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Décès du Suisse Beat Richner, figure emblématique de l'aide à l'enfance au Cambodge

Beat Richner s'est éteint en ce mois de septembre 2018 à l'âge de 71 ans. Médecin pédiatre, il oeuvrait depuis trente ans à soigner les enfants cambodgiens. Invité de TV5MONDE, le réalisateur franco-suisse Georges Gachot l'a suivi durant des années et lui a consacré cinq films. Entretien.

Les hommages se multiplient au Cambodge après la mort du médecin suisse Beat Richner, humaniste et personnalité hors du commun, dont le gouvernement cambodgien s'est engagé à poursuivre l'œuvre humanitaire. Elle lui survivra, donc, très loin de Zurich - Beat Richner avait été élu Suisse de l'année en 2003 - à Phnom Penh et à Siem Reap, où des centaines de milliers d'enfants lui doivent aujourd'hui la vie. Retour sur cinq décennies d'engagement avec nos partenaires de la RTS :

Beat Richner est l'initiateur de la construction des cinq hôpitaux pour enfants Kantha Bopha répondant aux normes internationales d’hygiène et de qualité. Ils dispensent 85 % des soins pédiatriques du pays, estimait-il. Sans nos hôpitaux, disait-il, 90 000 enfants mourraient chaque année du fait d’un génocide passif.”

Il avait des idées très arrêtées. C'était une combinaison intéressante de créativité et d'efficacité, avec des idées médicales très avancées.
Georges Gachot

Aujourd'hui, le gouvernement cambodgien s'est engagé à maintenir à flot ces 5 établissements, dont le budget est désormais soutenu pour 1/3 par le ministère de la Santé, 2/3 dépendant toujours de la contribution du gouvernement suisse et des donations privées. Une victoire pour Beat Richner, dont le modèle de fonctionnement était fondé sur l'absence d'administration, la gratuité des soins et une perpétuelle recherche de dons.


Pour faire un don
► Fondation Hôpital de l’Enfant Kantha Bopha
Dr med. Beat Richner PC 80-60699.1
IBAN Nr. CH98 0900 0000 8006 0699
www.beat-richner.ch
www.facebook.com/dr.beat.richner

Beat Richner était aussi violoncelliste. Musicien, il se faisait appeler Beatocello et jouait pour les enfants, pour soigner aussi leurs âmes et pour se donner lui-même du courage. Il jouait aussi le soir devant les touristes et les occidentaux pour lever des fonds.

Et pourtant, il ne faisait pas l'unanimité. Son combat dérangeait certains, à commencer par les organisations internationales, l'ONU en tête, qui le soupçonnait de pratiquer une médecine autonome en marge d'un système de santé défaillant. ​Beat Richner était un homme en colère : “Le credo de l’Organisation mondiale de la santé (OMS) et de l’UNICEF est que les traitements médicaux doivent correspondre à la réalité économique de chaque pays. Or la situation économique de la plupart des Cambodgiens est dramatique. Si nous suivions les avis de ces deux organisations intergouvernementales dont les membres sillonnent le globe en disant à tout le monde ce qu’il doit faire, nous ne pourrions pas sauver un seul enfant atteint de dengue ou de tuberculose,” déclarait-il en 2009 au Financial Times, cité par Courrier International.

Pour lui, chaque enfant était un individu.