Coronavirus SARS-CoV-2 : origine, transmission, recherche... que sait-on ?

A ce jour, on connaît encore peu de choses sur le nouveau coronavirus responsable de dizaines de milliers de morts sur la planète. Très contagieux, le SARS-CoV-2, comme il a été baptisé, délivre peu à peu ses secrets. D'où vient-il ? Comment a-t-il été transmis à l'homme ? Où en est la recherche d'un traitement ? Voici les dernières données en la matière.
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Modelisation coronavirus
Modélisation en 3D du coronavirus SARS-CoV-2
 
​© Wikipedia
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Qu'est-ce qu'un coronavirus ?

Le "coronavirus" tire son nom de l’apparence que lui confère la couronne ("corona": couronne en latin) entourant son enveloppe et observable uniquement au microscope. Selon l'Organisation mondiale de la santé (OMS), "les coronavirus forment une vaste famille de virus qui peuvent être pathogènes chez l’homme et chez l’animal. On sait que, chez l’être humain, plusieurs coronavirus peuvent entraîner des infections respiratoires dont les manifestations vont du simple rhume à des maladies plus graves".

Jusqu'à peu, explique l'Institut national de la santé et de la recherche médicale (Inserm), "les coronavirus n'étaient vus comme un problème que pour les personnes immunodéprimées et les nourrissons, susceptibles de développer des complications respiratoires de type pneumonie en cas d'infection. Pour les autres, au pire des cas, c'était paracétamol et mouchoirs !". Tout a changé en 2002 avec l'apparition, en Chine, du SARS-CoV.
 


Pourquoi SARS-CoV-2 et COVID-19 ?

MERS, SARS, COVID-19... Autant de noms pour désigner les virus et les maladies à coronavirus apparues ces dernières années. "SARS-CoV" est l'abréviation de Syndrome Respiratoire Aigu Sévère, "CoV" voulant dire coronavirus. Le premier date de 2002-2003, le deuxième de 2019. Il a donc été baptisé : "SARS-CoV-2".

Quant au COVID-19, il s'agit d'une abréviation : "CO" pour corona, "VI" pour virus, "D" pour "disease" (maladie en anglais) et 19 pour l’année de son apparition, soit 2019. SARS désigne donc le virus et Covid la maladie provoquée par ce virus.
Enfin le MERS-CoV, virus respiratoire apparu en Arabie saoudite en 2012, signifie Coronavirus du Syndrome Respiratoire du Moyen-Orient.
 


D'où vient ce nouveau coronavirus ?

De l'avis des experts, le nouveau coronavirus a fait son apparition en décembre 2019 dans un marché de la ville de Wuhan, en Chine, où étaient vendus des animaux exotiques vivants. Le virus, d'origine animale, y aurait muté en se transmettant à l'homme. On appelle cela une zoonose, une maladie transmise par les bêtes. Mais, insiste l'OMS, "à ce stade, il est impossible de déterminer avec précision comment ces personnes ont initialement été infectées par le SARS-CoV-2".

  
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Comment a-t-il été transmis à l'homme ?

Si on ne sait pas encore comment l'homme a été infecté, un vecteur commun a sans doute été identifié. Comme dans les cas du SARS-CoV ou d'Ebola : la chauve-souris pourrait bien en être à l'origine. C'est par cet animal qu'ont transité les virus responsables des grandes pandémies de ces vingt dernières années. Une origine commune expliquée dans une étude scientifique de l'Université de Berkeley en Californie, publiée dans la revue eLife.

Mais la chauve-souris n'est qu'un animal dit "réservoir". Afin que ces virus infectent l'homme, ils doivent nécessairement passer par un animal hôte intermédiaire. Ainsi, le SARS-CoV de 2002 est associé aux civettes tandis que le MERS-CoV de 2012 est transmis par les dromadaires. "Cet hôte intermédiaire sert tout simplement au virus d'évoluer afin qu'il affecte les cellules humaines. Les changements d'hôte leur permettent d'évoluer autrement et de s'adapter", nous explique Alexandre Hassanin, Maître de conférences à l'université la Sorbonne et chercheur à l'Institut de SYstématique, Évolution, Biodiversité (ISYEB).

Dans le cas du nouveau coronavirus, les chercheurs suspectent le rôle qu'aurait pu jouer malgré lui le pangolin. Cet animal pacifique qui vit dans les forêts tropicales d'Asie et d'Afrique est très apprécié pour sa chair et victime d'un braconnage intensif. Mais, rappelle l'OMS, "les sources animales éventuelles du COVID-19 n’ont pas encore été confirmées​".
 
