Crash d'un avion russe en Egypte : 224 personnes à bord

Un Airbus A321 d'une compagnie charter russe reliant Charm el-Cheikh, en Egypte, à Saint-Pétersbourg,en Russie, s'est écrasé samedi dans le Sinaï égyptien. Bilan : 224 morts. La raison de l'accident reste inconnue.
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Crash Airbus Sinai
L'Airbus A321 de la compagnie russe Kogalymavia immatriculé EI-ETJ à l'aéroport international Domodedovo de Moscou. C'est cet appareil qui s'est écrasé dans le Sinai ce samedi, faisant 224 morts. (Mardi 20 octobre 2015) 
(AP Photo/Marina Lystseva)
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L'Airbus-321 de la compagnie Kogalymavia, avec 217 passagers et 7 membres d'équipage à bord, avait décollé à 05H51 heure locale (03H51 GMT) de Charm el-Cheikh, une station balnéaire de la mer Rouge dans le sud du Sinaï. Il était en route pour Saint-Petersbourg. Les autorités de l'aviation civile ont perdu le contact avec l'appareil alors qu'il volait à 30 000 pieds d'altitude (9 144 m),  23 minutes après son décollage de Charm el-Cheikh.

carte sinai
Le crash de l'Airbus Metrojet avait décollé de Charm el-Cheikh (Sharm el Sheik en anglais).

L'épave rapidement localisée

Les débris de l'appareil de la compagnie Kogalymavia, plus connue sous le nom de Metrojet, ont été identifiés au beau milieu d'une zone montagneuse dans la province du Nord-Sinaï, et l'évacuation des corps a immédiatement commencé vers des hôpitaux du Caire et de Suez.

Dès samedi, l'ambassade russe en Egypte confirmait que tous les passagers de l'avion charter russe, 217 passagers et 7 membres d'équipage, étaient morts dans la catastrophe. "Malheureusement, tous les passagers du vol 9268 de Kogalymavia entre Charm el-Cheikh et Saint-Pétersbourg sont morts", écrivait l'ambassade en russe sur ses comptes sur les réseaux sociaux, sans préciser le sort des membres d'équipage.

L'hypothèse d'un attentat "peu probable"

"L'équipage devait entrer en communication avec Larnaca (Chypre) mais cela n'a pas été fait et l'avion a disparu des écrans radar", précisent les autorités égyptiennes. L'avion s'est écrasé au milieu du nord du Sinaï, un bastion de la branche égyptienne de l'organisation jihadiste Etat islamique (EI) qui a commis de nombreux attentats visant les forces de sécurité, mais la haute altitude à laquelle le contact a été perdu avec l'avion rend peu probable l'hypothèse qu'il ait pu être touché par une roquette ou un missile, selon les experts.

La branche égyptienne de l'EI a affirmé sur Twitter avoir abattu l'avion en représailles à l'intervention russe en Syrie. "Cette information ne peut être considérée comme exacte", a commenté le ministre des Transports russe Maxime Sokolov : "Nous nous trouvons en contact étroit avec nos collègues égyptiens et les autorités aériennes de ce pays. A l'heure actuelle, ils ne disposent d'aucune information qui confirmerait de telles insinuations.". Air France, Emirates et la compagnie allemande Lufthansa renoncent néanmoins à survoler le Sinaï.

Les experts en aéronautique sont également sceptiques sur la revendication de l'EI, privilégiant d'autres hypothèses telles que la défaillance technique ou une bombe embarquée à bord. Les experts militaires, eux, estiment que les insurgés de l'EI, dont le nord du Sinaï est le bastion, ne disposent pas de missiles capables d'atteindre un avion à 30 000 pieds, mais ils n'excluent pas la possibilité d'une bombe à bord ou qu'il ait été atteint par une roquette ou un missile alors qu'il redescendait à la suite de défaillances techniques. La boîte noire, retrouvée par les secouristes, devrait livrer davantage d'informations sur les causes de la catastrophe.

Coup dur pour un tourisme en berne

Depuis la révolte de 2011 qui chassa Hosni Moubarak su pouvoir, le tourisme est en berne et les autorités tentent de relancer coûte que coûte se secteur vital de l'économie égyptienne. Malgré l'instabilité politique du pays et les attentats jihadistes visant les forces de sécurité dans le nord du Sinaï, les stations balnéaires de la mer Rouge, dans le sud de la péninsule, restent l'une des principales destinations touristiques du pays et sont très fréquentées par les touristes russes ou d'Europe de l'est, qui arrivent chaque jour à bord de plusieurs vols charter.
Le dernier crash aérien en Egypte remonte à janvier 2004 et avait fait 148 morts, dont 134 touristes français. Un Boeing 737 de la compagnie égyptienne Flash Airlines s'était abîmé en mer Rouge, quelques minutes après son décollage de l'aéroport de Charm el-Cheikh.

La terrible attente des familles

Des ambulances arrivaient en milieu de journée à l'aéroport Pulkovo de Saint-Petersbourg, où les proches des passagers accusent le choc. "J'attends mes parents, je leur ai parlé au téléphone quand ils étaient déjà dans l'avion, et puis j'ai entendu les infos", pleure Ella Smirnova, une jeune femme de 25 ans en état de choc à l'aéroport . "Je vais continuer d'espérer qu'il soient vivants jusqu'au bout mais peut-être que je ne les reverrai plus jamais". 

Situation d'urgence

Le président Vladimir Poutine a ordonné samedi l'envoi d'équipes de secours russes sur les lieux du crash de l'Airbus. Le chef de l'Etat "a donné l'ordre au ministre des Situations d'urgence (...) Vladimir Poutchov d'envoyer immédiatement, en accord avec les autorités égyptiennes, des avions du ministère des Situations d'urgence en Egypte pour travailler sur les lieux du crash", a indiqué le Kremlin dans un communiqué.
M. Poutine a exprimé ses "profondes condoléances" aux proches des victimes et a demandé au gouvernement d'organiser "l'aide aux familles".  Le ministre des Transports Maxime Sokolov doit également s'envoler sur les lieux de la catastrophe, ont rapporté les agences russes. Le Comité d'enquête, chargé des principales investigations en Russie, a annoncé l'ouverture d'une enquête et l'envoi d'une équipe d'enquêteurs sur place.

Deuil et condoléances

François Hollande a adressé au président russe Vladimir Poutine les condoléances de la France : "Je tenais à pouvoir exprimer notre solidarité au peuple russe après cette catastrophe... Aujourd'hui, seules la compassion à l'égard des victimes et notre solidarité à l'égard des familles méritent que l'on puisse exprimer des paroles."
 

Les investigations se poursuivent ce dimanche pour déterminer les causes du crash, un drame marqué par une journée de deuil national en Russie.