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Course au vaccin contre le coronavirus : rencontre avec Morgane Rolland, une chercheuse française aux États-Unis

Une centaine d’équipes planchent actuellement dans le monde sur la mise au point d’un vaccin ou de plusieurs vaccins contre le coronavirus : parmi ces chercheurs, la Docteure Morgane Rolland. Cette Française dirige depuis 2010 l'unité de recherche génétique virale au Walter Reed Army Institute of Research, un laboratoire de pointe de l'armée américaine spécialisé dans la mise au point de vaccins. Témoignage.

Le Walter Reed Army Institute of Research est un institut de recherche de pointe de l’armée américaine situé dans le Maryland, près de Washington. Créé il a 127 ans, il a ainsi été nommé à la mémoire de Walter Reed, un Américain qui a découvert, à fin du 19e siècle, l’agent infectieux de la fièvre jaune. Depuis, cet institut s’est spécialisé dans l’étude des virus et la mise au point de vaccins, notamment contre le virus Ébola et le coronavirus du MERS. Il possède aussi plusieurs sites cliniques dans différents pays pour tester ses vaccins.

Morgane Rolland y travaille depuis 2010 : arrivée aux États-Unis en 2004 pour y faire son post-doctorat, elle est maintenant une spécialiste du HIV, le virus du Sida, et travaille depuis des années sur l’élaboration d’un vaccin.

Depuis janvier 2020, avec l’entrée en piste de la Covid-19, avec son équipe, elle a fait bifurquer ses recherches pour trouver un vaccin contre ce virus qui est en train de mettre la planète à l’envers. « Il y a donc une longue expertise et un historique de recherche sur les vaccins dans notre institut, c’est ce qui nous a permis d’appliquer toutes ces méthodes pour élaborer un vaccin contre ce coronavirus » précise-t-elle.

Un « candidat vaccin » parmi une centaine d’autres

La Dre Rolland et son équipe sont à la phase 1 du test de leur candidat vaccin, soit le test sur des souris. Et dans quelques semaines ou quelques mois - si tout va bien, ce candidat vaccin sera testé sur l’homme. « Actuellement, on est tous à l’étape des candidats-vaccins » explique la chercheuse. « Candidat » précise-t-elle, parce que tous les prototypes élaborés dans le monde en ce moment ne vont pas passer les tests pour confirmer qu’ils n’ont pas d’effets secondaires et qu’ils ont une efficacité maximale contre le virus.

Il ne devrait rester, au bout du compte, que quelques-uns de ces candidats qui pourront alors devenir des vaccins en tant que tel. Une vingtaine de ces candidats vaccins sont actuellement testés sur des êtres humains dans le monde, en Chine, en Grande-Bretagne, et aux États-Unis.

(Re)voir : Coronavirus au Royaume-Uni : essai clinique de vaccin sur l'homme, le premier en Europe

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Mais il ne faut pas s’attendre à ce qu’un vaccin soit mis en fonction avant l’automne 2021, voire au début de 2022, parce que toutes ces étapes de tests demandent du temps et qu’il y a, dit Morgane Rolland, des étapes "incompressibles", même si avec ce coronavirus, la rapidité de la recherche est tout simplement faramineuse ! « En temps normal, il faut plusieurs années pour développer un vaccin », fait remarquer la chercheuse, en précisant que la gravité de la crise actuelle se traduit par une collaboration plutôt exceptionnelle des laboratoires dans le monde : « il y a un niveau de collaboration qui est vraiment beaucoup plus élevé que dans les épidémies précédentes ». Tout le monde semble avoir compris que c’est en unissant nos forces qu’on va vaincre ce virus, et non pas en cherchant chacun pour soi dans son coin de planète.

Un virus qui ne mute pas mais que l’on ne connaît pas

Morgane Rolland en a fréquenté plusieurs, des virus. Quand je lui demande ce qui caractérise ce coronavirus, elle répond sans hésiter : sa stabilité, le fait qu’il ne mute pas, n’évolue pas, contrairement au HIV ou à l’influenza, le fameux virus de la grippe dont les différentes souches imposent des changements au vaccin contre la grippe tous les ans. « C’est une bonne nouvelle par rapport à un vaccin, on n’a pas ce niveau de variabilité, juste une seule souche de virus à circuler, donc ça facilite le développement d’un vaccin », analyse la chercheuse.

Par contre, ce qui complique le travail des chercheurs, c’est que ce coronavirus, on ne le connaît pas car il vient d’arriver. « La principale difficulté, c’est qu’on ne connaît pas encore énormément de choses sur cette maladie », déclare Morgane Rolland. Chaque jour apporte son lot de découvertes et on ne dispose d’aucun recul nécessaire pour aider à élaborer un vaccin. Malgré tout, la chercheuse se dit optimiste : « Je suis une optimiste qui s’inquiète beaucoup… Il faut être optimiste quand on recherche un vaccin et il faut aussi être obstinée et continuer à appliquer les gestes pour se protéger soi et les autres en attendant d’en avoir un ».

(Re)voir : Coronavirus : le premier vaccin sera-t-il suisse ?

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