Fil d'Ariane
La sentence est tombée. Coupable. Le commandant Francesco Schettino surnommé le "capitaine couard" par la presse, a été condamné à 16 ans et un mois de prison par un tribunal italien ce mercredi 11 février.
Il a été reconnu coupable d'homicides et du naufrage du navire Costa Condordia, par les juges du tribunal de Grosseto (Toscane) où son procès en première instance s'est ouvert en juillet 2013. Mais l'ex-commandant a été laissé en liberté, le parquet ayant considéré qu'il ne risquait pas de prendre la fuite.
"J'ai vécu trois ans dans un hachoir médiatique dont la violence, si elle n'est pas endurée, est difficile à comprendre", a déclaré l'ancien commandant avant de fondre en larmes devant le tribunal. Plus tôt dans la journée de mercredi 11 février, il avait dénoncé la machination dont il estimait avoir été victime dès les premières heures du drame. Francesco Schettino avait déserté la passerelle de son paquebot naufragé.
Le Concordia, qui naviguait trop près de la côte de l'île de Giglio, a heurté un rocher dans la nuit du 14 janvier 2012. Trente-deux personnes sont mortes. Son épave en partie immergée a ensuite été renflouée et transportée en juillet 2014 au port de Gênes pour y être démantelée.
Les avocats de Francesco Schettino avaient plaidé l'acquittement, jugeant que ce naufrage était un accident pouvant arriver à n'importe quel marin.
Unique accusé dans ce procès, l'ex-commandant du Concordia estime que sa "tête a été offerte" pour "préserver des intérêts économiques" et que les "médias, pas tous, sont tombés dans le piège" en donnant une "image de ma personne ne correspondant pas à la réalité".
Le réquisitoire du parquet avait été particulièrement sévère à l'encontre de l'ex-commandant, qualifié d"'idiot" par l'un d'entre eux, Stefano Pizza. Une "offense" à l'égard d'un marin d'expérience qui a pris les décisions qu'il fallait, avait rétorqué en début de semaine Maître Domenico Pepe, un des avocats de l'accusé.
Ce dernier avait en particulier réfuté l'idée que l'ex-commandant ait ordonné trop tard l'évacuation du navire, assurant qu'il avait au contraire agi en marin d'expérience parce qu'il avait compris que le vent et les courants portaient le navire à la côte, où l'évacuation serait plus rapide et plus sûre.
"Schettino a eu 45 minutes pour décider de la vie de 4 500 personnes" et sa décision a permis d'en sauver la très grande majorité, avait assuré l'avocat.
L'accusation estime pour sa part que l'ordre d'évacuer a été donné bien trop tard et que l'opération s'est ensuite faite dans l'improvisation.
Lors d'un interrogatoire serré début décembre 2014, M. Schettino avait minimisé sa responsabilité, s'efforçant d'apparaître comme un commandant mal informé par son équipage. Celui-ci "faisait peine à voir du point de vue de son professionnalisme", a ainsi répété lundi 9 février son avocat, reprenant une des principales lignes de sa défense.
Mais c'est surtout sa décision de quitter le navire, alors que des centaines de passagers s'y trouvaient encore, qui a particulièrement choqué en Italie et au-delà. Lui a assuré avoir chuté dans une chaloupe sous l'effet de la gravité, au moment où le paquebot, échoué sur les rochers, s'inclinait soudainement.
L'avocat de l'ex-commandant, qui avait réclamé l'acquittement de son client, n'a pas indiqué dans l'immédiat si Francesco Schettino comptait faire appel.