Débat entre Emmanuel Macron et Marine Le Pen, coup contre coup

Avant le second tour de l'élection présidentielle française, Emmanuel Macron (En Marche!) et Marine Le Pen (Front National) se sont retrouvés dans un face à face télévisuel ce mercredi 3 mai. Cette confrontation fut houleuse entre les deux candidats que tout oppose. 
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Marine Le Pen et Emmanuel Macron se sont affrontés pendant près de 3 heures de débat le 3 mai 2017.
©Eric Feferberg/Pool Photo via AP
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Alors qu'en 2002, Jacques Chirac avait refusé de débattre avec Jean-Marie Le Pen, Emmanuel Macron de En Marche ! et sa fille, la candidate du Front National, se sont affrontés pendant presque trois heures. Les attaques violentes ne se sont pas fait attendre. La candidate de l'extrême droite, qui ouvrait ce duel tendu, a lancé : "Vous êtes l'enfant chéri du système et des élites". "Votre stratégie c'est de dire beaucoup de mensonges", a rétorqué Emmanuel Macron. Le ton était donné pour le reste du débat. 

  • Économie

Sur l'économie, Marine Le Pen reproche à Emmanuel Macron un bilan désastreux au sein du gouvernement socialiste de François Hollande. Son adversaire lui répond qu'il "n'a pas l'esprit national" car le candidat de En Marche ! "ne s'est pas attaqué au problème des travailleurs détachés" et critique son bilan au sein du gouvernement. ​De son côté, son adversaire l'accuse de "dire des mensonges et de ne proposer rien pour les Français". Le Pen, elle, veut taxer les entreprises qui délocalisent. En face, Emmanuel Macron voudrait que l'Etat puisse investir dans les entreprises en difficulté.
 
  • Santé

Marine Le Pen propose de s'attaquer aux déserts médicaux en modifiant le numerus clausus, le nombre d'étudiants en médecine. Elle voudrait l'augmenter alors qu'Emmanuel Macron veut tout simplement en finir.
 
  • Sécurité, terrorisme

"Tous les étrangers fichés S doivent être expulsés", propose Marine Le Pen qui souhaite mettre en place la déchéance de nationalité. "Contre le terrorisme il faut retrouver nos frontières nationales tout de suite, je le ferai immédiatement après mon arrivée au pouvoir", ajoute-t-elle. La candidate de l'extrême droite propose d'avoir recours aux douaniers pour arrêter les terroristes qui franchiraient les frontières. 

 


"La menace terroriste c'est la priorité des prochaines années. Ce sera ma priorité", répond Emmanuel Macron. "La clé c'est d'améliorer les renseignements, notamment le cyber renseignement, ajoute-t-il. Je vais créer une cellule auprès du président de la République qui coordonnera ces services de renseignement"

 


"La radicalisation c'est dans les tribunaux qu'on la combat. On arrête toutes les associations sportives culturelles qui véhiculent des revendications religieuses", martèle Marine Le Pen.

Les deux candidat évoquent la guerre d'Algérie car Emmanuel Macron avait parlé de "crime contre l'humanité" à propos de la colonisation.
 
  • L'Europe

Les deux candidats ont une vision radicalement opposée. Pour Marine Le Pen, l'Union européenne laisse sa place à une organisation de nations souveraines "où chaque pays a la maîtrise de son économie. Nous pourrons faire du protectionnisme patriotique".  "Je souhaite entrer en négociation pour permettre cette alliance de nations européennes dès septembre, ajoute-t-elle. A la suite de ces négociations, je soumettrai le tout aux Français. Il faut retrouver notre monnaie"
 

Pour Emmanuel Macron, "l'euro est important".  "La Grande-Bretagne n’a jamais été dans l’euro. Vous proposez d’’en sortir je dis que c’est un projet mortifère et c'est un projet dangereux. Ma vision c'est de construire un euro fort et une politique européenne forte et dans laquelle nous défendrons les intérêts de la France", assure-t-il.
 
  • Relations internationales

Quelles relations entretiendront les deux candidats avec Donald Trump et Vladimir Poutine ? "Je veux une France forte qui soit crédible et forte en Europe car notre monde est déstabilisé sur le plan économique avec une guerre sans merci et sur le plan de la sécurité international car le terrorisme se joue en dehors de notre frontière aussi", répond Emmanuel Macron.

"Quant à Poutine, il est autour de la table sur plusieurs sujets -  le conflit ukrainien il faut  le désescalader, et le conflit en Syrie où il doit être autour de la table, mais en aucun cas je ne serai soumis au diktat de Poutine c'est ma différence avec le projet de Marine Le Pen qui est soumise à Poutine", ajoute-t-il.

Pour Marine Le Pen, "la France doit être l'Etat respectueux de toutes les nations. Nous devons rester à équidistance des Etats-Unis et de la Russie" : "Nous n’avons aucune raison de mener une guerre froide avec la Russie, nous avons toutes les raisons d’engager relation diplomatique et commerciale et la Russie n’a pas exprimé d’hostilité à l’égard de la France".
La fin du débat est houleux. Des invectives fusent. "Vous êtes à plat ventre en permanence devant l’Allemagne, devant le syndicat de la magistrature, devant l’UOIF, devant les communautaristes, devant les banques, à plat ventre. le candidat à plat ventre", dit Marine Le Pen. "Non je suis debout. Mais pour être debout je n’ai pas besoin de salir. Vous salissez en permanence les étrangers, les juges, les uns et les autres, notre pays n’a pas besoin de ça mais d’apaisement et d’efficacité", répond Emmanuel Macron.
 
  • Carte blanche

Pour conclure ce débat, les deux prétendants à la fonction suprême ont quelques minutes pour évoquer un sujet qui leur tient à coeur. Emmanuel Macron a choisi le handicap. Il souhaite "revaloriser l’allocation pour les personnes en situation de handicap qui est sous le seuil de pauvreté, la deuxième je ne veux plus de personnes en situation de handicap qui soient sans solution. (...) Les personnes en situation de handicap, ce sera une priorité de mon quinquennat". La candidate de l'extrême droite n'avait pas prévu de carte blanche.  Voici leur conclusion :
 

L'économie, la lutte contre le terrorisme et l'Europe ont été les principaux sujets abordés. La culture, l'environnement, l'Afrique, la défense sont parmi les sujets oubliés de ce débat quelque peu chaotique. 

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