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Crise en Guyane: le bras de fer continue

La mobilisation sociale se poursuit en Guyane. Le Premier ministre français Bernard Cazeneuve a rejeté la demande du mouvement protestataire, qui réclame une aide de 2 milliards et demi d'euros. Un mouvement soutenu par le patronat, qui partage les revendications de la population. Reportage.
Le mouvement de protestation rassemble ses troupes, avec une journée de mobilisation annoncée mardi 4 avril 2017. Le dialogue n'a pas repris entre les deux camps, protestataire et gouvernement.

Le Premier ministre Bernard Cazeneuve a présidé lundi 3 avril 2017 après-midi une réunion ministérielle sur la situation : il a annoncé rejeter la demande de 2,5 milliards d'euros du mouvement protestataire, la qualifiant d'"irréaliste", reporte l'AFP. Il a aussi appelé à "poursuivre le dialogue"

A l'origine de ce nouveau blocage, la fin de non recevoir opposée par le collectif de protestataires guyanais dimanche dernier à l'offre du gouvernement de plus d'un milliard d'euros pour trouver une issue au mouvement social, exigeant 2,5 milliards d'euros "tout de suite".

Le gouvernement, lui, compte bien maintenir son plan d'urgence de 1,085 milliard d'euros annoncé samedi 1er avril 2017. Il "répond aux préoccupations prioritaires exprimées par les différentes parties prenantes regroupées en collectifs, notamment en ce qui concerne l’éducation, la sécurité, la santé ou la commande publique", selon un communiqué d'Ericka Bareigts, la ministre des Outre-mer.

Des accords sectoriels ont également été conclus notamment sur "l'économie", "l’agriculture", "le BTP", "les activités minières" ou encore "les communautés amérindiennes et bushninengue", annonce la ministre :
 

Les excuses prononcées jeudi 30 mars 2017 par Ericka Bareigts avaient permis de débloquer la situation et de relancer les négociations.
 

Rapport de force


"Nous exigeons 2,5 milliards d'euros tout de suite", a lancé depuis le perron de la préfecture à Cayenne Olivier Goudet, un cadre du mouvement, par ailleurs porte-parole du groupe des "500 frères contre la délinquance", en pointe dans les protestations :
 

A Cayenne, le collectif "Pou La Gwiyann dékolé", qui regroupe l'ensemble des mouvements protestataires, annonce un durcissement de la mobilisation. Il demande notamment aux magasins de rester fermés ce lundi dans le cadre d'une "opération ville-morte" :
 

"On rentre dans un rapport de force avec l'Etat. La ministre des Outre-mer étant partie, il faut que l'Etat se rende compte que le peuple guyanais ne se démobilise pas", explique à l'AFP une des communicantes du collectif, Florence Adjodha.

"Demain, tous les barrages seront fermés", avait pour sa part affirmé Olivier Goudet :

Du côté du Medef de Guyane, on joue la carte de la solidarité, comme l'explique son porte-parole Stéphane Lambert : "Nous avions obtenu l'essentiel de nos revendications, mais nous avons décidé de rester solidaires".

Outre une enveloppe de 2,5 milliards d'euros, le collectif "Pou La Gwiyann dékolé" réclame "un statut particulier pour la Guyane". Davy Rimane, un membre de la délégation, avait affiché la volonté de se débarrasser d'un lien "trop centralisé et vertical avec Paris", qui empêche la Guyane "d'avancer". En 2010, un référendum sur l'autonomie de la Guyane avait débouché sur une large victoire du "non".

Dimanche dernier à Paris, un rassemblement de solidarité avec le peuple guyanais a été organisé aux Invalides :
 
 

Ariane en otage ?


"La fusée Ariane restera au sol tant que la Guyane ne décollera pas". Une manifestation a été annoncée dans la foulée mardi 4 avril 2017 à 9H00 (14H00 à Paris) à Kourou, près du site de lancement des fusées Ariane.

Le directeur du Cnes/CSG (Centre spatial guyanais), Didier Faivre, avait d'ailleurs annoncé dans un communiqué avoir demandé le renvoi dans l'Hexagone de trois camions-toupies, qui devaient travailler sur le chantier d'Ariane, "afin d’apaiser les tensions générées auprès des transporteurs de Guyane".

Il a aussi déclaré au site Guyaweb que, pour des raisons techniques, Ariane ne pourrait être immédiatement opérationnelle lors de la réouverture du centre spatial et qu'il faudrait "une dizaine de jours" avant un lancement.

Le mouvement social d'ampleur inédite que connaît ce vaste territoire d'Amérique du Sud (83.000 km2) situé à 7.000 km de Paris, est basé sur des revendications sécuritaires, économiques et sociales, ainsi que sur la méfiance face à l'Etat, accusé de sous-investissement depuis des décennies :