Fil d'Ariane
Mettre un terme à la déforestation d’ici 2030. C’est l’engagement pris par plus d’une centaine de chefs d’États au début de la COP26. L’idée n’est pas nouvelle. Déjà en 2014, lors de la Déclaration de New York, de nombreux pays et entreprises s’étaient engagés à diviser la déforestation par deux d’ici 2020 et d’y mettre un terme en 2030.
Selon de nombreux militants, on en est encore loin aujourd'hui. Greenpeace estime que cet objectif donne le feu vert à "une décennie supplémentaire de déforestation" et Global Witness craint des financements insuffisants.
Le rapport sur l'évaluation des ressources forestières mondiales du FAO, une agence de l’Organisation des Nations Unies (ONU) a recensé une perte d’environ 420 millions d'hectares de forêts dans le monde, à cause de la déforestation. Cela correspond à 6,5 fois la taille de la France (avec ses territoires d'Outre-mer). D’après la présidence de la COP26, la taille des forêts recule au rythme de 27 terrains de football chaque minute.
Ce rapport indique aussi que la déforestation ralentit au fil du temps. Entre 2010 et 2015, le taux de déforestation était de 12 millions d’hectares, alors que sur les cinq années suivantes, il était de 10 millions.
La FAO a également évalué l'évolution de la surface des forêts. Entre 2010 et 2020, la surface des forêts d'Afrique diminuait en moyenne de 3,9 millions d'hectares chaque année. Cette moyenne alarmante est suivie par l’Amérique du Sud, avec un recul de 2,6 millions d’hectares chaque année sur ces la dernière décennie. Selon l’Institut des ressources mondiales, le Brésil est le premier pays touché par la perte de surface forestière, suivi de la République Démocratique du Congo.
Si la déforestation diminue en Amérique du Sud, elle augmente en Afrique. À contrario, la surface forestière croit de décennie en décennie en Asie et en Europe. En Océanie, après une légère diminution, elle est repassée dans le positif et en Amérique du Nord.
L’ONG WWF (Fond mondial pour la nature) estime qu’environ 43 millions d’hectares forestiers ont été perdus entre 2004 et 2017 au niveau mondial, ce qui correspond à la superficie du Maroc. 24 zones sont concernées par cette déforestation. Parmi elles, neuf se situent en Amérique Latine et huit en Afrique Subsaharienne.
L’une des trois forêts primaires les plus importantes de la planète se trouve en Amérique du Sud : la forêt amazonienne. Elle doit son surnom de "poumon de la planète" au fait qu’elle produit 6 à 20% de l’oxygène de la planète, mais sa dégradation pourrait modifier cette situation.
En dix ans, la forêt amazonienne a perdu entre 415 000 et 587 000 km2, sur une surface totale de 550 000 000 d’hectares. La Banque Mondiale émet un scénario dans lequel 40% de cette forêt pourrait disparaître d’ici 2050. Par ailleurs, selon une étude publiée dans la revue Nature, la forêt ne possède plus les mêmes capacités à séquester le dioxyde de carbone car les incendies, liés à la déforestation, l'ont saturée. Elle serait même devenue émettrice de carbone par secteurs.
Dans ce secteur, la déforestation est dûe principalement au secteur de l’agriculture : que ce soit l’agriculture bovine, la culture de soja ou l’agriculture vivrière. Si la déforestation avait ralenti depuis 2004, l’élection de Jair Bolsonaro en 2019 lui a fait connaître une nouvelle accélération : la forêt brésilienne a perdu 10 000 km2 par an, contre 6 500 km2 lors de la décennie précédente.
Étendue sur près de quatre millions de km2, soit 13% de la surface de l'Afrique (ou la taille de l'Inde et la France réunies), elle représente la deuxième plus grande forêt tropicale au monde. La déforestation y est principalement causée par l’augmentation de la demande en bois de chauffage, l’expansion de l’agriculture vivrière et l’exploitation de la culture du bois.
Le président de la République Démocratique du Congo, Félix Tshisekedi, a annoncé lors de la COP26 que son pays s’engageait à réduire les émissions de gaz à effets de serre de 21% d’ici à 2030. "Dans le cadre de la mise en œuvre de l’accord de Paris, il est impératif de tenir compte et d’atténuer ces risques car autrement, il en résulterait une crise écologique majeure", a-t-il déclaré. Il a également promis de réorienter les productions agricoles hors des zones forestières.
Des investissements à hauteur d’1,5 milliards de dollars entre 2021 et 2025 ont également été annoncés pour préserver le bassin du Congo. Les détails des objectifs de ce fond d’investissement ne sont pas encore connus, mais la protection et la gestion durable des forêts en font partie.