COP26 : que faut-il retenir de la première semaine ?

Mettre un terme à la déforestation, arriver à la neutralité carbone, réduire les émissions de méthane... la première semaine de la COP26 a été marquée par de nombreuses annonces. Sont-elles suffisantes et remplissent-elles les objectifs du Sommet ? Éléments de réponses. 
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Jusqu'au vendredi 12 novembre, des négociateurs vont s'entretenir autour de la mise en place de l'accord de Paris dans le cadre de la COP26. L'envoyé spécial des États-Unis sur le climat John Kerry est en charge des négociations pour son pays.
Alberto Pezzali / AP
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Les négociations sur les grands enjeux climatiques se poursuivent à Glasgow dans le cadre de la COP26. L'objectif premier est de définir des manières pour chaque pays de réduire leurs émissions de gaz à effet de serre. L'accord de Paris, traité international adopté en 2015 visant notamment à limiter l'augmentation de la température à 1,5°C d'ici 2030, en reste la ligne directrice. Mais des promesses inédites ont marqué cette première semaine de négociations. 
 

La première semaine de la COP26 a été marquée par des annonces ambitieuses en matière de lutte contre le réchauffement climatique, notamment par rapport à la déforestation. Près de 180 pays se sont engagés à y mettre un terme d'ici 2030. Patrick Bayer, maître de conférence à l'université de Strathclyde à Glasgow et spécialiste de politique environnementale invite à prendre cette annonce avec parcimonie. "Dans quelle mesure est-ce que cela va se traduire dans la protection des forêts, c'est une autre question", souligne-t-il.

Les gouvernements ont signé un accord pour une décennie supplémentaire de déforestation, après des années de fausses promesses sur cet enjeu.
Jennifer Morgan, directrice de Greenpeace international

L'ONG Greenpeace, elle, ne voit pas cette annonce d'un bon œil. "Les gouvernements ont signé un accord pour une décennie supplémentaire de déforestation, après des années de fausses promesses sur cet enjeu", affirme Jennifer Morgan, directrice de Greenpeace International. 

Autre annonce importante : une centaine de pays se sont engagés à réduire leurs émissions de méthane de 30% entre 2020 et 2030. C'est le premier engagement politique mondial qui est fait sur ce gaz à effet de serre. Les pays signataires de cet engagement représente une grande partie des émetteurs de méthane.

"Mais la plupart des gros émetteurs de méthane n'ont pas signé cette mesure", note toutefois Patrick Bayer. En effet, si les États-Unis et la plupart des pays de l'Union Européenne ont signé cet accord, ce n'est pas le cas de l'Inde, de la Russie et de la Chine. À eux seuls, ces trois pays représentent 35% des émissions de méthane d'origine humaine, selon les chiffres de l'Agence de Protection Environnementale (EPA) des États-Unis.
 
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Par ailleurs, Greenpeace note que cet accord "ne s'attaque pas à l'industrie de la viande et laitière - les plus gros émetteurs de méthane." L'EPA notait dans son étude qu'en 2015, le secteur agricole représentait 48% des émissions de gaz à effets de serre (hors CO2). 
 
  • La surprise indienne 

"Les nouveaux engagements de l'Inde pour l'horizon 2030 sont allés plus loin que ce qui était attendu", note Jennifer Morgan. Parmi les annonces qui ont été faites, le pays doit augmenter ses ressources en énergie renouvelable afin de produire 50% de son énergie de cette manière d'ici 2030. Le Premier ministre indien a aussi annoncé que son pays ambitionnait d'atteindre la neutralité carbone d'ici 2070. 
 
  • Et du côté du secteur privé ? 

La COP26 ne concerne pas que les institutions gouvernementales. De nombreuses entreprises privées participent aux discussions. "De nombreux acteurs privés disent qu'ils sont prêts à faire des investissements compatibles avec des ambitions climatiques", précise Patrick Bayer.  Par exemple, des banques se sont engagées à éliminer progressivement le charbon. 

Il faut clarifier la manière dont les pays veulent appliquer ces mesures. Et bien sûr cela dépend de quel gouvernement sera au pouvoir pour les prochaines années.
Patrick Bayer, spécialiste de politique environnementale

  • Des objectifs réalisables ? 

Si ces différentes annonces semblent prometteuses, leur réalisation peut être questionnée. "Il faut clarifier la manière dont les pays veulent appliquer ces mesures, précise Patrick Bayer. Et bien sûr cela dépend de quel gouvernement sera au pouvoir pour les prochaines années", car de nombreux pays, dont la France, ont des élections cette année. 

C'est aussi pour cela que les négociations sont importantes. Elles doivent permettre de s'assurer que des mesures de respect des engagements pris voient le jour.

Que faut-il attendre de cette nouvelle semaine de négociations ? 

La COP26 doit se tenir jusque vendredi 12 novembre. Les négociations vont donc se poursuivre jusque cette date. Lors de cette semaine, les pays développés doivent concrétiser leur financement des pertes et dommages tel qu'inscrites dans l'accord de Paris, mais aussi les règles pour maintenir l'objectif de 1,5°C. 

Pour le moment, les promesses formulées portent sur des sujets qui ne sont pas en lien de prime abord avec l'accord de Paris. Les négociateurs devront donc faire en sorte qu'ils concordent avec cet accord. Selon Patrick Bayer, "l'objectif de cette deuxième semaine est de reprendre les annonces faites lors de la première semaine, pour les intégrer à l'Accord de Paris."

"Nous sommes ici à Glasgow parce que des vies sont en jeu, rappelle Jennifer Morgan. La semaine qui arrive sera un test pour l'humanité et le moment d'agir."