Coronavirus au Canada : fin de la première vague, crainte de la deuxième

Les Canadiens ont subi la fin de la première vague de Covid-19 cet été : le virus n’a pas disparu sous les rayons du soleil, mais le nombre de contaminations et de décès a considérablement diminué par rapport au pic du printemps. Les autorités ont quand même multiplié tout l’été les messages d’avertissement et de prévention pour que les Canadiens maintiennent les gestes barrières et ne relâchent pas leur vigilance - surtout les jeunes dont les comportements se sont révélés à risques dans plusieurs circonstances.
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Un serveur du resaturant Mamma Martino sert des clients après la réouverture des restaurants, salles de cinéma et salles de sport. Toronto, Canada, 31 juillet 2020
© REUTERS/Carlos Osorio
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L’été a commencé de façon alarmante, surtout au Québec. La province a été la plus durement touchée par l’épidémie puisqu’on y compte la moitié des cas recensés au Canada. La réouverture des bars s’est traduite par une augmentation du nombre d’infections dans la province : plusieurs établissements ont eu du mal à faire respecter la distanciation physique, pris d’assaut par une clientèle, jeune en grande majorité, qui, après quelques verres, oubliait les deux mètres à respecter avec son voisin.

Des foyers d’infection se sont ainsi développés dans la région montréalaise et le gouvernement a imposé la fermeture des bars à minuit pour éviter tout nouveau débordement. L’autre problématique a aussi été l’organisation de fêtes dans des résidences privées, là encore avec des jeunes pour la plupart, qui ont créé d’autres foyers d’infection. Et donc au courant du mois de juillet, la majorité des nouvelles infections touchaient des jeunes de moins de 35 ans. Le fait que le nombre de cas dépassait la centaine chaque jour a vraiment fait craindre aux autorités le début d’une deuxième vague.

Port du masque obligatoire

C’est dans cette perspective que le Québec, comme plusieurs autres provinces canadiennes, a décrété le port du masque obligatoire dans les transports en commun et dans les lieux publics intérieurs. Depuis le 18 juillet donc, impossible de rentrer dans un bus et un métro, d’aller faire ses courses ou de rentrer dans un commerce, quel qu’il soit, sans son masque sur le nez. Si la mesure a été décriée haut et fort par des milliers de Québécois dans des manifestations à Montréal et à Québec où on a beuglé le mot « libaaarrttté » sans modération pour réclamer le droit de ne pas porter le masque, la très grande majorité des Québécois a rapidement adopté cette mesure supplémentaire pour lutter contre le virus.

On a rapporté peu d’incidents de clients récalcitrants aux entrées des magasins et la police dit que les constats d’infractions sont quasi inexistants et les signalements anecdotiques. Cette mesure du port du masque obligatoire, ainsi que les appels à la vigilance répétés par les autorités québécoises, ont permis de réduire le nombre de contaminations quotidiennes dans la province depuis le début du mois d’août, avec des cas qui varient entre 50 et 80 par jour, tandis que le nombre de décès quotidiens se compte maintenant sur les doigts d’une main. Au total, le Québec compte plus de 61 000 cas et plus de 5700 morts.

La frontière avec les États-Unis reste fermée

Avec plus de 122 000 cas en date du 17 août et plus de 9 000 morts, le Canada n’a pas été épargné par cette première vague de l’épidémie mais, comme le dit le proverbe, quand on se compare à d’autres pays, les Canadiens se consolent. Surtout quand on regarde ce qu’il se passe depuis des mois au sud de notre frontière : la situation aux États-Unis est catastrophique, ce qui explique d’ailleurs pourquoi la frontière entre les deux pays va rester fermer jusqu’au 21 septembre sauf pour le transport des marchandises et les voyages considérés comme essentiels.

Beaucoup doutent d’ailleurs de la réouverture de cette frontière d’ici la fin de l’année, car on voit mal comment les Américains vont réussir à se sortir de ce marasme au cours des prochains mois.

Rien de comparable donc entre la situation au Canada et aux États-Unis, mais les autorités canadiennes restent extrêmement prudentes : elles parlent d’une succession possible de vagues de contamination au cours de l’automne et craignent que cette épidémie du coronavirus ne dure encore plusieurs années. Le monde entier est entré dans un tunnel depuis le début de 2020 et on est encore loin, en effet, d’en voir la lumière au bout…


Une rentrée scolaire sous le signe du Covid-19

D’un bout à l’autre du Canada, les élèves se préparent au retour en classe. Les unes après les autres, les provinces canadiennes ont dévoilé au cours de l’été leur plan pour que cette rentrée scolaire se fasse dans les conditions les plus sécuritaires possibles en ces temps de pandémie.

Au Québec, la province la plus touchée par le virus, la présence des élèves sera obligatoire sauf si l’enfant présente une condition médicale qui l’obligera à rester chez lui.

- Le port du masque sera obligatoire pour tous les jeunes de plus de 10 ans dans les transports scolaires et dans les espaces communs de l’école, mais pas dans la classe.

- Les élèves resteront dans la même classe : ce sont les enseignants qui se déplaceront d’une salle à l’autre, sauf pour certaines matières comme les arts plastiques ou l’éducation physique. Chaque école va établir un plan de circulation pour les déplacements dans les couloirs ainsi que des mesures d’hygiènes, lavabos et gels désinfectants pour le lavage des mains. Le nombre d’élèves par classe sera le même qu’en temps normal.

Le gouvernement québécois a aussi mis en place un modus operandi advenant la contamination d’un élève ou le développement d’un foyer d’infection dans une école. Un enseignement à distance sera offert aux élèves malades ou qui doivent subir une quarantaine.

Le ministre de l’Éducation vient d’annoncer le déblocage de 20 millions de dollars pour les élèves qui ont des difficultés d’apprentissage afin de les aider à rattraper le retard qu’ils ont pu accumuler lors des mois de confinement. Dans la grande région montréalaise, les écoles n’ont pas pu rouvrir leurs portes après le 13 mars. La majorité des élèves dans le réseau public n’ont donc pas suivi d’enseignement durant quatre mois – alors que l’enseignement s'est poursuivi dans le réseau privé. Ici comme ailleurs, cette rentrée scolaire suscite beaucoup d’inquiétude et l’objectif des autorités est de contrôler au maximum l’épidémie en ayant le moins de cas possible, pour que le virus ne se répande pas dans les écoles comme une traînée de poudre…