Fil d'Ariane
Avec cette photo, Emmanuel Macron a repris un peu d'humanité. Sans aucun doute, il existe une volonté de faire corps avec la population.
Christian Bromberger, professeur émérite d'anthropologie de l'université Aix-Marseille
En politique, tout est communication. Emmanuel Macron et ses conseillers sont bien placés pour le savoir, eux - Ismaël Emelien en l'occurence - qui avaient fait le buzz avec leur "Make our planet great again" (Rendez sa grandeur à notre planète), quand le président américain Donald Trump avait annoncé le retrait des États-Unis de l'accord sur le climat.
Et Emmanuel Macron pouvait compter sur les Bleus, très présents sur les réseaux sociaux, pour relayer son passage dans les vestiaires. Paul Pogba, le joueur aux 25 millions d'abonnés sur Instagram, a mis en ligne le discours d'Emmanuel Macron, venu avec un soldat grièvement blessé lors d'une opération au Mali, farouche admirateur de Didier Deschamps.
"Vous avez fait rêver tout le pays, et l'adjudant-chef Cabrita, c'est un exemple de ça. Il y a quelques mois, on le donnait pour mort au Mali (...). On l'a sauvé (...). En faisant la fête nationale avec les militaires comme un président fait toujours les 13 juillet, il m'a dit : "quand vous verrez les joueurs, dites-leur qu'ils ont fait rêver un petit Français comme moi". Et c'est pour ca que j'ai voulu l'amener, pour que vous vous rendiez compte de ce que vous faites" , confie dans le vestiaire le président français.
Un discours longuement applaudi, et un sans-faute sur le plan de la communication ? Emmanuel Macron veut se poser en chef d'État en bons termes avec la Grande Muette, empathique, humaniste et, féru de football.
Il est évident qu'il doit y avoir quelques arrières-pensées, aussi bien chez le président que dans son staff. Il y a cette volonté de donner une image populaire que le président Macron a du mal à donner, en raison de ses actes politiques qui ne vont pas forcément dans le sens de l'intérêt populaire.Christian Bromberger, professeur émérite d'anthropologie de l'université Aix-Marseille
Il n'empêche : "Il ne faut pas croire que les supporters de foot sont des idiots culturels qui goberaient tout type de réjouissance", avance Christian Bromberger. "La joie collective n'exclut pas la prise de conscience des problèmes au sein de la société", nuance l'anthropologue.