COP27 : un accord trouvé in extremis sur la question des dégâts climatiques

Les négociations de la COP27 en Égypte semblaient sur le point de s'effondrer, au matin du samedi 19 novembre. Mais selon une source européenne "un accord a été trouvé" sur la création d'un fonds spécifique dédié aux dégâts climatiques subis par les pays pauvres, un des principaux points de blocage des difficiles négociations de la conférence internationale sur le climat.
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COP27
Un homme au téléphone devant un panel de vidéos adressées aux dirigeants du monde entier lors de la COP27, le 19 novembre 2022, à Charm el-Cheikh, en Égypte.
Peter Dejong (AP)
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"Un accord a été trouvé" sur la création d'un fonds spécifique dédié à ces "pertes et dommages" qui "dirige" les moyens financiers vers les pays les plus vulnérables, a indiqué une source européenne à l'AFP.

Cette annonce donne l'espoir que cette 27e conférence internationale sur le climat, qui semblait au bord de l'échec ce samedi 19 novembre matin, soit sauvée.
"Plutôt pas d'accord qu'un mauvais accord", avait lancé le vice-président de la Commission européenne Frans Timmermans devant la presse.

"Nous sommes inquiets de certaines des choses que nous avons vues et entendues au cours des dernières 12 heures", a-t-il dit, ajoutant que l'objectif des Européens était de garder "en vie" la limite de réchauffement de 1,5°C, objectif le plus ambitieux de l'accord de Paris.

"À ce stade, la présidence égyptienne remet en cause les acquis de Paris et de Glasgow sur la baisse des émissions. C'est inacceptable pour la France et les pays de l'UE", dénonçait peu avant l'entourage de la ministre française de la Transition énergétique, Agnès Pannier-Runacher.

La présidence égyptienne a pour sa part justifié que la "grande majorité" des pays trouve les propositions "équilibrées."
 La présidence égyptienne, critiquée pour la lenteur des négociations, a fini par publier un nouveau projet de texte final très attendu en début d'après-midi.

Cette proposition doit encore être discutée par les négociateurs de près de 200 pays rassemblés à Charm el-Cheikh pour des discussions qui ont déjà débordé d'un jour.
Le document réaffirme les objectifs de l'accord de Paris de 2015, qui vise à limiter le réchauffement de la planète "nettement en-dessous de 2°C" par rapport à l'ère pré-industrielle, et si possible à 1,5°C.

Le texte souligne que les impacts du dérèglement climatique seraient bien moins importants à 1,5°C et affiche l'importance de poursuivre les "efforts" pour respecter cette limite.

Côté énergie, la fin des "subventions inefficaces aux carburants fossile" est affirmée mais pas la sortie du pétrole ou du gaz. L'objectif d'une sortie progressive des centrales à charbon - acquis de Glasgow l'an dernier - est réaffirmé, mais avec désormais un appel à accélérer le développement des renouvelables au cours de cette décennie.

Une option pour la création d’un fonds pour les "pertes et dommages"

Cette 27ème conférence internationale sur le climat a été prolongée d'au moins une journée en l'absence d'accord sur plusieurs points de contentieux. La présidence égyptienne, critiquée pour le retard pris dans ces discussions complexes, a promis, le 18 novembre, jour théorique de fin des négociations, de prendre les choses en main.

"On ne peut pas se permettre d'avoir autant de sujets de négociation qui restent sans issue jusqu'à la prochaine COP", a estimé Manuel Pulgar-Vidal, du Fonds mondial pour la nature (WWF).

Les négociateurs de près de 200 pays ont tenté d'avancer, dans la nuit de vendredi 18 à samedi 19 novembre, sur les points les plus difficiles. Parmi ceux-ci, le sort des énergies fossiles ou la compensation des dégâts déjà occasionnés par le changement climatique, les "pertes et dommages."
 Ce dernier sujet est plus que jamais au centre des débats après les inondations historiques qui ont frappé le Pakistan et le Nigeria, et pour lesquels les pays en développement réclament un fonds dédié.

De timides avancées ont cependant eu lieu sur ce point. Les "facilitateurs" de ce dossier au centre des frictions Nord-Sud ont publié une proposition de résolution sur la question. Celle-ci inclue trois options, dont une actant le principe de création d'un fonds dont le fonctionnement exact sera ensuite déterminé.

Le document propose d'établir "de nouveaux accords de financement pour aider les pays en développement" à "mobiliser des ressources nouvelles et supplémentaires".
Mais aussi, revendication phare des pays pauvres très exposés, de "créer un fonds de réponse aux pertes et dommages", dont le fonctionnement et les financements devront être élaborés par un "comité de transition" d'ici la prochaine COP28 aux Emirats arabes unis fin 2023.

L'ambiguïté sur les bénéficiaires de ce fonds, un point de blocage majeur des derniers jours, est levée a indiqué la source européenne.

Une possibilité jugée, le 18 novembre, acceptable "avec quelques changements" par Sherry Rehman, ministre pakistanaise du Changement climatique et présidente en exercice du puissant groupe de négociation G77+Chine, qui compte plus de 130 pays.

(Re)voir : COP27 : quel financement pour les pays pauvres ?
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Risque d'emballement incontrôlable

Les pays riches sont depuis des années très réticents à l'idée d'un financement spécifique. L’Union européenne a néanmoins fait une ouverture, jeudi 17 novembre. Elle a accepté le principe d'un "fonds de réponse aux pertes et dommages", réservé aux "plus vulnérables" sur une "base de contributeurs élargie", sous-entendu à la Chine.

L'offre européenne a été saluée comme "une concession et une percée majeures" par Seve Paeniu, ministre des Finances du petit archipel pacifique de Tuvalu, menacé par la montée des eaux. Mais ni la Chine ni les États-Unis n'ont fait connaître leur position dans l'immédiat.

(Re)voir : COP27 : rendre les pays riches responsables
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L'avenir des énergies fossiles, essentiellement responsable du réchauffement de la planète, fait également l'objet de tractations intenses. Un projet de texte final, publié par la présidence égyptienne, ne marque pas d'avancées sur ce point. Quand bien même il souligne pour la première fois la nécessité d'accélérer dans les énergies renouvelables.

Les engagements actuels des différents pays sont loin de permettre de tenir l'objectif de 1,5°C. Selon les analyses de l'ONU, ils permettent au mieux de limiter le réchauffement à 2,4°C d'ici la fin du siècle. Une perspective qui mènerait l'humanité vers le risque que des points de bascule irréversibles soient atteints et provoquent un emballement incontrôlable du dérèglement climatique.