Fil d'Ariane
L'Union européenne a appelé mercredi 13 mai ses membres à rouvrir leurs frontières intérieures pour faciliter le tourisme, en dépit de la poursuite de la pandémie de nouveau coronavirus qui refait des victimes dans plusieurs pays. L’Union, qui avait déjà dû se confronter à une fermeture des frontières dans le désordre, souhaite que les mêmes recommandations soient suivies par tous.
La Commission européenne veut inciter à une réouverture des frontières intérieures de l'UE de façon "concertée" et "non discriminatoire". Elle appelle l’industrie du tourisme à prendre toutes les précautions nécessaires pour éviter que les cas de Covid-19 repartent à la hausse.
"Cela ne va pas être un été normal... Mais si nous faisons tous des efforts, nous n'aurons pas à passer l'été bloqués à la maison ou l'été ne sera pas complètement perdu pour l'industrie touristique", a déclaré la vice-présidente exécutive de la Commission, Margrethe Vestager, lors d'une conférence de presse à Bruxelles.
Du gel hydroalcoolique devrait être mis à disposition des clients, partout où cela sera possible, préconise-t-elle. Les personnels devraient être protégés, à grand renfort de masques ou de parois en plexiglass. Dans les trains, les avions, sur la plage ou au restaurant, la distanciation sociale devrait être la règle. Et les clients devraient être informés des conditions dans lesquelles ils seront accueillis.
Le bilan du coronavirus est lourd pour l’Europe, qui compte 160.455 morts (pour 1.798.209 cas), sur les 292.720 dans le monde.
L’exécutif européen est donc prudent. Il avait déjà dû se confronter à une fermeture des frontières dans le désordre, et il souhaite que les mêmes recommandations soient suivies par tous. Il préconise que cette ouverture soit faite progressivement, entre pays présentant le même profil épidémiologique, ayant adopté des mesures préventives similaires (confinement, distanciation sociale…) et de manière proportionnée.
La Grèce a déjà commencé à appliquer ces mesures comment on peut le voir à l'île de Santorin haut lieu touristique :
Le Commissaire européen aux Affaires économiques, l'Italien Paolo Gentiloni, s'est voulu rassurant comme Mme Vestager. "Nous aurons une saison touristique cet été, même si ce sera avec des mesures de sécurité et des restrictions qui n'existaient pas l'an passé", a-t-il promis dans un entretien mercredi 13 mai à six journaux européens.
Car la Commission européenne cherche également à empêcher un naufrage du secteur touristique, crucial pour l'économie de l'UE puisqu'il représente 10% de son PIB et 12% des emplois, bien plus encore dans certains pays du sud de l'Europe, comme l'Italie et l'Espagne.
Dans ses recommandations, la Commission aborde aussi l'épineuse question du remboursement des voyages et séjours annulés à cause de la crise.
Selon la réglementation de l'UE, le consommateur européen est en droit de réclamer un remboursement, mais nombre d'opérateurs et de compagnies aériennes préfèrent proposer un avoir à leurs clients.
La Commission rappelle ce droit fondamental et incite les transporteurs et voyagistes à offrir des bons d'achat attrayants. Fin avril, douze pays européens, dont la France, avaient demandé à Bruxelles de suspendre cette obligation faite aux compagnies aériennes de rembourser les passagers.
Mercredi, l'Allemagne a déjà annoncé viser une levée à la mi-juin des restrictions de circulation mises en place à ses frontières, ajoutant que ses voisins français, autrichien et suisse avaient le même objectif. Ses frontières avec le Luxembourg seront complètement ouvertes dès samedi.
L'Autriche a annoncé le rétablissement à partir du 15 juin de la libre circulation à sa frontière commune avec l'Allemagne, fermée depuis mi-mars.
La Bundesliga, le championnat allemand de football, va reprendre samedi 16 mai.
La France et l'Espagne ont de leur côté encore assoupli les mesures de confinement de leurs populations, éprouvées par des semaines d'isolement.
Une partie des écoliers français a pris ou s'apprête à reprendre le chemin des salles de classe, et des plages du littoral pourraient rouvrir dès ce week-end pour des promenades ou du sport.
En Espagne, ils étaient nombreux à éprouver la joie de retourner dans des bars, avec des mesures d'hygiène strictes.
Les autorités espagnoles ont décidé mardi 12 mai que les personnes arrivant en Espagne depuis l'étranger seraient soumises à une quarantaine de 14 jours.
A l'attention des futurs vacanciers, l'exécutif européen voudrait mettre en place d'ici l'été un site Internet avec des informations en temps réel sur la situation aux frontières mais aussi dans chacune des régions touristiques.
Pour certains pays du sud de l'Europe, le tourisme représente une part importante de leur PIB : l'Italie 13%, l'Espagne 14%, les deux pays les plus endeuillés par le coronavirus en Europe, la Grèce 18%, le Portugal 10%, il s'agit de limiter les dégâts au maximum, pour ne pas parler de la Croatie dont le tourisme représente 20% du PIB.
Ces Etats sont très dépendants du secteur touristique et si les estivants restaient loin de leurs rivages, leur situation économique pourrait encore s’aggraver.