Déconfinement en France : masques, tests, réouverture des écoles et commerces... les annonces d'Édouard Philippe

La France a présenté ce mardi son plan de déconfinement progressif. Le Premier ministre Édouard Philippe a commencé à apporter des précisions : à partir du 11 mai, le port du masque sera-t-il obligatoire ? Les écoles vont-elles ouvrir ? Les déplacements inter-régionaux seront-ils autorisés ? Voici les principales annonces de son discours.
Image
edouard-philippe-deconfinement
Le Premier ministre français, Edouard Philippe, à l'Assemblée nationale. Paris, France, 28 avril 2020.
© David Niviere, Pool via AP
Partager 8 minutes de lecture
Edouard Philippe a mis en garde mardi contre "le risque de l'écroulement" de l'économie si le déconfinement n'était pas mis en oeuvre "progressivement, prudemment", lors de la présentation de son plan de déconfinement devant les députés.
 

"Nous sentons que l'arrêt prolongé de la production de pans entiers de notre économie, que la perturbation durable de la scolarisation d'un grand nombre d'enfants et d'adolescents, que l'interruption des investissements publics ou privés, que la fermeture prolongée des frontières, que l'extrême limitation de la liberté d’aller et venir (...), présenteraient pour le pays, non pas seulement l’inconvénient pénible du confinement, mais en vérité celui, bien plus terrible, du risque de l’écroulement", a déclaré le Premier ministre devant un hémicycle clairsemé.

Le confinement a été un instrument "efficace" pour lutter contre le coronavirus, poursuit en préambule le Premier ministre. Comment en sortir ? Via une stratégie de déconfinement fondée sur trois principes : "vivre avec le virus, agir progressivement, adapter localement".

Le Premier ministre a précisé que, sur cette base, un "travail de concertation et d’adaptation du plan aux réalités de terrain" serait mis en place avec "les associations d’élus locaux, les préfets et les partenaires sociaux" dès ces mercredi 29 et jeudi 30 avril.


Revoir le discours d'Édouard Philippe à l'Assemblée nationale ce 28 avril :

Le port du masque pour "protéger"


Édouard Philippe l'assure : il y aura "assez de masques dans le pays pour faire face aux besoins à partir du 11 mai".
 

Il ajoute qu'il sera "préférable", dans "de nombreuses circonstances", de "porter un masque" comme le recommandent désormais les scientifiques.

"Progressivement, nous parviendrons à une situation classique, où les Français pourront sans risque de pénurie se procurer des masques grand public dans tous les commerces", a-t-il assuré devant les députés, en invitant les entreprises "à veiller à équiper leurs salariés" et les particuliers "à se confectionner eux-mêmes des masques".

Tester la population française


"Au moins 700 000 tests virologiques" seront réalisés par semaine, à partir du 11 mai.

Tous les "cas contacts" (toutes les personnes ayant été en contact avec une personne atteinte du coronavirus) seront testés, même les personnes asymptomatiques.

Le but est d'"isoler au plus vite les porteurs du virus". L'isolement "n'est pas une punition", précise le chef de l'exécutif.
 

Isoler les personnes atteintes du Covid-19

Toute personne testée positive au Covid-19 sera isolée.

"Pourrons-nous ou devrons-nous nous appuyer sur les ressources extraordinaires des outils numérioques ?", interroge Édouard Philippe. L'application StopCovid suscite la polémique.
 
  • "Débat spécifique" sur le traçage des données mobiles
"Un débat spécifique" aura lieu sur le traçage numérique, assure le Premier ministre.
 Sur le projet sensible du traçage des données mobiles StopCovid, "le débat est prématuré" mais lorsque l'application "fonctionnera et avant sa mise en œuvre, nous organiserons un débat spécifique, suivi d'un vote spécifique", a annoncé Edouard Philippe.

Les questions de libertés publiques "me paraissent fondées. Elles doivent être posées. Elles doivent être débattues", a souligné le Premier ministre au sujet de cette application de traçage qui suscite des critiques jusqu'au sein de la majorité.

