Fil d'Ariane
Le personnel médical se prépare à recevoir des patients atteints du coronavirus dans un centre d'accueil temporaire au stade Brewer de hockey. 13 mars 2020, Ottawa, Canada.
Le nombre de cas confirmés de personnes infectées par le virus ne cesse d’augmenter de jour en jour au Canada : près de 200 cas maintenant, dont la majorité dans la province de l’Ontario, et un seul mort pour l’instant, un octogénaire en Colombie-Britannique.
Clairement, le pays se prépare à la déferlante de contaminations au cours des prochaines semaines et prend les mesures nécessaires pour ne pas se retrouver dans la situation de l’Italie par exemple, dont le système de santé a été complètement dépassé par l’ampleur de la contamination.Le Premier ministre canadien Justin Trudeau vient lui-même de se placer en quarantaine car sa femme, Sophie Grégoire-Trudeau, est rentrée avec le virus d’un séjour de Londres. Justin Trudeau n’a pas passé de test car il n’a pas de symptômes pour l’instant.
Son épouse n’a pas été hospitalisée et se repose à la maison, ses symptômes sont faibles. « Nous pensons à toutes les familles d’un bout à l’autre du pays qui ont reçu le même diagnostic. Mais nous sommes entre de bonnes mains », a déclaré vendredi 13 mars devant sa résidence Justin Trudeau, en précisant qu’il pouvait continuer à gérer le pays depuis son domicile au cours des deux prochaines semaines.
Le Premier ministre canadien est en train de travailler avec son équipe et les Premiers ministres des provinces du pays pour élaborer une stratégie commune dans la lutte contre la pandémie.
Déjà plusieurs mesures ont été mises en place : les navires de croisière de plus de 500 personnes ne pourront faire escale au Canada jusqu’en juillet. Il est demandé aux Canadiens de ne pas effectuer de voyages jugés "non essentiels".
Des contrôles sanitaires plus poussés seront réalisés dans les aéroports canadiens où seront dirigés les vols arrivant de l’outre-mer. Tout Canadien revenant de l’étranger doit se placer en quarantaine sur une base volontaire, cette dernière sera obligatoire pour tout voyageur qui revient de Chine, d’Iran ou d’Italie. Et il faut annuler tout événement qui rassemblerait plus de 250 personnes.
Pour l’instant, le Canada ne ferme pas ses frontières mais l’option reste sur la table si jamais la situation s’aggrave.
Le gouvernement canadien a débloqué une somme d’un milliard de dollars pour soutenir l’économie canadienne qui va être malmenée par toute cette crise.
Les risques de récession mondiale sont pris très au sérieux, la Banque du Canada a déjà annoncé une baisse de son taux directeur (qui est maintenant de 0.75) pour soutenir l’économie.
Au Québec, le gouvernement de François Legault est très proactif dans la gestion de cette crise. Depuis jeudi, le Premier ministre fait des conférences de presse quotidiennes pour faire le point sur la situation. Les mesures prises sont drastiques : tout événement rassemblant plus de 250 personnes doit être annulé, et toute personne qui revient de l’étranger, quel que soit le pays de son séjour, doit se placer, sur une base volontaire, en confinement pendant les 14 jours réglementaires.
Ce confinement sera obligatoire pour les fonctionnaires de l’État québécois. Le gouvernement demande également aux citoyens québécois d’annuler tout voyage jugé "non essentiel".
Toutes les écoles, collèges, universités et crèches de la province vont être fermés pour les deux prochaines semaines à compter de lundi 16 mars (c’est aussi le cas en Ontario, dans la province voisine, où les écoles resteront fermées jusqu’à début avril).
Le Premier ministre a précisé qu’il n’y aurait aucun problème d’approvisionnement dans les épiceries québécoises au cours des prochaines semaines. Inutile donc de courir aux supermarchés faire des provisions comme si la Troisième Guerre mondiale avait commencé !
Jeudi soir, dans un supermarché montréalais, il y avait deux heures d’attente aux caisses, on a aussi vu des images absolument surréalistes dans les médias sociaux de gens qui couraient dans les allées d’un magasin pour faire des provisions astronomiques de rouleaux de papier toilette !
Le gouvernement québécois demande également au gouvernement canadien de restreindre l’arrivée d’étrangers au Canada.
« Je vous en demande beaucoup, a dit François Legault aux Québécois, mais on fait ça pour éviter que le pire arrive ».
Comme dans la majorité des pays aux prises avec l’épidémie, le monde des spectacles et des sports est frappé de plein fouet par cette crise. Au Québec, comme tout événement avec plus de 250 personnes est interdit, les spectacles de danse, théâtre et concerts s’annulent les uns après les autres. Certains musées aussi ferment leurs portes.
Les championnats du monde de patinage artistique, qui devaient se tenir la semaine du 16 mars à Montréal, ont été annulés. La Ligue nationale de Hockey, la LNH, sport national au Canada, a suspendu sa saison jusqu’à nouvel ordre, tout comme la NBA après qu’un joueur a été testé positif au virus. Une compétition internationale de ski de fond, qui devait se tenir à Québec, a été annulée.
Comme un peu partout sur la planète, le Canada se met donc en mode « quarantaine » et protection de sa population. L’objectif est de tenter de garder le contrôle de la pandémie pour éviter de se retrouver dans les situations dramatiques qu’ont connues la Chine, l’Iran, la Corée du Sud et l’Italie.
La vague de contamination va déferler sans aucun doute sur le Canada, mais avec un certain décalage par rapport au continent européen, ce qui permet aux Canadiens de prendre rapidement des mesures préventives qui devraient permettre de réduire l’impact de la pandémie ici.