Le Conseil de sécurité de l'ONU a durci les sanctions contre la Corée du Nord par un vote unanime, vendredi 22 décembre 2017, sur une résolution américaine, en s'attaquant au pétrole et à la question des travailleurs nord-coréens à l'étranger.
Il s'agit du neuvième train de sanctions onusiennes particulièrement drastiques contre Pyongyang. Les trois derniers ont été adoptés sous l'impulsion des Américains après des essais de missiles et un test nucléaire menés par la Corée du Nord.
Depuis septembre 2016, cette dernière a mené un essai nucléaire - son sixième - et plusieurs tirs de missiles interdits par les Nations unies. Washington avait déposé, ce jeudi, un projet de résolution après des négociations avec la Chine, alliée de Pyongyang, à la suite d'un nouvel essai de missile balistique intercontinental (ICBM) le 28 novembre dernier.
Qualifiant la Corée du Nord d'
"exemple le plus tragique du mal dans le monde moderne", l'ambassadrice américaine Nikki Haley a affirmé que les nouvelles sanctions étaient
"le reflet de l'indignation internationale face aux actions du régime de Kim Jong-Un". La résolution
"envoie un message sans ambiguïté à Pyongyang qu'une désobéissance obstinée n'entrainera que davantage de punition et d'isolation". Le président américain Donald Trump a tweeté dans la foulée:
"Le monde veut la paix, pas la mort" :L'or noir ciblé
Mais ni les Etats-Unis, ni la Corée du Nord ne montrent de velléités d'engager des pourparlers pour mettre fin à la crise sur la péninsule coréenne. Donald Trump a menacé de
"détruire totalement" la Corée du Nord en cas d'attaque contre les Etats-Unis, tandis que Pyongyang affirme que la communauté internationale doit l'accepter comme une puissance nucléaire.
La résolution de vendredi vise notamment les expatriés nord-coréens, dont la totalité devraient être renvoyés chez eux d'ici fin 2019. Le projet prévoyait initialement un délai de douze mois, mais la Russie est intervenue pour prolonger le délai.
Plusieurs dizaines de milliers de Nord-Coréens ont été disséminés à l'étranger, principalement en Russie et en Chine, pour travailler et générer de précieuses devises pour leur pays d'origine. Selon l'ONU, ils travaillent dans des
"conditions proches de l'esclavage".
Mais, surtout, le texte alourdit des dispositions de précédentes résolutions, en particulier en amenuisant davantage les livraisons de pétrole brut et raffiné qui proviennent majoritairement de Chine. Les approvisionnements en produits pétroliers devraient en conséquence reculer de 75%, et non 90% comme initialement prévu.
Par ailleurs, la résolution limite les livraisons de brut à 4 millions de barils par an. Et les importations nord-coréennes de produits pétroliers raffinés, y compris diesel et kérosène, sont plafonnées à 500 000 barils l'an prochain contre 2 millions auparavant. Si Pyongyang réalise de nouveaux essais nucléaires ou procède à de nouveaux tirs de missiles, le Conseil
"agira pour réduire encore les exportations de pétrole vers la Corée du Nord", prévient la résolution.
Tous les pays sont désormais habilités à intercepter, inspecter, bloquer et saisir des bateaux soupçonnés de transporter des cargaisons illégales depuis ou vers la Corée du Nord.
La Chine et la Russie ont condamné devant le Conseil l'attitude de la Corée du Nord, tout en plaidant pour l'ouverture en urgence de canaux de communication afin d'atténuer les tensions.
"Les sanctions ne sont qu'un moyen", a dit Wu Haitao, ambassadeur adjoint chinois.
"On ne peut s'attendre à régler les problèmes par des sanctions unilatérales ou des pressions". Pour l'ambassadeur adjoint russe Vladimir Safronkov,
"nous avons tous le devoir de fournir des opportunités pour que la diplomatie fonctionne".
Pression pour discuter
Le texte ajoute aussi des produits alimentaires, des équipements industriels et électriques, ainsi que certaines matières premières et des navires à la liste des produits nord-coréens interdits d'exportation. Et à celle des produits interdits d'importation toutes les machines industrielles, camions et plusieurs métaux (fer et acier notamment).
Une quinzaine de responsables nord-coréens, quasiment tous employés dans l'industrie bancaire, font de plus l'objet de sanctions (le projet en prévoyait initialement 19). Ils sont en conséquence interdits de visa dans le monde entier et risquent un gel de leurs éventuels actifs à l'étranger. Le ministère des Forces armées, chargé de la logistique, est également visé.
Le Conseil de sécurité a déjà interdit les exportations nord-coréennes de charbon, fer, plomb, textiles et produits de la mer, et limité les sociétés communes. Et, outre les restrictions aux importations de produits pétroliers, il a interdit notamment celles de gaz naturel liquéfié.
Les Etats-Unis mènent depuis plusieurs mois la charge contre le régime de Kim Jong-Un, cherchant par la pression de sanctions de plus en plus restrictives à pousser le jeune dirigeant à négocier.
Le secrétaire général des Nations unies Antonio Guterres avait estimé avant le vote qu'une unanimité serait importante pour adresser un message clair à Pyongyang.
L'ambassadeur français Francois Delattre a salué la nouvelle mesure, estimant que
"cette résolution fait mal".
"Une fermeté maximale aujourd'hui est notre meilleur antidote contre le risque de guerre", a-t-il dit.