Fil d'Ariane
L’Allemagne, la Belgique, la Finlande, la Suède, la Hongrie et au Danemark : ces six pays ont été sommés de s'expliquer sous dix jours sur des restrictions de circulation liées au Covid-19. La Commission européenne l'a annoncé, mardi, lors d'une réunion des ministres des Affaires européennes des Vingt-Sept.
La Commission européenne a adressé, lundi 22 février, des courriers à l’Allemagne, la Belgique, la Finlande, la Suède, la Hongrie et au Danemark pour leur demander des explications sur les restrictions prises contre le coronavirus. Un porte-parole de l’exécutif européen a expliqué que ces six pays appliquaient des mesures plus contraignantes que celles recommandées par l'Union européenne (UE), notamment des interdictions d'entrer sur leur territoire.
Ces missives, a-t-il souligné lors d'une conférence de presse, pointent "un risque de fragmentation, d'entraves à la libre-circulation, de perturbation des chaînes de production".
La Commission insiste sur le fait que ces restrictions doivent rester "non discriminatoires et proportionnées". Elle appelle les gouvernements concernés à "s'aligner" sur les préconisations communes approuvées par les Vingt-Sept quatre mois auparavant.
L’UE n’exclut pas d'enclencher des procédures d'infractions à leur encontre, au-delà du moratoire de dix jours.
Dans une autre lettre envoyée la semaine dernière à l'ensemble des Etats membres, la Commission avait déjà exhorté les Vingt-Sept à éviter les fermetures de frontières et les interdictions générales de voyage.
Un sommet spécial en visio-conférence, lors duquel les dirigeants de l'UE s’entretiendront sur la coordination dans la lutte contre la pandémie, se tiendra jeudi et vendredi.
Le cas de la Belgique est, par exemple, jugé problématique par la Commission. Tous les voyages non essentiels depuis et à destination du pays sont interdits depuis le 27 janvier. La Commission lui reproche d'ignorer la situation épidémiologique des régions de provenance ou de destination.
(Re)voir : Covid-19 en Belgique : "Une politique répressive très forte" pour non-respect des mesures de confinement ?
De son côté, l'Allemagne filtre drastiquement, depuis mi-février, les passages avec la République tchèque, la Slovaquie et le Tyrol autrichien pour contenir les variants du virus. Frontaliers et chauffeurs de poids lourds ne peuvent passer qu'avec un test PCR très récent.
Dans la lettre envoyée lundi à l'ambassadeur allemand auprès de l'UE, la Commission fustige le dispositif. Elle argue que la diffusion des variants n'est pas pire en Slovaquie ou en République tchèque que dans d'autres Etats de l'Union. "Nous pensons que l'objectif compréhensible de l'Allemagne -protéger la santé publique- pourrait être atteint grâce à des mesures moins restrictives", insiste le courrier.
Par ailleurs, le texte critique l'exigence des autorités allemandes de n'accepter que des tests Covid rédigés en allemand, anglais, français ou italien, relevant que des documents dans les langues tchèque ou slovaque devraient également être jugés valables.
Le ministre adjoint aux Affaires étrangères allemand, Michael Roth, a rejeté mardi les "accusations de non-conformité au droit européen", assurant que son pays respectait les règles de l'espace Schengen et gardait "pour priorité de protéger (ses) citoyens".
Mais Bruxelles s'alarme des dysfonctionnements des échanges économiques et des chaînes de production industrielles dans une conjoncture déjà compliquée.
"Il faut se coordonner pour permettre au marché unique de fonctionner de façon fluide", a martelé mardi le vice-président slovaque de la Commission Maros Sefcovic, encourageant des exceptions pour les travailleurs frontaliers et des "voies vertes" réservées au transport de marchandises.
En revanche, M. Roth a exclu, mardi, toute fermeture de la frontière franco-allemande : "La situation à la frontière française est très différente des cas autrichien ou tchèque, et les Etats (allemands) frontaliers s'opposent expressément" à toute restriction, a fait valoir le ministre.