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Longtemps symbole de la prospérité et de la règle de droit à l’occidentale, face à la Chine du continent, Hong Kong, ville-monde, cosmopolite, traverse une épreuve importante et cruciale. Ces derniers jours, ce sont un million de Hongkongais, soit un habitant sur sept, qui sont descendus dans la rue pour contester le projet de loi de l’exécutif local, qui prévoit de faciliter les extraditions vers la chine et donc, de détruire l’indépendance du système judiciaire en place.
Une nouvelle mobilisation monstre est annoncée ce dimanche 16 juin, même si, ce samedi matin, la cheffe de l’exécutif local, Carrie Lam, a annoncé la suspension de ce projet de loi.
Une première victoire pour les Hongkongais, dans un contexte de mobilisation qui rappelle le mouvement des parapluies de 2014.
Non, cette loi est la goutte d'eau qui fait déborder le vase. D'ailleurs, comme l'affirme Jean-Vincent Brisset, "les autorités chinoises ont découvert que ce mouvement de grande ampleur allait beaucoup plus loin que ce qu’elles pensaient. Si la révolution des parapluies de 2014 impliquait essentiellement les étudiants, cette fois-ci, la majorité de la population se sent concernée".
Le chercheur fait d'ailleurs un parallèle saisissant avec la situation en France : "Imaginez qu'en France, environ 9 millions de manifestants composent les gilets jaunes ! Tout le monde serait dehors."
Un phénomène auquel Pékin sait qu'il est impossible de répondre par la répression comme en 2014.
Plus généralement, cette contestation, durant laquelle les Hongkongais ont scandé "Hong Kong n'est pas la Chine" met en exergue que le "un pays, deux systèmes", énoncé par Deng Xiaoping en 1997 est, selon Jean-Vincent Brisset, "quasi fictif". Selon lui, "depuis un peu plus d'une dizaine d'années, Pékin exerce un contrôle permanent sur Hong Kong dans tous les domaines", alors que ce statut particulier devait permettre à Hong Kong de faire partie de la Chine sans appliquer les mêmes règles politiques et économiques. C'est d'ailleurs une prise de conscience de cette érosion de leurs droits spécifiques, par les Hongkongais, qui a été à l'origine du mouvement des parapluies en 2014.
Il ajoute que "le gouvernement de Hong Kong devait être élu au suffrage universel, ce que Pékin a refusé. C'est via l'élection d'un comité, essentiellement composé de membres de l'establishment pro-Pékin, que la cheffe de l'exécutif hongkongais, Carrie Lam, a été élue".
Celle que le Guardian surnomme "la marionnette de Pékin" dans un article, souffre d'ailleurs d'un manque de légitimité, lié à son élection, mais aussi à des propos qu'elle a pu tenir, notamment dans une interview au Financial Time, dans laquelle elle révélait vouer une "admiration" pour Xi Jinping.
La "révolution des parapluies" est un mouvement de protestation qui s'est déroulé à Hong Kong, à la fin de l'année 2014. Ils étaient des dizaines de milliers de Honkongais à manifester dans les rues pour réclamer plus de démocratie, face au projet du gouvernement chinois, qui tentait de limiter la portée du suffrage universel. Cette "révolution" eu un impact important sur l'échiquier politique hongkongais. Après le soulèvement, le mouvement s'est fragmenté, entraînant la création de nombreuses formations politiques prodémocratiques. Une fragmentation qui a résulté de désaccords, notamment sur la question du respect du statut de Hong Kong. Certains voulaient le respect de sont autonomie vis-à-vis de la tutelle chinoise, quand d'autres réclamaient une indépendance totale. Les leaders de ce mouvement ont, par ailleurs, été jugés pour "troubles à l'odre public".