Coronavirus : en Allemagne, la Bundesliga reprend ses droits... sans ses supporters !

Après l'annonce de l'arrêt des championnats français, belge et néerlandais, le championnat allemand, la Bundesliga, est le premier des cinq grands championnats européens à reprendre, ce samedi 16 mai, à huis clos. Une expérience particulière, qui se distingue par la disparition de certaines habitudes, pour minimiser les risques de propagation du Covid-19, mais surtout par l'absence des supporters. Les Allemands ont décidé d'innover pour tenter d'y remédier.
Image
Bundesliga reprise
Les joueurs du Borussia Dortmund et de Schalke 04 s'échauffent avant le derby de la Ruhr, qui se jouera devant des tribunes vides.
AP Photo/Martin Meissner
Partager5 minutes de lecture

Il est 15h30, ce samedi 16 mai à Dortmund, dans la région de la Ruhr, en Allemagne. Pour les fans du Borussia Dortmund et de Shalke 04, c’est un jour spécial, coché dans le calendrier au début de chaque saison de Bundesliga : le derby de la Ruhr. Mais cette année, Covid-19 oblige, les supporters et suiveurs de la Bundesliga vont vivre une confrontation entre les deux rivaux, qui restera dans les annales. Une confrontation sans supporters. Condition sine qua non de la reprise du championnat allemand. 

Ambiance "Walking dead"

La rencontre au sommet entre le BVB et Schalke 04 débute. Le célèbre You'll never walk alone, chanté à Liverpool, Glasgow et ... Dortmund, n'est pas entonné en introduction du match. Le fantastique et connu de tous les fans de foot, "mur jaune", ne se dresse pas, uni, comme un seul bloc, fort de ses 40 mètres de hauteur et des 24 500 supporters qui le composent habituellement. Une ambiance étrange, un malaise palpable, devant ces tribunes vides.
Même l'iconique mascotte, l'abeille, de Dortmund, n'est pas de la partie.
Le seul point positif de ce huis-clos, c'est chez les germanophones qu'il faut le chercher : c’est l’occasion, pour eux, d’entendre les consignes tactiques de l’entraîneur suisse du BVB, Lucien Favre qui, comme tous les individus présents autour du terrain, porte un masque.

Mais si les célébrations sont limitées, si les joueurs ne peuvent plus se serrer la main, que les protocoles habituels sont tronqués, que la bière ne coule plus à flots et que les effluves des saucisses ne se propagent pas aux alentours des stades de Bundesliga, c’est bien le manque de supporters, dans un pays où ils sont au centre de la politique des clubs, qui se fait le plus sentir. 

À Gladbach, des supporters... en carton

Si 213 personnes, dont 115 en tribunes, auront le droit d’être à l’intérieur des écrins de Bundesliga, seuls les staffs des clubs, les officiels,  les photographes et les diffuseurs y auront accès. Aucun supporter à l’horizon et si, à travers le monde, on s’est adaptés dans d'autres secteurs, les clubs allemands de football ont, eux aussi, essayé de faire preuve d’inventivité, pour que les supporters conservent un rôle et une présence, durant les matchs. 

Le Borussia Mönchengladbach, qui affronte, ce samedi, l’Eintracht Francfort à 18h30, accueillera le Bayer Leverkusen, le weekend prochain, face à une foule de supporters… littéralement en carton. Moyennant 19 euros, ces derniers pourront voir leur visage disposé dans les gradins du Borussia Park. Une initiative des supporters que l’entraîneur des Poulains, Marco Rose, a salué : "J’ai bien aimé l’initiative des fans. Les figurines en carton rendent le stade un peu plus vivant, même si ça ne remplace pas les vrais supporters". 

Ce sont, d’ores et déjà, plus de 12 000 figures de bois, à l’effigie des supporters, qui ont été commandées et disposées dans les tribunes. De quoi impressionner les adversaires, même si cela ne vaudra, évidemment, jamais la présence, réelle, des fans. 

Voir aussi : Coronavirus à Taïwan : nouvelle saison de baseball dans des conditions inédites

TV5 JWPlayer Field
Chargement du lecteur...

Des outils et des fonctions innovants 

Un autre projet innovant a été proposé. Celui d’une application qui permettrait de se faire entendre… depuis son canapé. Le principe de "MeinApplaus" ("mon applaudissement") est simple : appuyer sur des boutons pour applaudir, siffler, encourager les joueurs ou chanter, grâce à son smartphone. Plus les fans seront nombreux à utiliser cette application, plus leurs encouragements se feront entendre via des hauts-parleurs installés dans les enceintes. Néanmoins, la ligue allemande n’a toujours pas donné son accord pour la mise en place de ce projet.
 

Mais les clubs, les supporters et les entrepreneurs ne sont pas les seuls à s'y mettre, même les diffuseurs se sont pris au jeu. En plus de diffuser gratuitement les deux premières journées, la chaine Sky offre la possibilité, aux téléspectateurs des matchs de Bundesliga, de choisir entre deux options. La première consiste à regarder le match avec le son réel, qui comprend les cris des joueurs, des entraîneurs, ou encore les bruits des ballons et des chocs. La seconde consiste à intégrer des encouragement et chants de supporters enregistrés lors d'une rencontre précédente.

"En plus des commentaires en direct, cette bande son diffusera aussi les chants des fans pour les équipes participantes et les réactions du public en fonction du match", a précisé la chaîne de télévision allemande à Reuters.
Seul bémol : cette possibilité n’est disponible qu’en Allemagne. 

Si tous les fans de football, privés de leur sport préféré, attendaient la reprise de la Bundesliga avec impatience, subsiste toujours le goût amer de voir un football sans supporters, mais aussi avec un sentiment d'angoisse, qui s'étend jusque dans les clubs. Car le championnat allemand reste un laboratoire et pourrait cesser de fonctionner, en fonction de la situation sanitaire. Le club de 2ème division du Dynamo Dresde a d’ailleurs dû reporter son retour à la compétition, après que deux de ses joueurs ont été déclarés positifs au Covid-19.