Décès de l'écrivain Gérard de Villiers : SAS est orphelin
Gérard de Villiers est mort ce 31 octobre 2013 à l'âge de 83 ans des suites d'un cancer du pancréas, quelques semaines après la publication de son 200e SAS, La vengeance du Kremlin. Provocateur, controversé, mais toujours très bien renseigné, l'écrivain-voyageur aurait vendu plus de 150 millions d'exemplaires dans le monde. Ce soir son héros Malko Linge, alias Son Altesse Sérénissime, est orphelin.
“Il manquera aux lecteurs, mais aussi aux journalistes et aux analystes“
Correspondant de TV5MONDE à Jérusalem, Charles Enderlin a bien connu Gérard de Villiers : "Au-delà de ses dérapages et de ses opinions contestables, c'était un véritable bûcheur qui n'hésitait pas à aller là où ça tirait."
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Un flair prophétique
Ses titres de romans de gare, ses couvertures à mi-chemin entre le magazine masculin kitsch et le générique de James Bond, ses univers aux confins du luxe et du vulgaire dissimulaient un sens de l'anticipation géopolitique d'une précision époustouflante. Ses scénarios étaient d'un réalisme d'autant plus effrayant que, souvent, ils s’avéraient prophétiques. Réactionnaire, misogyne, raciste, antisémite, politiquement incorrect... Mais le roi du polar d'espionnage avait souvent une longueur d'avance sur l'actualité. "Pour être informé (sur l'actualité internationale), lisez Gérard de Villiers !" affirmait début 2013, le New York Times dans un portrait intitulé Le romancier espion qui en savait trop. Voyages, correspondants de presse, chefs d’États, diplomates et services de renseignements - tel était son univers. Pour pallier son manque d'imagination, disait-il, il puisait à la source des hommes et des événements qui font l'actualité. Ce 1er novembre sur i-Télé, l'ancien patron de la DST Yves Bonnet lui rendait hommage : "Ses romans comportaient des analyses de situation remarquables. Elles étaient précises, elles étaient bien conduites et elles fourmillaient de détails intéressants. Si on reprend tous ses romans, je crois qu'on arrive à avoir une bonne approche de beaucoup de problèmes de sécurité."
Le chemin de Damas
Dans ce titre en deux volumes, paru en juin 2012, De Villiers anticipait l'attentat de Damas qui aura lieu un mois plus tard contre le bâtiment de la Sécurité nationale, près du palais présidentiel. Quatre hauts responsables du régime de Bachar Al-Assad, dont son remplaçant potentiel, seront victimes de ce complot ourdi par la CIA pour éliminer Bachar al-Assad et sa famille.
Les fous de Benghazi
Dans ce titre paru en janvier 2012, l'écrivain français anticipe l'assassinat de l'ambassadeur américain Christopher Stevens par des islamistes radicaux soutenus par le Qatar. Un ouvrage qui met en scène Bachir Saleh, le "banquier de Kadhafi" et complice libyen de Claude Guéant et de Bernard Squarcini dans l'affaire de Karachi.
La liste Hariri
Paru en 2010, cinq ans après l'attentat commandité par la Syrie et exécuté par le Hezbollah qui coûta la vie à l'ancien Premier ministre libanais Rafik Hariri, ces nouvelles aventures de SAS estomaquaient les membres du tribunal spécial chargés de l'enquête à La Haye. Au vu du luxe de détails sur le complot, ces informations devaient être issues d'un rapport confidentiel des services de renseignement libanais.
Le complot du Caire
En 1981, quelques semaines avant que le président égyptien ne soit assassiné, il avait imaginé l'attentat contre Anouar El-Sadate par des islamistes, avec l'aval des Israéliens.