Fil d'Ariane
À l'exception des marchandises, plus rien ne devrait passer entre le Canada et les États-Unis à partir de ce vendredi 20 mars minuit. La frontière terrestre de près de 9000 kilomètres devrait fermer dans la nuit de vendredi à samedi, indique le Premier ministre canandien Justin Trudeau. Décision prise d'un commun accord pour tenter d'endiguer l'épidémie de nouveau coronavirus. Le gouvernement canadien débloque également plus de 27 milliards de dollars pour venir en aide aux Canadiens et soutenir l’économie du pays.
Devant l’explosion des cas aux États-Unis, le Canada ne cachait pas son inquiétude de laisser entrer sur son territoire des Américains potentiellement porteurs du virus. Le premier ministre Justin Trudeau et sa vice-Première ministre, Chrystia Freeland, ont donc négocié une entente avec l’administration Trump pour fermer temporairement la frontière entre leurs deux pays à tout ce qui n’est pas essentiel. Une décision historique entre le Canada et les États-Unis qui partagent la plus grande frontière terrestre du monde.
Le transport des marchandises va donc se poursuivre - aliments, médicaments, pétrole et autres approvisionnements. Chaque jour, deux milliards de marchandises traversent cette frontière de part et d’autre.
En ce qui concerne les individus, chaque mois 1,7 millions d’Américains et 3,7 millions de Canadiens traversent cette frontière. Et près de 80% des voyages du Canada se font vers les États-Unis. C’est donc une mesure exceptionnelle qui vient d’être mise en place par les deux pays. Ainsi, le Canada n’accepte plus aucun ressortissant étranger sur son territoire à partir de maintenant, sauf pour le commerce.
Le Premier ministre Justin Trudeau a aussi annoncé le déblocage de 27 milliards de dollars pour venir en aide aux Canadiens touchés par cette crise sans précédent et pour soutenir l’économie canadienne.
► L’une des premières mesures mises en place est un programme d’allocation de soins d’urgence, qui va offrir jusqu’à 900 dollars toutes les deux semaines pendant quinze semaines aux gens malades, en quarantaine ou qui prennent soin d’un proche, qui n’ont accès ni à l’assurance-emploi ni à des congés maladie. Les premiers chèques devraient être envoyés début avril.
► La deuxième mesure est une enveloppe de 5 milliards de dollars qui va servir d’allocation de soutien d’urgence pendant 14 semaines.
Pour qui ? Les travailleurs qui perdent leurs emplois et les travailleurs autonomes sans contrats qui n’ont pas accès au chômage.
► La troisième mesure est un crédit d’impôt de taxe pour les plus défavorisés. Pour les familles, les allocations familiales vont aussi être bonifiées d’un montant de 300 dollars canadiens par enfant, somme aui devrait être versée en mai.
► Enfin, le gouvernement canadien va accorder des subventions aux PME pour les aider à payer leurs salariés durant cette crise. Le but : éviter qu’elles ne procèdent à des licenciements.
Les uns après les autres, les grands magasins ferment leurs portes, mais aussi les restaurants, bars et commerces sans aucun lien, de près ou de loin, à de l’approvisionnement.
► Les gouvernements du Québec et du Canada ont aussi reporté à la fin de l’été le paiement des impôts. Fin juillet pour le Québec et fin août pour le Canada. La date limite du paiement des impôts est le 30 avril.
"On annonce un plan pour aider les gens, on se concentre sur les besoins les plus pressants mais on adaptera notre réponse au fur et à mesure", a déclaré Justin Trudeau, toujours devant sa résidence où il est en isolement depuis le 13 mars. Sa femme, Sophie Grégoire-Trudeau, a été infectée par le virus du retour d’un séjour à Londres mais elle se porte bien dans les circonstances a précisé son mari.
"Pour assurer votre sécurité, on recommande à tout le monde de travailler de la maison, limiter nos contacts à l’extérieur et n’acheter que le strict nécessaire. On doit tous faire notre part pour protéger notre santé et celle de nos proches", a poursuivi le chef du gouvernement canadien.
Ces derniers jours, les Canadiens encore à l’étranger ont tenté par tous les moyens de rentrer au pays le plus vite possible. Mais ils sont encore des milliers à se retrouver coincés, un peu partout sur la planète. Les compagnies aériennes ont suspendu leurs vols ou réduit drastiquement leurs activités.
Le gouvernement canadien n’exclut pas d'affréter des avions pour aller chercher ces ressortissants qui n’ont pas pu prendre les derniers vols commerciaux. Une situation complexe pour tous ces Canadiens et leurs proches.
648 cas de covid-19 sont confirmés au Canada : l’Ontario est la province la plus touchée avec 221 cas mais aussi la Colombie-Britannique avec 186 cas, puis le Québec avec 94 cas.
Six des dix provinces canadiennes ont déclaré l’état d’urgence sanitaire.
Le Premier ministre du Québec François Legault a fait le bilan de l’épidémie dans la province lors de son point de presse quotidien : mercredi 18 mars, 94 cas étaient recensés, dont un premier décès, une personne âgée, et six hospitalisés – quatre en soins intensifs.
3 600 personnes attendent d’avoir les résultats du test au coronavirus. 5 200 ont obtenu des résultats négatifs. Les autorités veulent augmenter à 5 000 le nombre de tests à faire passer par jour. Comme l’a recommandé l’Organisation Mondiale de la Santé, la clé du succès dans la lutte contre la pandémie est de tester le plus de gens possibles.
François Legault assure que le système de santé québécois est prêt à subir la vague : 2300 lits sont maintenant disponibles pour les cas qui nécessiteront une hospitalisation au cours des prochains jours.
"On n’est pas encore en transmission active dans la communauté mais ça vient", a dit le Directeur de la santé publique Horacio Arruda. Il enjoint les Québécois à continuer la bataille et à ne pas s’inquiéter si le nombre de cas continue à augmenter au cours des prochains jours. Il faudra douze jours pour voir les résultats des efforts en cours sur la courbe de contagion.
Horacio Arruda est aussi revenu sur la nécessaire hygiène des mains, la meilleure solution pour éviter la contagion, versus porter un masque ou des gants qui peuvent être une arme à double tranchant. Si on ne les enlève pas convenablement, on peut se contaminer. "On se lave les mains parce que c’est ce qui peut sauver des vies", a-t-il martelé.
"Il ne faut pas baisser la garde : chaque geste compte, chaque geste peut sauver des vies, il faut en faire plus que moins, la bataille va être dure, la bataille va être longue et elle est loin d’être gagnée, mais ensemble on va la gagner", a conclu François Legault.