La grande réunion des spécialistes en sécurité informatique et en hacking, la convention Def Con, a lieu chaque année aux Etats-Unis à Las Vegas. "Cette convention est pour la plupart composée de professionnels de la sécurité des systèmes d'information, de crackers, hackers, journalistes, avocats et employés du gouvernement fédéral intéressés par la programmation, l'architecture, le phreaking, la modification de matériel informatique et tout ce qui peut être "hacké". L'évènement consiste en de multiples discours à propos de sujets liés aux ordinateurs ou au piratage informatique. DEF CON est aussi constitué d'évènements sociaux et de concours tels que de créer le plus long réseau wifi, craquer des systèmes informatiques ou même rafraîchir le plus efficacement une bière avec la chaleur importante du Nevada." (
source : Wikipedia) Des agents du département de la Défense américaine ou du FBI viennent à la convention de hackers effectuer des recrutements, et de nombreux observateurs de l'événement estiment que DEF CON est en réalité parrainé par le gouvernement américain. Antoine Champagne a assisté à deux éditions du DEF CON en 1999 et 2000 et confirme ce mélange des genres entre gouvernement et hackers au sein de la convention DEF CON : "Autant en 1999, les représentants de l'Etat américain se faisaient discrets, ils collectaient des informations sur les gens et les thématiques abordées, autant en 2000, ils appellaient les hackers à les rejoindre. A defcon, le grand jeu est de repérer un membre de l'Etat américain (les Feds) et de monter sur scène à tout moment en expliquant pourquoi on pense que telle personne est un fonctionnaire d'une agence. Comme aux Etats-Unis il est mal vu de mentir, la personne avoue généralement et celui qui l'a repérée gagne un T-Shirt "I spotted the fed". En 2000, un représentant du département de la Défense a lancé cette phrase lors d'une conférence : "si vous êtes parmi les meilleurs, venez nous rejoindre, nous avons des jouets bien plus sophistiqués que les vôtres". C'était une nouveauté." L'armée, les services de renseignements américains ont misé sur le cyber-espionnage depuis une quinzaine d'années. Utiliser des pirates informatiques est une évidence que l'administration des Etats-unis a vite comprise. Si la réalité des vols de données commerciales à travers le réseau Internet a longtemps été niée par l'administration américaine, qui avoue seulement des opérations axées sur l’anti-terrorisme, il lui est aujourd'hui difficile de tenir ce même discours. Les documents révélés depuis un an par Edward Snowden démontrent que
les écoutes et pénétrations de systèmes distants sont le quotidien des agents de la NSA, dont des entreprises chinoises. Ces cyber-piratages n'ont pas lieu uniquement à l'encontre de supposés terroristes ou Etats ennemis,
mais bel et bien envers des entreprises de pays alliés, comme le cas de Siemens en Allemagne l’a bien démontré. Les spécialistes du piratage informatique recrutés par Washington participent donc ouvertement à une “cyber-guerre économique mondiale” : comment, dans ces conditions, s’indigner des piratages de l’armée chinoise et approuver les condamnations de la justice américaine pouvant aller jusqu’à 15 ans d’emprisonnement ?