Fil d'Ariane
La Belgique, troisième du Mondial-2018 et éliminée dès le premier tour au Qatar, a assisté contre la Croatie (0-0) au stade Ahmad-bin-Ali aux funérailles de sa génération dorée.
De tristes adieux pour des joueurs qui auront porté le football belge au plus haut depuis 2016 et pour leur sélectionneur, l'Espagnol Roberto Martinez, qui a annoncé dans la foulée qu'il quittait son poste après six années passées à la tête des Diables Rouges.
Incapables de se qualifier pour les 1/8 de finale après des matches ratés face au Canada (malgré une victoire flatteuse 1-0), au Maroc (0-2) et donc la Croatie (0-0), les Belges quittent Doha pour ce qui est l'une des plus grosses déceptions de ce rendez-vous.
L'équipe qui avait occupé la première place du classement Fifa durant plus de trois ans, de 2019 jusqu'au printemps dernier, était, il est vrai, arrivée au Qatar pleine de doutes.
Romelu Lukaku, son attaquant vedette et meilleur buteur de l'histoire de la sélection (68 buts), se remettait d'une blessure à une cuisse et, face aux Croates, il aura manqué trois énormes occasions, qui auraient pu qualifier son équipe.
Eden Hazard, le plus souvent coincé sur le banc du Real Madrid ces trois dernières saisons, a manqué du rythme qui avait fait de lui, voici quatre ans, le symbole virevoltant de la Belgique spectaculaire et dominatrice du Brésil en quart de finale du Mondial-2018.
La défense, qui avait déjà souffert des départs à la retraite de Vincent Kompany et Thomas Vermaelen, a été critiquée pour sa lenteur, parfois à juste titre. Mais les trentenaires Jan Vertonghen (35 ans) et Toby Alderweireld (33), bien protégés par le gardien de but Thibaut Courtois, n'auront toutefois concédé que deux buts en trois rencontres.
Quant au sélectionneur, l'Espagnol Roberto Martinez, qualifié de "trop conservateur" par les médias belges, il a préféré persévérer plutôt que de tenter une vraie transition générationnelle. Ses choix, face au Maroc, ont viré au désastre. Bougon, Kevin De Bruyne n'a pas manqué d'exprimer son incompréhension face à certaines décisions.
Après six années passées à la tête de l'équipe nationale dont il avait pris les rênes en 2016 à la suite de Marc Wilmots, celui qui est aussi le directeur technique de la Fédération a donc décidé d'en rester là. Arrivé en fin de contrat, il ne prolongera pas.
"Je dis au-revoir à l'équipe nationale, et c'est plein d'émotion comme vous pouvez l'imaginer", a-t-il déclaré en conférence de presse.
Il lui sera sans doute reproché de ne pas avoir réussi à tenir son groupe. La "bande de potes", dixit le capitaine Hazard, a connu des "tensions", a reconnu Martinez. Des critiques par presse interposée de Kevin De Bruyne et Hazard à l'encontre de défenseurs jugés "vieux" et "lents" ont forcément pesé sur les prestations de ces derniers jours.
Dommage de finir comme ça car, comme le souligne Martinez, cette génération mérite "respect et admiration".
Si Vertonghen et Alderweireld ont peut-être disputé leur dernier grand tournoi, Hazard et De Bruyne, âgés tous les deux de 31 ans, ne se sont pas encore prononcé sur la suite de leur carrière internationale. Courtois et Lukaku, eux, devraient poursuivre l'aventure.
Une nouvelle dynastie devra assumer le lourd héritage de cette génération dite dorée mais qui n'aura finalement rien gagné. Les nouveaux auront-ils le talent de leurs aînés ? La réponse appartient aux Théate, Trossard, Faes, De Ketelaere et autres Onana.
"Quand c'est la fin de quelque chose, c'est le début d'une autre. La relève a beaucoup de qualité", a conclu Thorgan Hazard.