Corée du Nord : à la découverte du quotidien des habitants

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Interview d'Isabelle Malivoir
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Dorian Malovic est journaliste, chef du service Asie au quotidien français La Croix. Il revient de Corée du Nord, un pays énigmatique qu'il a silloné pendant 10 jours sur 1200 km, à la rencontre des Nord-Coréens. Invité de TV5MONDE, il est venu témoigner de cette rare expérience.

C'est un pays qui donne lieu à tous les fantasmes et à toutes les rumeurs, l'ultime bastion du collectivisme, un régime répressif et autoritaire qui fait mine de faire trembler les Etats-Unis, tel David contre Goliath. Mais c'est aussi un pays qui change rapidement, tout en restant imperméable aux influences extérieures. Pourquoi ? 

Dans un  livre intitulé "La Corée du Nord en 100 questions", Dorian Malovic resitue dans son contexte historique et géopolitique la réputation d'obscurantisme de la Corée du Nord et l'onde d'effroi qu'elle propage dans le monde entier. Dans la foulée de la parution de cet ouvrage, il a entrepris - de son propre chef, et non à l'invitation du régime - un périple à travers la Corée du Nord profonde, à la découverte du quotidien de ses habitants.  

Un pays transfiguré

De retour de ce voyage, Dorian Malovic raconte : ce qu'il a découvert, c'est un pays "transfiguré" par rapport aux témoignages recueillis voici une vingtaine d'années. De fait, la situation des habitants, même si les campagnes restent pauvres, s'est beaucoup améliorée, a-t-il constaté.

Malovic
Dorian Malovic invité du JT international de TV5MONDE le 3 novembre 2017.
Trois jeunes femmes rencontrées pendant son périple nord-coréen.

L'émergence d'une certaine économie de marché, à laquelle les dirigeants ont ouvert une brèche pour remédier à une famine qui, en 1995, avait fait 1,5 million de morts, a entraîné dans son sillage celle d'une classe moyenne. Et celle-ci, désormais, aspire au bien-être. Et même si oppositions et libertés restent étouffées, la dissidence, dans ce pays dont le repli patriotique puise à une volonté d'émancipation de l'occupant nippon, n'est en rien comparable à celle qui minait l'URSS et les pays d'Europe de l'Est dans les années 1970, souligne le journaliste. 
 

Le commerce fonctionne, avec des produits locaux, mais aussi importés, et pas seulement de Chine.
Dorian Malovic

La Corée du Nord reste un pays très fermé. Aujourd'hui encore, rares sont ceux qui s'y rendent, et tous doivent suivre des sentiers strictement balisés sous la houlette d'un guide omniprésent. Dorian Malovic n'a pas fait exception, qui sait bien que "ce qui manque, c'est l'invisible" - les camps de travail, par exemple. Mais, ajoute-t-il, "ils savent que je sais."

Bras de fer nucléaire

Face aux récents regains de tension autour du risque d'une attaque nucléaire venant de Pyongyang, les gouvernements occidentaux sont les premiers à déconseiller à leurs ressortissants d'entreprendre un tel voyage : "En raison de la montée actuelle des tensions et du climat d’incertitude et d’imprévisibilité qui prévaut en Corée du Nord, tous les déplacements y sont déconseillés sauf raison impérative," peut-on lire sur le site Web France Diplomatie. Et face à un président américain tout aussi imprévisible, Pyongyang, selon Dorian Malovic, n'arrêtera pas son programme nucléaire.

► Retrouvez tout notre dossier sur la Corée du Nord : la tentation nucléaire

Ce vendredi 3 novembre, Donald Trump a entamé une tournée de 12 jours en Asie visant à rassurer les dirigeants de plusieurs pays partenaires. Du Japon aux Philippines, en passant par le Vietnam et la Chine, la Corée du Nord sera de toutes les discussions. Une Corée du Nord avec laquelle les Etats-Unis, après l'armistice de 1953, n'a jamais signé de traité de paix.

Rappel des enjeux du voyage en Asie du président américain Donald Trump avec nos partenaires suisses de la RTS :

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Peu à peu, pourtant, la Corée du Nord s'ouvre. En 2005, quelques centaines de voyageurs occidentaux seulement visitaient chaque année cette ultime terra incognita touristique. En 2015, ils étaient 5 000 – ce qui reste insignifiant face aux 100 000 Chinois qui affluent tous les ans. Et d'ici 2020 Kim Jong-un souhaite attirer dans son pays jusqu'à 2 millions de touristes par an.