C'est une première depuis dix ans. La Corée du Sud et sa voisine du Nord se sont entendues sur la tenue d’un sommet à la fin du mois d'avril. Par ailleurs, Pyongyang a promis de suspendre ses essais nucléaires et semble donner des gages, sous le regard presque optimiste de Donald Trump.
Les Jeux Olympiques de Pyeongchang ont définitivement lancé le processus de réchauffement entre les deux Corées. Que de poignées de main et de rencontres de plus en plus chaleureuses depuis la fin des olympiades sud-coréennes en février 2018.
Celle qui vient de se dérouler à Pyongyang entre le conseiller du président sud-coréen Moon Jae-in et Kim Jong Un en fait partie. Et suscite déjà l'optimisme Outre-Atlantique.
Le leader nord-coréen s'est dit désormais prêt à bouger sur le dossier sensible de l'arsenal nucléaire "si les menaces militaires contre le Nord disparaissent et si la sécurité de son régime est garantie". Des propos rapportés par la présidence sud-coréenne qui a ajouté que Pyongyang, visé par une série de sanctions imposées au fil des ans par le Conseil de sécurité des Nations unies, était prêt à un "dialogue franc" avec les Etats-Unis pour évoquer la dénucléarisation. Elle a précisé que le régime suspendrait tout essai nucléaire ou de missile pendant les discussions et qu'un sommet historique serait organisé en avril.
Le président américain, qui échange depuis son élection les insultes et les menaces apocalyptiques avec le leader nord-coréen Kim Jong Un, n'a pas tardé à tweeter son enthousiasme :
"Progrès possibles dans les négociations avec la Corée du Nord. Pour la première fois depuis de nombreuses années, un effort sérieux est fait par toutes les parties concernées. Le Monde regarde et attend ! Peut-être un faux espoir, mais les États-Unis sont prêts à aller dur dans les deux sens !" (Donald Trump)Et d'ajouter en conférence de presse : "Ce serait bien pour le monde, bien pour la Corée du Nord, bien pour la péninsule, mais nous verrons ce qui va se passer", et de juger "sincère" l'offre de dialogue formulée par Pyongyang. A qui faut-il attribuer cette évolution ? "Moi!", a-t-il répondu aux journalistes dans un sourire.
Plus de scepticisme côté sud-coréen...
De son côté, le président sud-coréen Moon Jae-in a mis en garde ce mercredi contre tout excès d'optimisme sur l'offre de Pyongyang de discuter avec Washington de sa dénucléarisation.
"Nous ne sommes que sur la ligne de départ et il est trop tôt pour être optimistes", a estimé le président Moon, ajoutant : "Il n'y aura pas de cadeau au Nord".
"Les discussions intercoréennes ne seront pas suffisantes pour parvenir à la paix", a encore averti ce partisan du dialogue, en insistant en même temps sur l'importance de la coopération militaire avec Washington.
MM. Moon et Kim participeront fin avril à un sommet intercoréen historique, a annoncé mardi le conseiller du président sud-coréen Chung Eui-yong à son retour d'une mission au Nord.
Il ne s'agira que du troisième sommet intercoréen après ceux de 2000 et 2007 à Pyongyang.
... et américain
Les responsables de l'administration à Washington n'ont cependant pas dissimulé leurs réserves face à un pays qui a toujours présenté son arsenal nucléaire comme non négociable."Je suis plutôt sceptique", a ainsi déclaré le chef des services de renseignement américain Dan Coats.
"C'est peut-être une avancée. J'en doute fortement. Comme je l'ai dit, il y a toujours un espoir", a-t-il lancé lors d'une audition devant la Commission des armées du Sénat.
"Nous sommes ouverts. Nous sommes impatients d'avoir des précisions. Mais les Nord-Coréens ont nourri notre scepticisme, donc nous sommes un peu prudents dans notre optimisme", a résumé un haut responsable de la Maison Blanche sous couvert d'anonymat.
Les autres ?
Le secrétaire général des Nations unies Antonio Guterres a appelé toutes les parties à saisir l'opportunité de ces discussions pour avancer "vers une paix durable et la dénucléarisation".
Même son de cloche du côté de Pékin qui a demandé aux deux Corées de "saisir" cette
chance.
Le gouvernement japonais a indiqué que Tokyo n'avait pas varié dans sa politique consistant à exercer "la pression maximale" sur la Corée du Nord pour la contraindre de renoncer au nucléaire.
Enfin quid des médias officiels nord-coréens ? RAS.
Ils ne faisaient ce mercredi aucune référence à cette annonce.