Pangolin
Il existe huit espèces de pangolin. Ils vivent dans les forêts tropicales d'Asie et d'Afrique. Le pangolin est l’une des espèces les plus braconnées dans le monde. Son commerce est strictement interdit.
©AP Photo/Themba Hadebe


Comment le virus est-il passé d'un animal à l'autre ?

Or, dans la nature une chauve-souris a très peu de chances d'être au contact prolongé d'un pangolin - qui est un animal solitaire - ou de tout autre mammifère consommé par l'homme. Pour Alexandre Hassanin, chercheur au Muséum national d'Histoire naturelle, "c’est forcément lié au trafic illégal d’animaux vivants car si on met en contact des animaux qui dans la nature ne le sont pas, ils échangent leurs maladies. Et on laisse potentiellement les virus évoluer de façon atypique." C'est pourquoi dans le cas du SARS-CoV-2 "tout porte à croire que l'origine soit le marché de Wuhan", rappelle-t-il. "Dans un marché, dans les véhicules qui transportent les animaux braconnés, les différentes espèces s’échangent librement des maladies". 
 

Le SARS-Cov2 : un virus mutant ?

Avec ce nouveau coronavirus, on en apprend tous les jours. Pour le professeur Jean-François Delfraissy, président du Conseil scientifique sur le Covid-19, entendu mercredi 15 avril par la commission des lois du Sénat français, "ce virus est une vacherie. C'est un virus qui, contrairement à ce qu'on dit, a des petites mutations quasi permanentes et elles sont extrêmement fréquentes. Mais il n'y a pas de mutation majeure. C'est plutôt un point positif pour la recherche d'un médicament et un vaccin", dit-il.


Les coronavirus sont des virus complexes qui ont la particularité de "muter beaucoup", confirme Frédéric Tangy, spécialiste des vaccins à l'Institut Pasteur. Ceci rend plus ardue la mise au point d'un vaccin ciblé, explique-t-il à l'Agence France-Presse.

Alors, concrètement, que sait-on sur ce virus ? En quelques semaines la science a progressé "à la vitesse de l'éclair", a rappelé Florence Ader, infectiologue au centre hospitalier universitaire de Lyon, lors du point presse du Premier ministre français, Edouard Philippe, le 19 avril. "On connaît la structure du virus, ce qui lui permet de s'attaquer aux cellules et c'est très important car c'est sa porte d'entrée" dans le corps humain, explique celle qui est chargée de piloter le projet "Discovery" en France,  un essai clinique européen coordonné en France par l'Inserm. "Ça nous a pris quatre mois pour apprendre tout ce que l’on sait", a-t-elle souligné, en comparant notamment avec la recherche sur le VIH-Sida, qui a pris plusieurs années.


Où en est la recherche d'un traitement ?

L'essai clinique "Discovery" a été lancé le 22 mars. Il est destiné à évaluer parallèlement quatre traitements expérimentaux contre le Covid-19. Un essai qui inclut "au moins 800 patients français atteints de formes sévères du Covid-19", précise l'Inserm.

"Discovery" est mené dans plusieurs autres pays européens en plus de la France. La Belgique, le Luxembourg, l'Allemagne ou l'Espagne y participent également. "La grande force de cet essai est son caractère "adaptatif". Cela signifie que très rapidement les traitements expérimentaux inefficaces pourront être abandonnés et remplacés par d’autres molécules qui émergeront de la recherche. Nous pourrons donc réagir en temps réel, en cohérence avec les données scientifiques les plus récentes, afin de mettre en évidence le meilleur traitement pour nos malades », explique Florence Ader.

Au total, plus de 30 études et essais visant à développer des traitements contre le Covid-19 ont été lancés en France, sur un total de 860 dans le monde, comme l'a souligné l'infectiologue lors de la conférence de presse du 19 avril. 

Par ailleurs, selon elle, on compte dans le monde 150 projets visant à développer un vaccin contre le coronavirus, dont un en France, mené par l'Institut Pasteur et "dont les essais chez l'homme vont commencer d'ici cet été".
L'Institut Pasteur, qui a séquencé le virus, s'est lancé dans la recherche des anticorps capables de neutraliser le SARS-CoV-2. Frédéric Tangy estime d'ailleurs qu'un vaccin pourrait arriver "à la fin de l'automne ou au début de l'hiver".

Pourquoi les vaccins sont-ils l'enjeu central de la lutte anti-coronavirus?
"La mise au point et la distribution d'un vaccin sûr et efficace va être nécessaire pour interrompre totalement la transmission", a estimé le directeur général de l'OMS, Tedros Adhanom Ghebreyesus, lundi 13 avril. Les scientifiques espèrent pouvoir y parvenir à l'horizon 2021-2022. En attendant, il va falloir adapter notre quotidien et trouver des alternatives aux mesures de confinement et de distanciations sociales coûteuses et difficiles à faire respecter sur la durée.