Fil d'Ariane
Convoquée désormais chaque lundi, la cellule de crise Covid-19, qui se réunit en préfecture, autour d'élus guyanais, de la directrice générale de l'Agence régionale de santé et du préfet, a décidé d'un renforcement des mesures de sécurité et de contrôles et d'un durcissement du respect du couvre-feu.
En revanche, un retour au confinement n'est pas d'actualité. "Je ne pense pas qu'il faille reconfiner la population. Ce serait un désastre pour la Guyane, sur le plan économique, sur le plan social, sur le plan sociétal", souligne le député Gabriel Serville, devant les caméras de Guyane 1ère. Et d'ajouter : "Il faut qu'on apprenne à vivre avec le virus, mais en se disant que le fait d'avoir déconfiné n'est pas la fin de la circulation du coronavirus".
Dans ce territoire guyanais de 300.000 habitants, 25 nouveaux cas ont été enregistrés ce lundi au point Covid-19.
Les nouveaux cas de coronavirus sont aujourd'hui répartis dans de nombreuses communes de Guyane : à Saint-Georges (nord-est) où les tests généralisés se poursuivent auprès des habitants de l'Oyapock. Des cas aussi à Camopi (sud-est) ou des tests sont aussi réalisés.
De nouveaux cas sont aussi signalés le long du littoral nord à Kourou, Cayenne, à Macouria ou un peu plus à l'intérieur des terres à Rémire-Montjoly, et à Matoury.
Les autorités déclarent être face à une dangereuse progression du virus et appellent la population à maintenir les gestes barrières. C'est particulièrement le cas dans les communes qui longent le fleuve Oyapock. Un plan d'eau de plus de 350 km qui marque la frontière en Guyane entre le Brésil et la France.
Les autorités sanitaires ne cachent pas leurs inquiétudes. "On commence à être vraiment inquiets" dit Clara de Bort, la directrice générale de l’Agence régionale de santé (ARS). Interrogée par France-Guyane (le quotidien local), Mme de Bort ajoute : "On n’a jamais eu autant de nouveaux cas chaque jour et même sur une semaine complète".
De son côté, le docteur Mirdad Kazanji, le directeur de l'Institut Pasteur de Cayenne, souligne : "On se dirige de plus en plus vers le stade 3 de l'épidémie". C'est son établissement qui effectue la majorité des tests de dépistage en Guyane.
Vingt-sept cas supplémentaires ont été enregistrés dans la commune de Saint-Georges de l'Oyapock, l'un des lieux situés à la frontière avec le Brésil, le pays le plus touché en Amérique du Sud par la pandémie. Au total, 119 cas, au moins, sont confirmés dans cette commune de 4.220 habitants, soit plus de 2,8% de sa population.
Entre mercredi soir et dimanche soir, 22 cas ont été diagnostiqués à Camopi, une commune amérindienne du Parc amazonien de Guyane, isolée à la frontière fluviale du Brésil, sans axe routier vers le littoral et en proie aux affres de l'orpaillage illégal.
• Lire aussi : Coronavirus à Mayotte : un déconfinement de fait, malgré une épidémie en phase ascendanteLes trois premiers cas positifs dans cette commune étaient un légionnaire du 3ème REI (régiment étranger d'infanterie) et deux piroguiers amérindiens travaillant pour la Légion.
L'armée, sollicitée, n'a pas donné de détails concernant ces cas supplémentaires.
Interrogé par l'AFP, le préfet de Guyane Marc Del Grande a prévenu :"La circulation du virus au Brésil doit inciter 100% de la population à respecter les gestes barrières, la distanciation et le port du masque".
Dans les quartiers défavorisés et populaires, le port du masque est rare. Ces deux dernières semaines, environ 25 cas ont été détectés à Kourou, près de 30 en 18 jours sur l'île de Cayenne.
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Comme à Mayotte, département d'Outre-mer toujours en confinement, la Guyane souffre aussi de la propagation de la dengue. Déjà constatée dans les régions de Kourou (nord) et du Maroni (nord-ouest à la frontière avec le Surinam), l'épidémie gagne notamment l'île de Cayenne, la zone qui englobe Cayenne, le chef-lieu du département, mais aussi Remire-Montjoly et Matoury.
En définitive, l’épidémie de dengue s’étend désormais à la quasi-totalité du territoire : 450 nouveaux cas ont été enregistrés en près d'un mois. Au total, 37 malades ont dû être hospitalisés depuis janvier, dont quatre cas sévères. Aucun décès n’a, cependant, été enregistré.