
Pousse - Youth for Climate : Ce sont des annonces de principe, de la politique de bas étage sans fond, selon moi, on ne peut plus rien attendre des politiques... Dans tous les cas, je pense que ces annonces ne resteront que des annonces et ne seront jamais appliquées.
On demande surtout à ce que les personnes et les zones les plus touchées (les MAPA ou Most Affected People and Areas en anglais) soient sur le devant de la scène et que les questions de climat soient abordées dans les débats politiques.
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Dans toute cette ferveur, une image m'a choqué. Il y avait ce groupe d'enfants au début de la marche tenant une pancarte "Arrêtez de nous tuer".
Simon MacLardie de Extinction Rebellion Ecosse
Tv5MONDE : Quel est votre état d'esprit aujourd'hui ? Avez-vous encore de l'espoir ?
Simon MacLardie : Je suis assez optimiste quand je vois l'ampleur de la marche aujourd'hui. Il y a des gens qui viennent de partout dans le monde. Un manifestant a passé les trois derniers mois à se rouler dans une boule d'acier qu'il a fabriquée avec son fils. Il a recueilli sur sa route un ensemble de propositions sur le climat à proposer à Glasgow. Je trouve ce genre d'initiative très touchante.
J'ai surtout rencontré des amies du monde entier de Fridays for Future, le mouvement dans lequel s'inscrit Youth for Climate. Ces rencontres sont toujours très enrichissantes.
Je pense que les manifestations ont un impact certain, aussi bien dans l'esprit des gens ou que sur les politiques des dirigeants.
Pousse de Youth for Climate
Tv5MONDE : On observe l'émergence de nouvelles formes d'action dans les mobilisations climat. Pensez-vous que des manifestations comme celle d'aujourd'hui peuvent encore avoir un impact ?
Simon MacLardie : Tant qu'il y aura des médias indépendants qui couvriront ces manifestations, les gouvernements seront bien obligés de voir que tout le monde se soucie de la question climatique. J'espère qu'ils vont nous regarder.
Après, il est certain que nous faisons des marches, des pétitions depuis des décennies et les choses n'ont pas beaucoup changé depuis. C'est exactement pour ça qu'avec Exctinction Rebellion, on a décidé d'entreprendre des actions plus radicales. L'idée est simplement d'attirer encore plus l'attention des médias.
D'ailleurs, des militants de Extinction Rebellion France sont avec nous et ont organisé une action devant la banque JP Morgan hier avec des magnifiques projections : "+4°C", "Non au pétrole !"