Fil d'Ariane
Le ministre des Affaires étrangères de l’archipel des Tuvalu, Simon Kofé a tenu un discours les pieds dans l’eau. Il cherche ainsi à interpeller les dirigeants du monde entier sur les conséquences du réchauffement climatique. Ce petit pays des îles Pacifique est en effet menacé par la montée des océans.
Le début du discours ne laissait pourtant rien présager de particulier. Le plan caméra serré affiche un fond bleu, un drapeau de l’ONU et un drapeau des Tuvalu à la droite du ministre. La caméra recule à mesure que Simon Kofe déroule son texte. C’est seulement à la fin qu’on découvre le ministre plein pied, à son pupitre, immergé jusqu’aux genoux au milieu de l’océan.
La symbolique est forte. Si les actes ne suivent pas les discours de la conférence Climat, les habitants des Tuvalu pourraient bientôt se retrouver eux aussi les pieds dans l’eau, selon le minstre des Affaires étrangères de l'archipel. Il indique même qu’à l’endroit précis où il prononce son allocution, se trouvait il y a plusieurs années la terre ferme.
À Tuvalu, nous vivons la réalité du changement climatique et de la montée des eaux pendant que vous nous regardez depuis la COP26.
Simon Kofe, ministre des Affaires étrangères du Tuvalu
L’annonce a fait son effet d’autant plus que beaucoup d’États des îles Pacifique n’ont pas pu envoyer leurs représentants officiels à la COP26, la faute aux restrictions de voyage liées à la pandémie. Tempêtes, hausse du niveau des mers... Ce territoire insulaire est en première ligne des effets du réchauffement climatique.
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Le problème, c’est que dans certains de ces États insulaires, dont fait partie l'archipel des Tuvalu, le niveau des mer et la terre ferme sont séparés de seulement quelques mètres.
On ne peut plus attendre des discours quand nous voyons la mer monter jour après jour.
Simon Kofe, ministre des Affaires étrangères du Tuvalu
C’est d’ailleurs ce que confirme la nouvelle Première ministre des Samoa, Fiame Naomi Mata'afa, dans une interview accordée à l’AFP, quelques semaines avant le début la 26e conférence pour le climat.
Les tempêtes majeures se produisaient tous les 50 à 60 ans. Maintenant, c'est tous les deux à trois ans.
Fiame Naomi Mata'afa, la Première ministre de Samoa
Elle mentionne l’avenir "désastreux" auquel se préparent les États insulaires de faible altitude, dont fait partie Tulavu. "Les tempêtes majeures se produisaient tous les 50 à 60 ans. Maintenant, c'est tous les deux à trois ans (…). Le Pacifique a longtemps été une voix isolée dans le débat, mais je pense que les conseillers scientifiques ont orienté la réflexion mondiale dans notre sens."
Dans un rapport communiqué via leur page Facebook, le ministère des Affaires étrangères de l'archipel des Tuvalu s'est félicité des dernières actions menées au sein de la région Pacifique.
"Le ministère est fier de prendre part au Programme Pacifique sur le changement climatique (...) et de coprésider avec les Fidji un groupe de travail conjoint sur la mobilité liée au climat."
La Première ministre des Samoa s'est dite déçue du manque de soutien de la part de l'Australie, pourtant allié économique de taille dans la région du Pacifique. Pour financer la transition climatique, les îles pourraient se tourner vers un autre acteur économique de poids, la Chine.