Fil d'Ariane
« Nous sommes dans une période où une invasion pourrait commencer à tout moment, et pour être clair, cela inclut les Jeux olympiques. » Le dernier avertissement en date, prononcé par le secrétaire d’État américain, Antony Blinken, vendredi 11 février, fait fi des spéculations selon lesquelles Moscou s’abstiendrait de quelconque manœuvre avant la fin des Jeux de Pékin, le 20 février.
Une mise en garde corroborée, une nouvelle fois, par le chef de l’État, Joe Biden, à l’issue d’une rencontre avec ses partenaires du Quad (Australie, Inde, Japon, Etats-Unis) à Melbourne le même jour. « Pour le dire simplement, nous continuons à voir des signes très troublants d'une escalade russe ».
La veille, l’hôte de la Maison Blanche a déjà recommandé, au cours d’une interview pour la chaîne NBC News, aux ressortissants américains de quitter le territoire ukrainien « maintenant ». « Les citoyens américains doivent partir [...] Nous avons affaire à l'une des plus grandes armées du monde. C'est une situation très différente, les choses pourraient vite s'emballer. »
Updated travel advisory for U.S. citizens in Ukraine: https://t.co/aspoQ6bfFR
— U.S. Embassy Kyiv (@USEmbassyKyiv) February 11, 2022
Il a, en outre, répété qu'il n'enverrait pas de soldats sur le terrain, même pour évacuer des Américains dans l'hypothèse d'une invasion russe, au risque que cela déclenche « une guerre mondiale [...] Quand les Américains et les Russes commencent à se tirer dessus, nous sommes dans un monde très différent. »
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Après plusieurs semaines à seriner une menace « imminente » d’invasion russe, Washington franchit un nouveau pas dans l’escalade diplomatique. Le 23 janvier déjà, elle ordonnait aux familles de diplomates en poste à Kiev de rentrer au pays. Décision jugée « prématurée » par Kiev et à la suite de laquelle la plupart des consulaires ont décidé de rester sur place.
Les États-Unis se sont, en outre, abstenus, de faire montre d’optimisme après les visites du président français, Emmanuel Macron, à Moscou et Kiev, respectivement les 7 et 8 février.
Ce dernier, en déplacement pour tenter de faire baisser la tension en est revenu avec le sentiment du devoir accompli. « L’objectif est atteint, résumait alors la présidence française. Nous avons ouvert des perspectives, nous avons eu des éléments qui permettent d’envisager des solutions intéressantes aux problèmes d’aujourd’hui. »
EN DIRECT | Depuis Berlin, suivez les déclarations du Président @EmmanuelMacron, du Chancelier de la République fédérale d'Allemagne @OlafScholz et du Président de la République de Pologne @AndrzejDuda. https://t.co/qyvFtiWMPf
— Élysée (@Elysee) February 8, 2022
Et l’Élysée de justement rappeler que « pour des sujets aussi lourds, qui impliquent autant de partenaires dans un contexte de si grande volatilité, il est absolument nécessaire que nous puissions fixer de nouvelles échéance et prendre le temps. Il n’y a aucun gain immédiat à attendre sur tous ces sujets. »
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L’Ukraine a eu beau saluer de « vraies chances » de désescalade et l’Allemagne souligner des « progrès », rien ne contrebalance les réserves américaines. « S’il y a des progrès diplomatiques, nous les saluerons certainement, mais nous n’y croirons que lorsque nous les verrons avec nos yeux à la frontière », a réagi, le 8 février, la porte-parole de la Maison Blanche, Jen Psaki.
Le lendemain, le gouvernement américain rappelait que Moscou poursuivait l’acheminement de matériels de guerre aux frontières ukrainiennes.
Cette montée de fièvre intervient au moment où dirigeants et membres de gouvernements russes et occidentaux s’attèlent à un marathon diplomatique pour aboutir à une issue pacifique.
Malgré des échanges infructueux, pour l’heure, les Russes demeurent assis à la table des négociations. Ils ont pris part, jeudi 10 février, à Berlin, à une rencontre sur le format "Normandie" (Russie, Ukraine, Allemagne, France) s’est pendant plus de neuf heures.
Certes, « les discussions ont été difficiles et ont permis de mettre clairement en évidence les différentes positions et les différentes options de solution », témoignent les « cercles de négociations franco-allemands », cités dans un communiqué du gouvernement.
Mais une prochaine réunion du genre est toutefois déjà programmée au mois de mars après « les réunions du groupe de contact trilatéral » (ndlr : Russie, Ukraine et Organisation pour la Sécurité et la Coopération en Europe (OSCE)).
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