Fil d'Ariane
L'intérim est assuré par le président du Sénat, Nigmatoulla Iouldachev, en attendant la tenue d'élections dans les trois prochains mois, sans qu'un successeur officiel n'ait été désigné et en l'absence de réelle tradition démocratique.
Selon les images diffusées par la télévision nationale, une cérémonie d'adieu s'est tenue sous un soleil de plomb sur la place du Régistan de Samarcande, dominée par trois impressionnantes universités islamiques des XVe et XVIIe siècles. Le corps a ensuite été porté par des hommes à travers la foule vers la nécropole du Shah i-Zinda, où Karimov doit être inhumé selon les rites musulmans.
"Notre peuple, l'Ouzbékistan a subi une perte irréparable", a déploré le Premier ministre Chavkat Mirzioïev, cité par l'agence russe Interfax. "La mort nous prive du fondateur de l'Etat ouzbek, du grand et cher fils de notre peuple", a-t-il ajouté. Karimov a agi "au nom de du maintien de l'indépendance de l'Ouzbékistan, d'une vie dans la paix et la tranquillité", a-t-il souligné, rappelant en particulier la menace terroriste, alors que le pays s'inquiète de la montée de l'islam radical et de l'influence de l'organisation Etat islamique.
"Si notre président avait vécu encore dix ans, l'Ouzbékistan aurait été méconnaissable, encore plus fort", a assuré à l'AFP un homme de 58 ans à Samarcande, où le centre ville avait été bouclé. "Quand nous avons appris sa mort, avec toute ma famille nous nous sommes mis à pleurer, c'est une grande perte pour tout Ouzbek, il a rendu notre pays libre et développé".
Islam Karimov fait figure d'archétype des dirigeants arrivés au pouvoir avant la chute de l'Union soviétique, à l'instar du défunt président turkmène Saparmourat Niazov et de Noursoultan Nazarbaïev, toujours au pouvoir au Kazakhstan.
Né le 30 janvier 1938, il a gravi tous les échelons de l'appareil du Parti communiste à l'époque de l'URSS jusqu'à prendre la tête de la république soviétique d'Ouzbékistan. A l'indépendance, en 1991, il se maintient au pouvoir et s'emploie à éliminer tous ses opposants. De nombreuses ONG accusent M. Karimov d'avoir régulièrement truqué les élections, arrêté arbitrairement des centaines d'opposants et soutenu le recours à la torture dans les prisons.
Selon les experts, au moins trois hauts responsables ouzbeks pourraient chercher à prendre la succession de Karimov. Le Premier ministre Chavkat Mirzioïev dirige la commission chargée d'organiser les funérailles, une indication sur le rôle important qu'il pourrait désormais jouer.
Mais deux autres hommes sont également pressentis, le ministre des Finances Roustam Azimov et le puissant chef de la sécurité Roustam Inoyatov considéré comme l'un des responsables de la mort de 300 à 500 manifestants pendant une manifestation à Andijan (est) en 2005, réprimée par les forces de l'ordre.