PIONNIER EN TANZANIE En Tanzanie, Popa Matumula, 43 ans, collaborateur à l'hebdomadaire Mzalendo, fait le même constat. « C'est l'une des nations les plus ouvertes d'Afrique. Je n'ai jamais eu de soucis. Si ce que tu dis est vrai, tu ne seras pas embêté, tu n'auras pas les services de renseignement à tes trousses. » Ce que confirme
l'ONG Reporter sans frontière qui qualifie la Tanzanie de « bon élève du sud-est de l'Afrique » et classe le pays à la 41e place des Etats les plus respectueux de la liberté de la presse (soit 3 rangs devant la France),le Kenya lui se trouvant à la 70e place. Dans ce pays voisin du Kenya, la presse ne connaît pas la crise. Avec plus de 20 titres, elle est même fleurissante et fait la part belle aux dessins satiriques. « La vie est dure en Tanzanie. Les gens sont sous pression. Ils travaillent beaucoup et ne prennent pas toujours le temps de lire le journal en entier. Mais il y a une chose qu'ils ne loupent pas, c'est le dessin du jour, explique Popa. En un coup d’œil, ils ont la principale info et son commentaire. C'est très demandé par les lecteurs.» Ce fils d'institutrice a été l'un des pionniers du dessin de presse en Tanzanie. Sa première publication remonte à 1987. A cette date, Julius Nyerere, pilier du socialisme africain qui a tenu la Tanzanie pendant 24 ans, n'est plus au pouvoir mais le multipartisme n'est pas encore établi. « Les médias étaient sous contrôle, se souvient le dessinateur. Mais j'avais envie de m'exprimer, de dire ce qu'il n'allait pas. Un journal a accepté un de mes dessins comme tel sans le retoucher et le rédacteur-en-chef m'a dit. "S'il y a un problème, je ferai face". » Depuis, Popa a roulé sa bosse et cherche désormais à s'extirper du contexte africain pour toucher une cible internationale. « Ce qui m'intéresse aujourd'hui, ce sont les sujets globaux de pollution, de changement climatique, de géopolitique mondial. » Il y un an-et-demi, il a décidé d'
ouvrir un blog pour se faire connaître au près d'agences étrangères qui jouent les intermédiaires entre caricaturistes indépendants et presse internationale. Il avoue aussi avoir adapté son style « aux standards internationaux », en utilisant « moins de mots » et en s'attachant plus au « visuel ». Résultat, il est régulièrement publié dans la presse américaine (Newsweek, New York Times) et dans les journaux allemands. Il a également remporté le concours Afrique et Méditerranée en Italie en 2011.