En cette semaine quasi estivale au Québec, le premier ministre François Legault vient de donner un gros bol d’air aux Québécois, confinés depuis le premier octobre : il vient de présenter son plan de déconfinement de la province qui va se faire en plusieurs étapes et s’étaler sur plusieurs mois.
François Legault avait le sourire aux lèvres quand il a annoncé ce mardi 18 mai, que la cible de 75% de la population adulte vaccinée était maintenant atteinte (avec une première dose ou alors avec un rendez-vous pris pour une vaccination au cours des prochaines semaines).
Cet objectif, fixé initialement au 24 juin, sera donc atteint le 15 juin.
« Je suis très impressionné de voir comment les Québécois ont bien répondu – à la vaccination -, génération par génération. Ils ont fait leur devoir de citoyen, les jeunes sont au rendez-vous. Je ne peux pas vous dire à quel point je suis fier des Québécois » a ajouté François Legault.
En parallèle, le nombre de cas quotidiens de la COVID-19 ne cesse de diminuer de jour en jour, entre 550 et 650 ces derniers jours. Voilà les conditions gagnantes que le gouvernement attendait pour donner le feu vert à ce déconfinement.
« C’est un plan où on y va prudemment, graduellement » a précisé le premier ministre.
- À partir de vendredi, les événements culturels et sportifs seront autorisés, avec ouverture des stades qui pourront accueillir un maximum de 2500 personnes, maximum de 400 voitures dans les ciné-parcs aussi.
- À partir du 28 mai : le gouvernement va mettre fin au couvre-feu, en vigueur depuis le 9 janvier, les terrasses des restaurants qui sont en zone rouge vont pouvoir rouvrir, les rassemblements extérieurs seront autorisés avec un maximum de huit personnes et on pourra se déplacer d’une région à l’autre.
- À partir du 11 juin : les terrasses des bars en zone rouge pourront rouvrir, les sports et loisirs extérieurs seront autorisés pour un maximum de 25 personnes.
- Enfin à partir du 25 juin, les personnes qui ont reçu leurs deux doses de vaccins pourront enlever leurs masques et se faire la bise (fin de la distanciation physique), les festivals extérieurs pourront se tenir mais avec des limitations, les camps de jour et les camps de vacances pour les enfants seront autorisés et plusieurs régions du Québec pourront retourner dans le pallier vert, soit un retour à la normale. Les rassemblements intérieurs, avec 10 personnes maximum provenant de trois familles, seront autorisés.
Vers un « été de liberté » après huit mois de confinement
En parallèle à ces mesures progressives de déconfinement, les régions du Québec vont passer, au cours des prochaines semaines selon un calendrier précis, du rouge, à l’orange, puis jaune et enfin passer au vert, à la fin août si tout va bien, selon la classification mise en place par le gouvernement au début de l’automne dernier.
Les écoles qui étaient fermées ces dernières semaines dans plusieurs régions vont aussi rouvrir leurs portes dès lundi prochain, ce dont se félicite François Legault en faisant remarquer que le Québec avait été l’un des endroits dans le monde où les écoles ont été le moins fermées à cause de la pandémie.
C’est donc, si tout va bien, à un été relativement normal que peuvent se préparer les Québécois. Relativement, car les voyages seront encore très limités et la quarantaine de 14 jours maintenue pour ceux qui sortiront du Canada. La campagne de vaccination va se poursuivre, avec les deuxièmes doses qui seront administrées au cours de l’été. De leur côté, les jeunes âgés de 12 à 17 ans vont se faire vacciner dans leurs établissements scolaires d’ici la fin de juin, et ils auront leur deuxième dose à la rentrée :
« D’ici fin août, 75% des jeunes de 12 ans et plus auront reçu leurs deux doses, on n’aura plus besoin de porter de masques dans les lieux publics, et ce sera le retour au présentiel dans les universités et les cégeps de la province » s’est réjoui François Legault.
Il n’est pas le seul à se réjouir : les Québécois ont poussé ce mardi soir un gros soupir de soulagement collectif. Ils sont confinés chez eux, sans autorisation de voir personne, depuis le premier octobre ! Huit longs mois avec une vie sociale réduite à une peau de chagrin et un couvre-feu à respecter depuis le début de l’année.
- Mélanie Meloch-Holubowski, journaliste à Radio-Canada, a voulu donner la possibilité aux familles des victimes de la Covid-19 de se raconter :
Avec l’été qui se pointe le bout du nez, les Québécois avaient hâte de pouvoir se réunir de nouveau dans leurs jardins, dans leurs cours, retrouver un peu de vie sociale et profiter de la belle et trop courte saison des barbecues.
Un plan bien accueilli dans l’ensemble
Ce plan de déconfinement progressif, mis en place pour éviter de faire le yo-yo avec les mesures et retourner en arrière, a été bien accueilli par la communauté scientifique :
« Il ne faut pas aller trop vite parce que ça serait regrettable d’être obligés de reculer. Si on y va de façon graduelle, on n’aura pas besoin de retourner en arrière » a commenté la Dre Caroline Quach en entrevue à RDI.
« Ce sont des mesures raisonnables et il faut y aller progressivement pendant que l’on continue de vacciner. Les activités extérieures permettent cette liberté dont les gens ont soif » a renchéri la Dre Cécile Tremblay.
D’autres spécialistes s’inquiètent par contre de ces étapes étalées sur plusieurs semaines et qui pourraient créer une certaine confusion au sein de la population :
« Ce plan de déconfinement se déploie en 2 dimensions, par couleur, par région. Ça me paraît un peu difficile à intégrer pour la population», estime Roxane Borgès Da Silva
, professeure à l'École de santé publique de l'Université de Montréal
. « J’aimerais voir des cibles de vaccination et des indicateurs associés à chaque étape de confinement. Il faut surveiller les indicateurs épidémiologiques, parce qu’on l’a vu : il suffit d’une seule personne infectée dans un gym pour avoir 500 cas ».
« L’espoir est là, on va pouvoir recommencer à se voir. Vacciner, ça rime avec été et aussi avec petits partys… cet été de liberté, on l’aura mérité », a conclu le premier ministre québécois en enjoignant quand même la population à continuer à respecter les consignes et à aller se faire vacciner, si ce n’est déjà fait pour la première dose ou quand viendra le temps de recevoir la deuxième dose.