Fil d'Ariane
Le chef du gouvernement français et le ministre de la Santé, Olivier Véran, ont animé une conférence de presse commune ce samedi 28 mars, en présence du directeur général de la Santé, le Professeur Jérôme Salomon. Plusieurs annonces : le gouvernement français a commandé un milliard de masques, 5 millions de tests rapides et compte passer à 14 500 lits en réanimation, soit près de trois fois plus qu'initialement.
"Le combat ne fait que commencer", a prévenu le Premier ministre Edouard Philippe. "Les 15 premiers jours d'avril seront encore plus difficiles que les 15 jours qui viennent de s'écouler" dans la crise du coronavirus en France, a-t-il mis en garde.
Edouard Philippe a défendu la stratégie du gouvernement face aux critiques qui montent sur son manque de réactivité face à l'épidémie. "Je ne laisserai personne dire qu'il y a eu du retard sur la prise de décision du confinement", a affirmé le chef du gouvernement.
Les autorités espèrent pouvoir voir "les premiers impacts" des mesures de confinement sur l'épidémie de Covid-19 "en fin de semaine prochaine", a indiqué le Dr Arnaud Fontanet, membre du Conseil scientifique installé par le gouvernement.
"Pour pouvoir estimer l'impact de ces mesures de confinement sur l'indicateur principal qui est le nombre de cas quotidiens d'admissions en réanimation, il va falloir attendre un peu... On ne pourra les voir et, on l'espère, qu'en fin de semaine prochaine", a-t-il insisté.
Olivier Véran, le ministre de la Santé a évoqué les ruptures d’approvisionnement des masques de protection, trop rares dans les maisons de retraites, chez les infirmiers de ville et même parfois dans les hôpitaux.
"Cette semaine, 36 millions de masques ont été déstockés", affirme le ministre qui ajoute que des commandes ont été passées tout azimuts, chez les fabricants français et étrangers.
La France a commandé "plus d'un milliard" de masques notamment à la Chine, a aussi annoncé M. Véran en précisant que les personnels soignants avaient besoin chaque semaine de 40 millions de masques.
"Un pont aérien étroit et intensif entre la France et la Chine a été mis en place de manière à faciliter les entrées des masques sur notre territoire", a-t-il ajouté en rappelant que la France a besoin de 40 millions de masques par semaine.
Or la France, a précisé le ministre, produit 8 millions de masques par semaine, selon les chiffres du gouvernement. "Nos réserves ne sont pas infinies".
Le Premier ministre Edouard Philippe a jugé "envisageable" la réquisition des moyens de production de masques, médicaments et autres matériels pour lutter contre le coronavirus, tout en soulignant qu'elle ne constituait pas une "baguette magique" et était à utiliser "avec prudence". "Aucun système sanitaire n'a été pensé pour faire face à une telle vague", assure Olivier Véran.
Aux commandes de masques s'ajoute l'annonce de lits supplémentaires en réanimation. La France disposait d'une capacité de 5000 lits. "Nous voulons monter à 14 à 14 500", indique le ministre de la Santé. Pour cela, des commandes de respirateurs ont été passées.
La disponibilité des tests, de 12 000 tests par jour aujourd'hui, devrait passer à 20 000 dans une semaine, et "50.000 tests" classiques par jour d'ici fin avril, auxquels s'ajouteront "plus de 100.000" tests rapides par jour "au mois de juin". Cinq millions de tests rapides ont été commandés.
Dans un contexte de crise sanitaire mondiale, beaucoup d'attentes reposent sur la capacité des industriels à répondre à ces demandes massives et urgentes. Se pose aussi la question de l'acheminement de ces produits alors que le secteur des transports est très perturbé.
Le ministre de la Santé, Olivier Véran, a annoncé qu'il allait demander "aux établissements de type Ehpad [Établissements d'hébergement pour personnes âgées dépendantes] d'aller vers un isolement individuel" pour chacun de leurs pensionnaires. Le but ? "Aller plus loin" dans la protection des personnes âgées contre le coronavirus.
Olivier Véran va aussi demander de "tester en priorité pour le virus le personnel qui travaille au sein des Ehpad".
Les personnes âgées hébergées en Ehpad "sont fragiles, déjà malades, les plus en danger face à la maladie virale, et notamment au coronavirus", a souligné le ministre. Il y a en France "plus de 700.000 personnes âgées en perte d'autonomie" hébergées dans "plus de 7.000" Ehpad, a-t-il précisé.
"Le manque de moyens se fait ressentir avec une acuité particulière dans les structures qui accueillent les personnes âgées et dépendantes", a souligné samedi l'Académie de médecine dans un communiqué.
La situation dans les Ehpad est source d'inquiétudes, puisque les personnes âgées sont parmi les plus à risque. Le coronavirus peut aussi frapper les jeunes, comme l'a rappelé cette semaine la mort d'une adolescente de 16 ans.
A propos des traitements, le ministre a rappelé que la France et les pays voisins ont "initié un certain nombre d'études cliniques, de protocoles de recherche pratiques sur malades dans les hôpitaux pour tester plusieurs molécules thérapeutiques porteuses d'espoir, notamment l'hydroxychloroquine, mais également des molécules antivirales qui sont connues pour être efficaces dans d'autres types de maladies infectieuses".
Mais, a-t-il fait remarquer, "aucune n’a fait preuve de son efficacité en France et dans le monde. Je le déplore mais c’est là, hélas, un fait".
"Treize projets d’essais cliniques sont en cours, une dizaine obtiendront un agrément très rapide", a-t-il dit.
La France a adopté une position prudente : l'hydroxychloroquine est autorisée à l'hôpital uniquement, et seulement pour les cas graves.
"J'appuie toutes mes décisions sur les recommandations des sociétés savantes: elles ont été sept à dire que les données cliniques et biologiques dont nous disposions étaient bien trop insuffisantes pour prendre le risque de prescrire le traitement (autrement) que dans ces conditions", a souligné samedi le ministre de la Santé Olivier Véran.
Face aux critiques en provenance de l'opposition et d'une partie du corps médical, le Premier ministre a lancé : "Le moment venu, nous tirerons ensemble les leçons de la crise. Je ne suis pas de ceux qui se défaussent face à leurs responsabilités. Certains pensent savoir parfaitement ce qu'il faudrait faire et n'hésitent pas à formuler des critiques a posteriori. Je leur laisse ce luxe".
Soulager les hôpitaux des régions les plus frappées par le coronavirus : c'est tout l'enjeu des transferts de malades qui s'accélèrent ce week-end depuis le Grand Est et, dans une moindre mesure, l'Île-de-France.
Une première évacuation effectuée par un hélicoptère militaire a eu lieu samedi 28 mars, depuis Metz, afin de transporter deux malades vers l'hôpital d'Essen, en Allemagne.
Quarante malades du coronavirus qui étaient hospitalisés dans les services de réanimation d'hôpitaux de Bourgogne-Franche-Comté sont en cours de transfert vers ceux de trois départements de la région Rhône-Alpes-Auvergne, a indiqué samedi l'Agence régionale de santé (ARS) de cette région dans un communiqué.
Ces transferts ont lieu dans le cadre de l'opération Résilience, lancée par Emmanuel Macron.
Une situation qui contraste avec celle de l'Ile-de-France, de plus en plus tendue: sur 1.500 places dans les services de réanimation de la région parisienne, 1.300 lits sont actuellement occupés.