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Le 1er septembre, le variant B.1.621, détecté pour la première fois en Colombie, a été renommé Mu. Il vient donc s’ajouter à la liste des variants suivi par l’OMS, qui continue de s’allonger. Mais est-ce que l’apparition de ces variants est inévitable ? Comment expliquer qu’ils apparaissent dans certains pays ?
Alpha, Beta, Delta… et maintenant Mu. Un nouveau variant du Covid-19 vient de s’ajouter à la liste des variants répertoriés par l’OMS. “La nature même d’un virus c’est de muter”, explique Yannick Simonin, maître de conférences en virologie à l’université de Montpellier. De ce fait, “on va avoir de plus en plus de variants qui vont apparaître, avec certains plus problématiques que d’autres.” Pour lui, il faut s’attendre à voir la liste des variants répertoriés se rallonger “dans les semaines, les mois ou les années à venir.” En revanche, cela ne signifie pas que tous sont dangereux.
Le virus n’a pas de frontière et se fiche de se savoir dans quel pays il se trouve.
Brigitte Autran, professeure émérite d'immunologie
Pour Brigitte Autran, professeure émérite d’immunologie à Sorbonne Université, tant que la majorité de la population mondiale ne sera pas vaccinée, il y aura toujours de nouveaux variants. “C’est essentiellement dans les populations non-vaccinées que le virus circule et mute, explique-t-elle. Et même malheureusement si dans les pays occidentaux nous sommes de plus en plus vaccinés, il reste une immense majorité du monde qui ne l’est pas.”
“Le virus n’a pas de frontière et se fiche de se savoir dans quel pays il se trouve”, poursuit la professeure. Yannick Simonin reconnaît aussi qu’il y a un “manque de coordination internationale” par rapport à la vaccination, malgré les programmes existants. “Ce qui peut nous aider, c’est l’augmentation de la production de vaccins dans le monde”, espère-t-il.
“La vaccination mondiale est la seule arme possible face à l’émergence des variants” pour Brigitte Autran. “Il faudrait qu’il y ait une immunité mondiale d’au moins 75% de la population mondiale”, estime-t-elle. De son côté, Yannick Simonin considère également que la vaccination mondiale permet de limiter la circulation virale et donc l’apparition des variants.
La professeure Brigitte Autran estime que l’apparition des variants est liée à plusieurs facteurs : la densité de population, la proportion de vaccination et le niveau sanitaire. “C’est la conjonction d’une faible vaccination, d’une population humaine très dense et d’un état sanitaire global qui n’est pas bon”, résume-t-elle.
“C’est le fait que le virus va davantage circuler qui va favoriser l’apparition de nouveaux variants”, complète Yannick Simonin. En revanche, il est impossible d’expliquer pourquoi les variants préoccupants apparaissent dans certains endroits et pas d’autres. “Malheureusement, il n’y a pas eu énormément d’études”, précise Brigitte Autran. “Donc on n’a pas la réponse à ces questions."
La préoccupation majeure face au variant Mu réside dans l’hypothèse qu’il puisse résister au vaccin, comme semblent indiquer des études préliminaires. Mais Brigitte Autran estime qu’il faut rester vigilant sur l’interprétation de ces études. “Il faut faire attention à ces résultats préliminaires qui sont parfois très alarmants.” Un avis que partage Yannick Simonin : “il va falloir attendre d’avoir plus d’études pour savoir s’il y a une vraie résistance à la vaccination et à quel point elle est importante.”
Le vaccin garde une très forte efficacité sur les risques de formes graves.
Yannick Simonin, maître de conférence en virologie
Yannick Simonin envisage également l’hypothèse où avec une couverture vaccinale maximale, le virus muterait pour résister aux vaccins. Il se veut cependant rassurant : “quand on parle de résistance à la vaccination, c’est surtout par rapport à l’infection et pas par rapport aux formes graves, car le vaccin garde une très forte efficacité sur les risques de formes graves.”
“On est pas sûr qu’un nouveau variant très fortement résistant à la vaccination puisse apparaître, mais ce qui est important c’est de surveiller”, poursuit le maître de conférence en virologie. Si un variant venait à devenir dangereux, la surveillance anticipée permettrait “de très rapidement modifier la campagne vaccinale si le besoin s’en faisait sentir.”