Course à la Maison Blanche: malaise et questionnements autour de la candidature d'Hillary Clinton

Après moultes supputations des médias, un communiqué officiel est venu lever le voile sur les raisons du malaise d'Hillary Clinton, dimanche lors de la cérémonie de commémoration du 11 septembre à New-York. La candidate démocrate à la Maison Blanche souffre d'une pneumonie. Quelles conséquences sur la campagne ? Quels scénarios envisager ? Eléments de réponse avec Jérome Jamin, professeur de sciences politiques à l'Université de Liège (Belgique).
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Tout a commencé par quelques images, vingt secondes de vidéo tournées par un certain Zdenek Gazda, publiée sur Twitter.


"Elle ne pouvait pas monter à l’intérieur, il a fallu l’aider. Elle a perdu une chaussure et tout." C’est ce que raconte au Buzzfeed américain Zdenek Gazda. L’auteur de la vidéo, 50 ans, a quitté la Tchécoslovaquie (qui a été divisée depuis en deux Etats indépendants, la République Tchèque et la Slovaquie) il y a 24 ans pour s’installer aux Etats-Unis et se présente comme un supporter d’Hillary Clinton.

Cette séquence a fait le tour des réseaux sociaux et des médias du monde entier. Elle a été partagée des dizaines de milliers de fois en quelques heures.

Après de longues heures de silence, son équipe publie un communiqué du médecin personnel d'Hillary Clinton, Lisa Bardack, déclarant qu'elle était réhydratée, mais que la candidate était traitée par antibiotiques pour une pneumonie. La date de ce diagnostic: vendredi, soit deux jours avant ce malaise. Chez elle à Chappaqua près de New York, elle a annulé tard dimanche le voyage qu'elle devait effectuer en Californie lundi et mardi pour lever des fonds et faire campagne.

Donald Trump, 70 ans, accuse sa rivale, 68 ans, en tête des sondages, de manquer d'énergie et d'avoir besoin de constamment se reposer. Certains républicains insinuent qu'elle est malade. Des rumeurs démarrées par les quintes de toux fréquentes de la candidate, mises sur le compte d'allergies.

C'est au lendemain de la journée de pause dominicale dans la campagne électorale, que Donald Trump a commenté la santé de sa rivale. Le milliardaire a sobrement affirmé lundi à la chaine Fox News qu'il espérait la voir dans deux semaines lors de leur premier débat.

L'analyse de Jérome Jamin, professeur en sciences politiques à l'Université de Liège (Belgique).

Quel impact peut avoir cet incident de santé sur la candidature d'Hillary Clinton ?

S’il n’y avait que cela, ça pourrait rester presque insignifiant. La question de l’âge et de la maladie peut se poser pour les deux candidats, il ne suffit pas d’un malaise pour que quelqu’un ne soit plus présidentiable.

Mais c’est un élément qui s’ajoute à plein d’autres. Cet événement là a un autre impact sur les électeurs. Comme l’expliquait le polémiste Michael Moore, Donald Trump a des électeurs hyper-motivés, et Hillary Clinton a des électeurs hyperdéprimés. L’électeur déprimé n’est pas certain de se déplacer pour aller voter, et s’il va voter il ne va peut-être pas rameuter toute la rue, alors que l’électeur motivé,  là,  c’est un tout autre profil, cherchera à motiver d'autres électeurs. Et c'est ce qui risque de faire la différence.

Ce handicap la pénalise depuis le début. S’ajoute à cela, le gros problème de l’héritage de son mari. "Hillary et Bill", c’est un système, une fondation, des pratiques. Il y a aussi les différentes affaires d’e-mail, qui ont révélé le cynisme d’une femme puissante, c’est un boulevard pour ceux qui veulent la critiquer . Ce sont à chaque fois de petits éléments et c’est la somme de tous qui pèse sur Hillary Clinton.

Et il faudra compter avec les indécis, souvent eux-aussi peu motivés, tout va se jouer sur quelques dizaines de millions d’électeurs, même un peu moins
.

Certains observateurs, surtout dans le camp républicain ont vite imaginé un possible désistement de la candidate Clinton au cas où sa santé serait problématique. Que se passerait-il ?

Que ce soit pour des raisons de maladie ou d’autres raisons il est déja arrivé qu’un candidat soit remplacé, mais il me semble un peu prématuré d’imaginer ce scénario, étant donné que si Hillary Clinton avait un problème de santé plus grave, l’empêchant de remplir les plus hautes fonctions de l’Etat, elle n’aurait pas posé sa candidature.

C’est assez inattendu, mais si d’aventure elle devait abandonner, ils devraient mettre en place une réélection rapide en interne avec tous les candidats aux primaires démocrates. Il est même possible de changer la date des élections dans un cas de figure aussi exceptionnel.