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©TV5MONDE / Commentaire : B. Charbonnel - Montage : E. Fersing
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Cuba dans l'oeil du cyclone Irma

L'ouragan Irma poursuivait samedi sa course destructrice, s'abattant sur Cuba après avoir fait au moins 25 morts dans les Caraïbes. Avec des rafales atteignant 260 km/h au moment de l'impact, Irma est le premier ouragan d'une telle force dont l'oeil touche directement Cuba depuis 1932. La Havane a été placé en "alerte" cyclonique.

Des vagues de jusqu'à sept mètres ont été enregistrées sur la côte nord par le service cubain de météorologie et La Havane, où vivent deux millions d'habitants, a été placée en "alerte" cyclonique face au risque d'inondations. "Nous avons décidé de décréter la phase d'alerte pour les provinces de Mayabeque, La Havane et Artemisa", a annoncé la défense civile dans un communiqué diffusé par les médias locaux. La phase d'alerte est la plus élevée dans l'échelle de mobilisation cubaine face aux catastrophes naturelles.

La capitale est en bordure de l'océan Atlantique, avec de nombreuses zones basses vulnérables face aux pénétrations maritimes. "Ici dans la capitale nous aurons des vents forts ... et des inondations sur les zones côtières, toute la journée du samedi et une partie du dimanche aussi", a déclaré à la télévision nationale le météorologue José Rubiera. 
 
Des vagues de cinq à sept mètres sont en train de se produire, mais elles pourraient atteindre les huit mètres, avec des inondations fortes en zones côtières dans la capitale. L'eau entre déjà dans certaines zones du Malecon.José Rubiera, météorologue cubain

La Havane évacuée par crainte d'inondations

Depuis vendredi soir, la ville est balayée par d'importantes rafales de vent et des pluies intermittentes, sous un ciel couvert. Les autorités procédaient samedi à l'évacuation des habitants vivant dans les zones basses et proches du Malecon.

 "Ils nous ont expliqué que nous étions en danger, j'ai essayé de mettre mes affaires en hauteur au cas où l'eau arrive, pour ne pas qu'elles s'abîment", a raconté à l'AFP Daysi Cruz, handicapée de 68 ans qui a dû abandonner sa maison, près du Malecon, pour s'abriter chez des proches.

Irma, désormais en catégorie 4, est le premier ouragan d'une telle force dont l'oeil touche directement l'île depuis 1932. Il "affecte gravement les provinces de Camagüey et Ciego de Avila", dans le centre du pays, a annoncé le météorologue cubain Elier Pila sur l'antenne de la télévision nationale.

Caibarién, dans l'oeil du cyclone

Des vents déchaînés, des averses torrentielles et d'irrésistibles pénétrations maritimes: Caibarién, ville de pêcheurs du centre de Cuba, a subi le samedi 9 septembre 2017 à l'aube la furie de l'ouragan Irma. 

"Mon Dieu, la ville ne va jamais s'en remettre!", s'exclame la jeune Francis, 19 ans, une des premières à venir constater, dans la matinée, les ravages de l'ouragan qui sème mort et désolation depuis plusieurs jours dans les Caraïbes. Vivant près de l'avenue de bord de mer, le "Malecon", Francis a dû se réfugier chez sa grand-mère, et elle entretient peu d'illusions sur l'état de son foyer. "L'eau était déjà au coin de ma maison (quand je suis partie), maintenant elle doit être inondée", se lamente-t-elle.

L'ouragan a commencé à balayer en pleine nuit cette ville de 40.000 habitants située à 330 km à l'est de La Havane, avec des rafales atteignant 215 km/h et de fortes pluies qui ont provoqué une soudaine montée de la mer. ​La mer a pénétré dans les rues de cette ville dépourvue d'égoûts sur une longueur d'environ 400 mètres, et certaines maisons du littoral baignent dans plus d'un mètre d'eau, a constaté un journaliste de l'AFP. Les médias d'Etat affirment que Caibarién fait partie des localités les plus affectées par Irma.

Une fois retombés les vents les plus violents en fin de matinée, quelques imprudents ont bravé les avertissements de la radio locale. Ils s'aventurent à pied où à vélo en quête de proches ou pour constater les dégâts dans des rues jonchées de gravats, de morceaux de tôle et de tuiles arrachés des toits, de poteaux électriques, de branches et d'arbres déracinés.                         

Dégâts matériels importants 

"Le toit de Ronaldo s'est envolé! Le pauvre, ça faisait à peine un mois qu'il l'avait installé", déplore Rosa, 64 ans, en désignant la modeste maison de son voisin. Non loin de là, ambulances et camions de pompiers tentent de se frayer un chemin au milieu des décombres pour prendre en charge d'éventuels blessés et évacuer les occupants de maisons en mauvais état. La famille Pacheco, réfugiée toute la nuit à l'étage dans leur maison proche du rivage, a fait ses valises pour évacuer, "car l'eau a déjà atteint la quatrième marche de leur escalier", commente une voisine.

Dans un parc à proximité, le vent a arraché plusieurs bancs pourtant solidement fixés sur des socles de ciment. Les arbres qui n'ont pas été déracinés ont été complètement dénudés et pelés par les rafales et les projections. Les tympans encore meurtris par une nuit d'enfer, les plus de 40 ans revivent les scènes de cauchemar de 1985, lorsque l'ouragan Kate avait ravagé la ville. Mais cette fois les autorités ont pris soin d'organiser l'évacuation de 6.250 personnes et ont adopté des mesures pour prévenir les éventuels pillages.

La maison de Rosa et de son époux Ramon Comas, 72 ans, est l'une des plus solides de la ville. Six membres de leur famille y ont passé la nuit, écoutant nerveusement les fragments de tôle, verre et autres débris frapper la paroi de la maison. "Ici le pire peut arriver, un ouragan de cette force peut provoquer d'énormes dégâts, jusqu'à détruire cette maison", souffle Rosa, finalement soulagée, mais certaine que les rafales d'Irma étaient plus fortes que celles de Kate.

Irma, en route vers l'archipel des Keys et la Floride

Après avoir atteint la catégorie 5, la plus élevée, dans la nuit, Irma a été abaissée en catégorie 3 avec des pointes de vents à 205 km/h à 15H00 GMT mais devrait "se renforcer en chemin vers le sud de la Floride" et l'archipel américain des Keys qu'il doit frapper dès "dimanche matin", selon le centre américain de surveillance des ouragans (NHC).  

En prévision, l'ordre d'évacuation a été étendu à 6,3 millions d'habitants, contre 5,6 millions vendredi soir selon les autorités. Avec leur faible altitude, les îles des Keys sont particulièrement vulnérables à la montée des eaux. "Il sera extrêmement difficile de survivre" pour ceux qui y resteront, a mis en garde le gouverneur de Floride Rick Scott, sur la chaîne Weather Channel. 

L'ouragan a déjà fait au moins 25 morts à son passage dans les Caraïbes: dix dans la partie française et deux dans la partie néerlandaise de Saint-Martin, quatre dans les îles Vierges américaines, six dans les Iles Vierges Britanniques et l'archipel d'Anguilla, deux à Porto-Rico, une à Barbuda.