Point commun entre ces personnes : elles luttent contre des idées reçues, des stéréotypes...
Oui, elles luttent contre la facilité. Autant les faussaires reproduisent les idées reçues en les développant et, à ce titre, trahissent encore plus le rôle d’intellectuel. Ceux que je cite vont, chacun dans son domaine, démographie, géopolitique ou par exemple sociologie, dynamiter les idées reçues pour essayer d’éclairer le public et ne pas aller à la facilité.
Cela aussi c’est une preuve d’intégrité.
Et aller contre les idées reçues, cela peut parfois coûter cher.. Nous avons l’exemple de l’historienne Esther Benbassa qui a carrément dû s’exiler en Hongrie pour pouvoir continuer de travailler...
Oui alors il faut dire qu’en tant qu’intellectuelle juive elle s’était heurtée de plein fouet au conflit israélo-palestinien. Cela lui vaut d’être admirée par de nombreuses personnes pour non seulement son intégrité mais aussi son courage de dire publiquement ce qu’elle pense, mais elle subit dans le même temps des attaques parfois odieuses auxquelles elle résiste avec courage.
Dans votre livre, pour chacun des intellectuels, vous proposez un entretien. Et je note que bien souvent vous tutoyez votre intelocuteur. Cela peut surprendre...
On ne peut pas faire un bouquin sur l’intégrité et tricher. Au départ, l’éditeur souhaitait que, pour des raisons classiques d’édition, le vouvoiement s’impose en entretien, mais je me suis dit que j’allais respecter la forme des entretiens : pour ceux que je vouvoie ou vouvoyais dans la vie -c’est le cas de Stéphane Hessel- j’ai conservé le “vous” et pour les autres j’ai conservé le “tu”.
Malgré cet ouvrage dédié aux intellectuels intègres, faut-il tout de même attendre un tome 2 des intellectuels faussaires ?
Malheureusement en effet le sujet n’est pas épuisé. D’une part parce que ceux que j’ai signalés continuent de sévir en propageant les mensonges les plus extravagants et puis parce que d’autres se sont signalés entre temps. C’est un combat dans la durée.