Fil d'Ariane
L’Ontario est la province la plus peuplée du Canada : depuis des semaines, on y bat des records de contaminations quotidiennes, avec, en moyenne, plus de 3000 cas. En date du 13 janvier, plus de 5 100 personnes ont succombé au virus et plus de 225 000 personnes ont été contaminées dans cette province. Les autorités de la santé publique tirent la sonnette d’alarme : à ce rythme, la province pourrait avoir entre 20 000 et 40 000 cas quotidiens d’ici la mi-février si rien n’est fait pour endiguer la progression du virus, surtout avec l’arrivée du variant britannique sur le territoire. Voilà pourquoi le premier ministre Doug Ford a déclaré l’état d’urgence et mis en place une série de mesures sanitaires, dont l’obligation de rester à la maison pour les Ontariens, sauf pour des déplacements essentiels comme aller faire des courses ou aller à des rendez-vous médicaux. Du côté des écoles, elles vont rester fermer dans les cinq régions de la province les plus affectées, dont Toronto, donc cours à distance au moins jusqu’au 10 février. Les rassemblements extérieurs sont limités à cinq personnes.
Le premier ministre ontarien refuse d’imposer un couvre-feu, comme c’est le cas au Québec, même si les consignes qu’il vient de prendre y ressemblent et que les policiers pourront imposer des amendes salées aux contrevenants. Doug Ford implore les Ontariens de respecter les mesures : « J’ai besoin que vous fassiez votre part. Restez à la maison, sauvez des vies. Le système (de santé) est au bord de l’effondrement. Nous sommes à des niveaux que nous n’avons jamais vus auparavant ». Par contre, le gouvernement n’impose pas la fermeture des commerces non essentiels, ils devront toutefois limiter leurs heures d’ouverture, entre 7h et 20h. Les autorités s’inquiètent aussi du nombre potentiel de victimes dans les foyers pour aînés de la province : la première vague avait fait 1815 morts dans ces résidences au printemps dernier, mais le nombre de morts pourrait dépasser ce chiffre si on ne redresse pas la barre au cours des prochaines semaines. Le gouvernement promet que tous les résidents et les travailleurs dans ces foyers seront vaccinés d’ici la mi-février.
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Du côté des hôpitaux de la province, la situation est critique : les soins intensifs affichent complet pour le quart des établissements, et un autre quart ne dispose que de quelques lits. La province enregistre une forte augmentation, 72%, du nombre de personnes hospitalisées à cause du virus. Enfin, donnée inquiétante devant la gravité de la situation, un tiers des Ontariens n’ont pas respecté les consignes au cours du dernier mois. La santé publique ontarienne avertit : si le nombre de contaminations quotidiennes ne diminue pas, les médecins ontariens risquent de se retrouver dans la pire des situations, celle où ils vont devoir choisir entre qui soigner, qui ne pas soigner...
Au Québec aussi, ce scénario du pire est actuellement sur la table : les autorités sont en train d’élaborer un protocole de soins que les médecins dans les urgences pourraient devoir appliquer si jamais les hôpitaux ne peuvent plus accueillir de patients COVID. Ce scénario à l’italienne inquiète énormément les médecins québécois, totalement bouleversés à l’idée de devoir faire des choix déchirants. En moyenne, depuis la mi-décembre, le Québec oscille entre 2000 et 2500 cas par jour, et c’est surtout le nombre d’hospitalisations, en augmentation constante, qui inquiètent les autorités, notamment les patients dans les soins intensifs. Dans les hôpitaux de la grande région de Montréal, le nombre d’hospitalisations a doublé depuis la mi-décembre et les soins intensifs débordent, il faut même transporter des patients dans les régions autour de Montréal. Le nombre de patients Covid dans les soins intensifs bat un record : 229, sur les 1516 personnes actuellement hospitalisées dans la province pour des complications liées au Covid-19.
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On s’attend, au cours des prochains jours, à voir les contaminations causées par les rassemblements du nouvel an. Et ces nouveaux cas risquent de se traduire par des dizaines de nouvelles hospitalisations. Par effet de domino, afin de libérer des lits, les hôpitaux québécois ont procédé à du délestage, autrement dit l’annulation de quelque 140 000 chirurgies semi urgentes ou non urgentes : chirurgies orthopédiques, dépistages de cancer du côlon, greffes de reins de donneurs vivants, consultations en cliniques externes spécialisées. Cela aggrave le risque de mourir non pas du virus mais de ne pas avoir été traité à temps pour des maladies graves. Le réseau québécois de la santé va porter longtemps le fardeau de ces délestages. Et pour ajouter au surplus de patients dans les hôpitaux, le réseau manque actuellement de personnel pour les soigner : rien qu’à Montréal, 1000 employés du réseau sont absents, soit contaminés par le virus, soit en attente du résultat de leurs tests.
Il faudra voir au cours des prochaines semaines si le reconfinement et l’imposition d’un couvre-feu vont porter leurs fruits et aider à aplanir la fameuse courbe de contamination. Le Québec reste la province canadienne la plus touchée par l’épidémie : plus de 235 000 cas depuis le printemps et plus de 8 800 morts. Et tout comme lors de la première vague, Montréal reste l’épicentre de cette épidémie dans la province. Sauf qu’à la différence du printemps dernier, le virus est maintenant actif dans toutes les régions de la province.
Au regard de cette situation pas mal désespérante pour les Québécois et les Ontariens, la campagne de vaccination en cours prend les traits d’une oasis. Après des débuts lents et cahoteux, les séances de piqûres se sont accélérées dans les deux provinces. Le Québec est le premier au Canada dans ce domaine : on y a déjà administré plus de 85% des doses reçues. Le 12 janvier, près de 8000 personnes ont été vaccinées et depuis le 14 décembre, 107 365 doses ont été administrées. A Montréal, les autorités de la santé publique disent que tous les résidents des centres de soin de longue durée et leur personnel seront vaccinés d’ici la semaine prochaine. L’Ontario de son côté a déjà utilisé 150 000 doses et quelque 8000 Ontariens ont reçu la double dose du vaccin Pfizer. C’est le gouvernement canadien qui fournit les vaccins aux provinces : il vient d’acheter pour 20 millions de dollars de doses supplémentaires à Pfizer-BioNTech qui devraient être expédiés au Canada ce printemps. Justin Trudeau promet que d’ici la fin du mois de septembre, tous les Canadiens qui le souhaitent seront vaccinés contre ce maudit coronavirus.
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