Fil d'Ariane
Le Premier ministre Edouard Philippe a proposé un projet de décret aux présidents du gouvernement et du congrès de Nouvelle-Calédonie pour reporter d'un mois le référendum. Même si "les opérations de préparation du référendum ont été poursuivies" pendant la crise sanitaire, "un risque demeure sur l'encadrement des procédures de vote", explique Matignon, dans un communiqué de presse.
Fin mai, c’était le Front de libération nationale kanak et socialiste (FLNKS) qui avait officiellement demandé le report à fin octobre du deuxième référendum sur l’accession à la pleine souveraineté de la Nouvelle-Calédonie. Entre le confinement et le report du second tour des élections, les indépendantistes estiment que la campagne pour le référendum risque d’être écourtée. L’archipel, peu touché par le coronavirus, seulement 18 cas et aucun décès, a tout de même été confiné pendant près d’un mois, mettant à mal l’activité économique.
De plus, le délai jusqu’au 6 septembre serait trop court pour organiser la venue des quelques 250 magistrats chargés de surveiller le bon déroulement du vote, ainsi que celle d’une mission d’experts de l’ONU, et des journalistes. En effet, un isolement de quatorze jours à l'hôtel, suivis d’une semaine à domicile est actuellement de vigueur pour tout nouvel arrivant en Nouvelle-Calédonie.
Le premier référendum s’était tenu le 4 novembre 2018 et s’était conclu par la victoire du non à l’indépendance , avec 56,7% des voix. Le Premier ministre avait fixé la date du 6 septembre pour le deuxième référendum, soit moins de deux ans après celui ci, comme le prévoyait l’accord de Nouméa, qui organise la décolonisation progressive de l’archipel.
Signé en mai 1998, et ratifié par un référendum local en novembre de cette même année, l’accord de Nouméa est un texte fondateur pour l’accession à la pleine souveraineté de l’archipel. Il facilite entre autres la reconnaissance du “peuple kanak” et pose les bases d’une citoyenneté calédonienne.
Cet accord n’est pour autant pas le premier à accorder un statut particulier à cette collectivité française, qui se situe à près de 18 000 kilomètres de l’Hexagone. En 1988, déjà, les accords de Matignon établissent un nouveau statut à l’archipel qui institue une certaine autonomie à ses trois provinces. Un premier scrutin d’autodétermination est prévu en 1998, dix ans après.