Fil d'Ariane
D'après l'agence officielle KCNA, le dirigeant nord-coréen Kim Jong-Un a supervisé dimanche le lancement du Pukguksong-2, le déclarant prêt au déploiement. Le onzième tir de l'année a suscité un nouveau concert de condamnations internationales et la menace d'un durcissement des sanctions.
Le Pukguksong-2 est alimenté par du combustible solide qui permet une mise à feu immédiate, ajoute KCNA.
Cette technologie raccourcit considérablement le délai dans lequel pourrait avoir lieu une intervention pour empêcher des tirs. Toute décision de cette nature devrait être prise beaucoup plus rapidement.
Jusqu'à présent, la plupart des missiles tirés par Pyongyang utilisent du combustible liquide, ce qui signifie un temps de ravitaillement plus long.
Les responsables de l'armée sud-coréenne ont déjà dit que le Pukguksong-2, version terrestre des missiles mer-sol de Pyongyang lancés à partir de sous-marins, étaient alimentés par du combustible solide.
Kim Jong-Un a déclaré "avec fierté" que l'engin était "très précis", une "arme stratégique performante". Le dirigeant nord-coréen a "approuvé le déploiement de ce système d'armes", ajoute KCNA.
Sur des photographies publiées par le Rodong Sinmun, porte-voix du parti unique au pouvoir, on peut voir Kim Jong-Un, tout sourire, en train d'applaudir au spectacle du décollage du missile, entouré de ses collaborateurs.
Le journal publie aussi des photos de la Terre dont il affirme qu'elles ont été prises depuis l'espace par le missile. Il s'agit des premières images de cette nature jamais publiées par le Nord.
Le dirigeant nord-coréen "s'est dit très heureux de voir (ces photographies) et a dit que la Terre était belle". Il a également ordonné que l'engin soit "rapidement produit en série", poursuit KCNA.
Le missile, présenté par Washington comme étant à moyenne portée, a été tiré de Pukchang, dans la province de Pyongan Sud. Il a parcouru environ 500 kilomètres avant de s'abîmer en mer du Japon, selon les forces armées sud-coréennes.
D'après KCNA, le Nord a utilisé la technique dite du lancement froid, où le missile est d'abord éjecté grâce à du gaz comprimé avant que son moteur ne s'allume dans les airs. Cette technique est considérée comme plus sûre en même temps qu'il est plus facile de cacher le site du lancement.
Un porte-parole de l'état-major inter-armées sud-coréen a expliqué à la presse que les services de renseignement de la Corée du Sud et des Etats-Unis estiment que Pyongyang a obtenu grâce à ce tir "des données importantes pour la fiabilité de sa technologie balistique". Mais la capacité de la Corée du Nord à assurer une "rentrée stable" dans l'atmosphère de ses missiles "nécessite des vérifications supplémentaires", a-t-il ajouté.
Washington, Séoul et Tokyo ont dénoncé ce nouveau lancement, et réclamé une réunion d'urgence du Conseil de sécurité de l'ONU qui aura lieu mardi.
Ce nouveau tir survient une semaine après le lancement par Pyongyang d'un missile Hwasong-12, qui avait parcouru environ 700 kilomètres. La Corée du Nord avait assuré que cet engin, d'une portée sans précédent et susceptible d'atteindre les bases américaines du Pacifique, était capable de transporter une ogive nucléaire.
Le Nord, qui a procédé à des dizaines de tirs et deux essais nucléaires en 2016, avance à grand pas dans ses efforts pour mettre au point un missile balistique intercontinental (ICBM) capable de porter le feu nucléaire sur le continent américain.
Le président américain Donald Trump a assuré que cela ne "se produirait pas".
Pyongyang dispose depuis longtemps d'engins pouvant atteindre des cibles en Corée du Sud --les Scud d'une portée de 500 kilomètres-- et au Japon (le Rodong de 1.000 à 3.000 kilomètres).
Mais avec une portée estimée à 4.500 km, le Hwasong-12 est susceptible d'atteindre les bases américaines de l'île de Guam, dans le Pacifique.
L'accélération des programmes nucléaire et balistique nord-coréens et la surenchère verbale avec Donald Trump, qui a menacé de régler par la force le dossier nord-coréen, ont contribué à tendre la situation sur la péninsule ces dernières semaines.
Mais pour l'instant, Washington a opté pour les sanctions et les pressions diplomatiques, se tournant vers la Chine, le principal allié de Pyongyang, pour l'aider à refréner les ardeurs nucléaires de son voisin.