Fil d'Ariane
Les ministres des Affaires européennes ont approuvé le 13 octobre une recommandation -qui n'est pas contraignante- mettant en place une cartographie commune pour définir les zones à risque au sein de l'UE mais laissant le choix des mesures restrictives à adopter (test et/ou quarantaine).
Le texte, sur lequel plusieurs Etats membres se sont abstenus, prévoit que le Centre européen de prévention et de contrôle des maladies (ECDC) publie chaque semaine une carte de la situation de l'ensemble des pays de l'Union au niveau régional, avec un code couleurs commun en fonction du niveau de risque d'une zone: vert, orange, rouge.
Ces zones sont définies en prenant en compte les critères du nombre de nouveaux cas de Covid-19 notifiés pour 100.000 habitants sur les 14 derniers jours et du taux de positivité des tests. Une quatrième couleur (gris) est prévue pour les zones dans lesquelles il n'existe pas de données suffisantes ou lorsque le nombre de tests menés pour 100.000 habitants est jugé trop faible.
La carte, en cours d'élaboration avec les données des Etats membres, doit être publiée jeudi, a indiqué un porte-parole de l'ECDC à l'AFP à Stockholm.
Selon la recommandation, contrairement à ceux qui viennent d'une zone verte, les voyageurs en provenance d'une zone orange, rouge ou grise peuvent se voir imposer à l'arrivée des mesures restrictives.
Les Etats membres ne doivent pas refuser l'entrée sur leur territoire de voyageurs venant d'un autre pays de l'UE - ce que fait actuellement la Hongrie tout en prévoyant certaines exceptions pour les citoyens tchèques, polonais et slovaques.
Les résultats des tests doivent être reconnus d'un Etat à l'autre, et les voyageurs exerçant un certain nombre de fonctions jugées essentielles doivent être dispensés de quarantaine.
Un pays prévoyant de mettre en place des mesures restrictives à l'encontre de voyageurs venant d'une zone à risque devra informer l'Etat membre concerné, si possible 48 heures avant leur entrée en vigueur. Le public devra également être averti 24 heures à l'avance.
La mise en place d'un formulaire européen unique à remplir par les voyageurs est par ailleurs prévue.
La Commission européenne, qui avait soumis une proposition préconisant de privilégier les tests aux quarantaines, a salué dans cet accord "un signal fort" qui "permettra de mettre de l'ordre dans une situation actuellement confuse".
Le secrétaire d'Etat français aux Affaires européennes Clément Beaune s'est réjoui d'"une avancée essentielle dans un domaine qui a été trop souvent laissé à des initiatives nationales isolées et non coopératives".
En revanche, le ministre des Affaires étrangères du Luxembourg Jean Asselborn, dont le pays s'est abstenu, a estimé que le texte devait être "complété et approfondi" en ajoutant d'autres critères. Il a jugé que son pays était "puni" pour sa politique de tests à grande échelle et regretté que le principe de libre circulation dans l'espace "Schengen soit l'exception en ce moment".
L'accord a été plus sévèrement critiqué encore par le secteur aérien, qui y voit un "échec" mettant en "danger des millions d'emplois".
L'Association Airlines for Europe (A4E), qui regroupe les principales compagnies européennes, l'Association internationale du transport aérien (Iata) et l'association des aéroports européens, ACI Europe, fustigent notamment le fait que les mesures de quarantaine ne soient pas abandonnées au profit des tests pour les voyageurs en provenance de zones à risque.
Le secteur, plongé dans la crise par la pandémie, se plaint depuis des mois des mesures en patchwork prises par les pays européens qui sapent la libre circulation dans l'Union.