Fil d'Ariane
Près de 110 chefs d'Etat et de gouvernement s'expriment à partir de ce lundi 7 novembre à la COP27, pour renforcer leurs engagements climatiques face à un réchauffement qui s'emballe et apporter un soutien financier aux pays pauvres, qui en souffrent le plus. Des interventions sur fond de crises multiples et liées qui secouent le monde, invasion de l'Ukraine, inflation galopante et menace de récession, crise énergétique ou alimentaire.
Au total, près de 110 chefs d'Etat et de gouvernement vont s'exprimer lundi et mardi devant les délégués réunis à Charm el-Cheikh pour la 27e conférence mondiale sur le climat de l'ONU.
Des interventions sur fond de crises multiples et liées qui secouent le monde, invasion de l'Ukraine, inflation galopante et menace de récession, crise énergétique, avec relance ou soutien aux énergies fossiles, ou alimentaire, alors que la population mondiale va franchir la barre des 8 milliards.
Une "polycrise" qui risque de faire passer au second plan celle liée au réchauffement climatique, dont les impacts dévastateurs se sont multipliés en 2022 - inondations dévastatrices, canicules, sécheresses mettant à mal les récoltes. Or, les pays sont loin de faire ce qui est nécessaire pour lutter contre le réchauffement.
Les émissions de gaz à effet de serre doivent en effet baisser de 45% d'ici 2030 pour avoir une chance de limiter le réchauffement à 1,5°C par rapport à l'ère pré-industrielle, objectif le plus ambitieux de l'accord de Paris, pierre angulaire de la lutte contre le réchauffement.
Mais les engagements actuels des Etats signataires, même s'ils étaient enfin respectés, entraîneraient une hausse de 5 à 10% des émissions, mettant le monde sur une trajectoire au mieux de 2,4°C d'ici la fin du siècle.
Et avec les politiques menées actuellement, c'est un catastrophique +2,8°C qui se profile, selon l'ONU.
Symbole de la "reculade" que beaucoup disent craindre, seuls 29 pays ont déposé depuis la COP de 2021 des plans de réductions rehaussés, alors même qu'ils avaient adopté un "pacte" les appelant à le faire.
Les éventuelles annonces de réductions supplémentaires à Charm el-Cheikh seront donc scrutées de près.
Tout comme celles sur l'aide aux pays pauvres et souvent les plus exposés aux effets du réchauffement, même s'ils n'y ont presque pas contribué, ayant des émissions de gaz à effet de serre minimales.
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Dans un geste que beaucoup de militants espèrent plus que symbolique, les délégués à la COP27 ont en effet décidé dimanche de mettre pour la première fois à l'agenda officiel de la conférence la question épineuse du financement des dommages déjà causés par le réchauffement.
Ils se chiffrent déjà à des dizaines de milliards de dollars, plus de 30 par exemple pour les récentes inondations qui ont mis sous l'eau un tiers du Pakistan, et devraient croître fortement.
Les pays vulnérables réclament un mécanisme de financement spécifique, ce à quoi rechignent les plus riches, qui craignent de voir leur responsabilité mise en cause et arguent que le système de financement climat est déjà suffisamment complexe sans ajouter une couche supplémentaire.
La COP27 ne débouchera pas sur une décision, les discussions devant se poursuivre à horizon 2024.
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Le sommet se déroulera avec deux grands absents. Le président chinois Xi Jinping ne viendra pas en Egypte, et son homologue américain Joe Biden, retenu par les élections de mi-mandat, passera rapidement à la COP le 11 novembre.
La coopération entre les deux principaux émetteurs mondiaux de gaz à effet de serre, dont les relations sont tendues, est pourtant cruciale. Xi Jinping et Joe Biden pourraient toutefois se rencontrer à Bali la semaine suivante en marge du G20.
Le prince héritier saoudien Mohammed ben Salmane, ardent soutien de la production pétrolière, sera par contre présent à Charm el-Cheikh.
Ainsi que le nouveau Premier ministre britannique Rishi Sunak, qui a assuré qu'il évoquerait par ailleurs en Egypte le cas du détenu politique britannico-égyptien Alaa Abdel Fattah, en grève de la faim et qui a selon sa famille cessé de boire dimanche.