Fil d'Ariane
Si l'espoir d'un vaccin se profile, la pandémie de Covid-19 continue sa progression à travers le monde. Avec près de 661 000 nouveaux cas de contaminations dans le monde, l'Organisation mondiale de la santé a enregistré un record absolu pour la journée du samedi 14 novembre. A ce jour, de nombreux laboratoires s'activent afin de trouver enfin un vaccin capable de lutter contre le coronavirus. Alors de qui viendra ce vaccin tant espéré ? Où en sont les essais ? La société américaine Moderna vient d'annoncer que son vaccin était efficace à près de 95%.
Des Etats-Unis, en passant par l'Europe et la Russie, la course internationale au vaccin contre le Covid-19 se poursuit. Plusieurs laboratoires se livrent une concurrence féroce, même si pour le directeur général de l'Organisation mondiale de la santé, un vaccin ne suffira pas à lui tout seul à vaincre la pandémie de Covid-19.
En France, le gouvernement "se met dans les starting-blocks pour être prêt à distribuer un vaccin contre le Covid-19" dès janvier s'il est validé, a assuré ce mardi son porte-parole Gabriel Attalet. 1,5 milliard d'euros a été budgété dans ce cadre pour 2021, ajoute-t-il.
En Belgique, le gouvernement a annoncé son intention de traiter au moins 70% de la population du pays, soit 8 millions de personnes, avec les futurs vaccins et de garantir leur gratuité "pour chaque citoyen".
Dans la course lancée contre le Covid-19, le groupe pharmaceutique français Sanofi est un peu en retard par rapport à ses concurrents, mais son vaccin promis dès le mois de juin 2021 aurait un gros avantage : il serait bien plus facile à stocker, selon son président. "Notre vaccin sera comme le vaccin grippe, vous pourrez le mettre dans votre réfrigérateur " a déclaré Olivier Bogillot, président de Sanofi France sur la chaîne CNews."On n'aura pas cet écueil-là, ça va être un avantage pour certains pays".
Les résultats des essais de phase 2 sur plusieurs centaines de malades devraient être rendus publics début décembre. Si ces résultats s'avèrent concluants, le laboratoire français va lancer les essais de phase 3 sur plusieurs dizaines de milliers de patients. Les résultats de la phase 3 devraient ensuite être publiés au mois de mai. Sanofi ne sait pas encore s'il faudra une ou deux doses pour que le vaccin soit efficace.
"L’objectif est d'arriver à la fin 2021 avec un milliard de doses. En 2022 on peut même augmenter la production pour aller au-delà de ce chiffre", a souligné le président de Sanofi France.
Il existe actuellement plus de trois douzaines d'autres vaccins Covid-19 en développement, dont onze ont fait l'objet d'essais de phase 3, dernière étape avant l'homologation.
Le 9 novembre dernier, l'Américain Pfizer et l'Allemand BioNTech ont annoncé les derniers résultats concernant l'efficacité de leur vaccin contre le coronavirus. Selon eux, leur vaccin est efficace à 90%, après l'avoir testé sur sur plus de 40.000 personnes. Leur objectif : en fournir 300 millions de doses d'ici avril 2021.
Juste après cette annonce, la Russie a également communiqué sur son vaccin : Spoutnik V, lui aussi destiné à combattre le coronavirus aurait une efficacité de 92% selon le créateur du vaccin. Le ministre russe de la Santé, Mikhail Murasko a déclaré : "L'utilisation du vaccin et les résultats des essais cliniques démontrent qu'il s'agit d'une solution efficace pour arrêter la propagation de l'infection au coronavirus, un outil de soins de santé préventif, et c'est la voie le plus fructueuse pour vaincre la pandémie."
L'autorité sanitaire du Brésil a suspendu les essais cliniques d'un vaccin expérimental chinois contre le coronavirus après "un incident grave" constaté chez un volontaire le 29 octobre, mais le laboratoire chinois s'est dit mardi confiant dans la sûreté de son produit. Aucun détail sur ce qui s'est passé n'a été communiqué.
Ce coup d'arrêt pour le vaccin CoronaVac, du laboratoire Sinovac, est survenu le jour même où le géant pharmaceutique américain Pfizer a annoncé que son vaccin contre le coronavirus avait atteint une efficacité de 90%.
(RE)voir : Un vaccin contre la Covid-19 : il faut rester prudent :
Ces résultats préliminaires proviennent de son essai clinique de phase 3, comprenant plus de 30 000 personnes et réalisé aux Etats-Unis.
Selon Moderna, environ 9 à 10% des personnes vaccinées ont eu des effets secondaires après la seconde dose tels que fatigue, courbatures, ou rougeur autour du point d'injection.
Moderna prévoit de demander une autorisation de mise sur le marché dans les prochaines semaines aux Etats-Unis, où la production a déjà commencé.
Moderna a aussi signé des contrats avec le Canada, la Suisse, le Japon, Israël et le Qatar et est en négociation avec l'Union européenne et le Royaume-Uni.
Elle prévoit de produire 20 millions de doses cette année, et entre 500 millions et un milliard en 2021, grâce à des sites de production et des partenaires industriels aux Etats-Unis, en Suisse et en Espagne.
Le patron de Moderna, Stéphane Bancel, a prévenu mardi les Européens que le prolongement des négociations pour acheter des doses de vaccin risquait de ralentir les livraisons, d'autres pays étant prioritaires car ils ont signé depuis des mois.
"Avoir pris du retard, assure-t-il dans un entretien à l'Agence France-Presse, "ne va pas limiter la quantité totale" mais "ralentir la livraison". A l'inverse, "on a déjà plusieurs millions de doses déjà en magasin" aux Etats-Unis, indique le PDG. Ce pays a réservé 100 millions de doses depuis début août.
La technologie de "l'ARN messager" des vaccins développés contre le Covid-19 par Pfizer, BioNTech et Moderna est récente et n'avait encore jamais fait ses preuves.
Tous les vaccins ont le même but : entraîner notre système immunitaire à reconnaître le coronavirus, lui faire monter ses défenses de façon préventive, afin de neutraliser le vrai virus s'il venait à nous infecter.
Les vaccins conventionnels peuvent être faits de virus inactivés (polio, grippe), atténués (rougeole, fièvre jaune), ou tout simplement de protéines appelées antigènes (hépatite B).
Mais dans le cas de Pfizer et de son partenaire allemand BioNTech, ainsi que de Moderna, on injecte dans l'organisme des brins d'instructions génétiques appelées ARN messager, c'est-à-dire la molécule qui dit à nos cellules ce qu'il faut fabriquer.
Toute cellule est une mini-usine de protéines, selon les instructions génétiques contenues dans l'ADN de son noyau.
L'avantage est qu'avec cette méthode, il est inutile de cultiver un pathogène en laboratoire, c'est l'organisme qui fait le travail. C'est pour cette raison que ces vaccins sont plus rapides à mettre au point. Pas besoin de cellules ou d'oeufs de poules (comme pour le vaccin contre la grippe A (H1N1) pour générer ce vaccin, contrairement aux vaccins contre la grippe.
Son inconvénient : le vaccin, enveloppé d'une capsule protectrice de lipide, doit être stocké à très basse température, car l'ARN est fragile. Celui de Pfizer nécessite -70°C, une température bien plus basse que les congélateurs standards, et qui a forcé le groupe à développer des containers spécifiques, remplis de glace sèche, pour expédier les doses. Celui de Moderna est conservé à -20°C, ce qui nécessitera le maintien de la chaîne du froid de l'usine jusqu'aux pharmacies.