Certains économistes se sont affranchis du PIB en créant d'autres indicateurs. C'est le cas du
Genuine Progress Indicator (GPI),
l'indicateur de progrès véritable (IPV), qui établit des facteurs négatifs et positifs pour le calcul des activités générées au sein d'une société. Ce que le PIB ne fait pas, bien au contraire, puisque dans le cas d'une pollution ou d'une destruction par la guerre, le PIB augmente puisqu'il faut ensuite dépolluer ou reconstruire le pays… Ainsi, avec l'indicateur de progrès véritable, une pollution ou une dépollution ne peuvent pas faire augmenter l'indice, mais au contraire, le dégradent. Malgré tout, pour Jean-Paul Fitoussi, le PIB est constitué en premier lieu de qualitatif aujourd'hui : "l'essentiel de la croissance est quand même qualitative, parce que c'est l'amélioration de la qualité des produits qui participe directement à la progression du PIB. Cela est vrai pour les ordinateurs, l'automobile, les travaux dans les habitations. Mais le problème reste que nous n'utilisons pas de mesure nette, seulement le brut. Si l'on retranchait du PIB les destructions occasionnées par la production, alors nous aurions un produit intérieur net beaucoup plus faible que celui que nous mesurons aujourd'hui. Il n'en reste pas moins que le PIB a une importance aujourd'hui, parce qu'il n'y a pas de solution au problème de l'emploi sans augmentation de l'activité économique. Aujourd'hui. A part avec la réduction du temps de travail. Il n'y a pas de miracle : soit on enrichit le PIB en emploi, c'est le partage du travail, mais nécessairement vous avez une baisse du pouvoir d'achat. Mais pas nécessairement du bien-être. Mais ces problèmes ne sont pas posés à l'échelle nationale." Toutes ces nouvelles approches se rejoignent, même si parfois elles peuvent s'affronter telle l'économie circulaire, basée sur le recyclage, promouvant une économie sobre en énergie et en matières premières, luttant contre le gaspillage mais ne remettant pas en cause radicalement la production industrielle. Un point commun, cependant, les réunit toutes : une analyse radicale de la situation planétaire déclarée dramatique, à de nombreux niveaux : énergétique, environnementale, social, économique. Le système capitaliste, productiviste, issu du fonctionnement de la deuxième moitié du XXème siècle y est toujours contesté, sa capacité à assurer le bien-être de l'humanité largement remis en cause. Le capitalisme libéral vise l'efficacité par la concurrence la plus large quitte à détruire des équilibres vitaux : les nouvelles voies visent l'efficience pour préserver l'environnement au sens large, afin d'améliorer la condition humaine. Gaspillage, épuisement des ressources, hyper-consommation, environnement : le constat sur le modèle actuel basé sur la seule croissance économique est qu'il semble incapable de relever ces défis. Mais basculer dans de nouveaux modèles, de nouvelles mesures demande de la volonté. Politique, avant tout. Le tout est de savoir qui les porteront et les mettront en œuvre. Pas dans des décennies, mais avant que la catastrophe annoncée ne soit trop profonde…