La vie en entreprise

  • Les masques dans les entreprises

Edouard Philippe a "invité toutes les entreprises, quand leurs moyens le leur permettent, à veiller à équiper leurs salariés" en masques de protection.

"C’est une condition de la reprise", a insisté le Premier ministre, en précisant que les régions et l'Etat "mettront en place un appui aux TPE (Très Petites Entreprises) et aux travailleurs indépendants" dans ce domaine.

  • Télétravail maintenu

"Le télétravail doit être maintenu au moins pour les trois prochaines semaines", souligne Edouard Philippe. Les "horaires décalés" sont encouragés dans les autres cas.

Réouverture des écoles

Nous proposons une réouverture "très progressive des écoles maternelles et élémentaires partout sur le territoire sur la base du volontariat".

Le 18 mai, les collèges pourraient rouvrir "en commencant par les classes de 6e et 5e". "Nous fournirons des masques aux collégiens", le port du masque pour ces derniers sera obligatoire.
Les ouvertures se feront uniquement dans les départements peu touchés par la maladie du Covid-19, a précisé M. Philippe devant les députés français, ajoutant qu'une décision sur les lycées serait prise "fin mai".

Fin mai, la réouverture des lycées sera définie. Les premiers lycées à rouvrir seront les lycées professionnels "début juin".


Des conditions sine qua non à la réouverture des écoles : "pas plus de 15 élèves par classes" et "distribution de gel hydroalcoolique".

Réouverture des crèches

Les crèches rouvriront à partir du 11 mai dans le cadre du déconfinement progressif, dans la limite de dix enfants maximum par espace et avec port du masque obligatoire pour les professionnels de la petite enfance.

L'accueil se fera "par groupes de dix enfants maximum, avec la possibilité d'accueillir plusieurs groupes de dix enfants si l'espace le permet et si les conditions sont réunies pour que les groupes ne se croisent pas", a détaillé le Premier ministre.

Une "réduction des capacités" qui pose "la question des priorités d'accueil", a soulevé le chef du gouvernement, demandant aux gestionnaires de privilégier les couples d'actifs qui ne peuvent pas télétravailler et les familles monoparentales.

"Les enfants des soignants et des professeurs devront également être prioritaires", a-t-il ajouté.

"Le port du masque grand public sera obligatoire pour les professionnels de la petite enfance, puisque les règles de distanciation physique ne peuvent pas y être appliquées", a encore dit M. Philippe. 

Les enfants de moins de trois ans n'auront pas à porter de masque, a-t-il rappelé.


Réouverture des commerces et marchés


"Tous les commerces pourront rouvrir dès le 11 mai, à l'exception des cafés et restaurants." La réouverture des cafés et restaurants sera "évaluée" fin mai pour une éventuelle réouverture "après le 2 juin".

Tous les marchés de plein air et halles couvertes pourront rouvrir à partir du 11 mai s'ils sont en mesure de faire respecter les distances de sécurité entre les consommateurs, a annoncé mardi Edouard Philippe.

"Les marchés, pour lesquels l'interdiction est aujourd'hui la règle et l'autorisation l'exception, seront en général autorisés, sauf si les maires ou les préfets estiment qu'ils ne peuvent faire respecter les gestes barrières", a déclaré le Premier ministre lors de la présentation de son plan de déconfinement devant les députés.

"Un commerçant pourra subordonner l'accès de son magasin au port du masque", précise le Premier ministre. Le masque est recommandé pour le personnel et les clients.
 

Les départements différenciés en "vert" ou "rouge"

Le déconfinement sera différencié le 11 mai entre les départements "vert", où il sera appliqué largement, et "rouge", où il prendra une forme plus stricte, a annoncé Edouard Philippe.

Pour cela, trois critères seront étudiés le 7 mai pour déterminer dans quel département "la circulation du virus reste active", "les capacités hospitalières en réanimation restent tendues" et "le système local de tests et de détection des cas contacts ne soit pas suffisamment prêt", a précisé le Premier ministre devant les députés.

 

Cinémas, théâtres, grands musées resteront fermés

Les grands musées, les salles de cinéma, de concert et les théâtres resteront fermés après le 11 mai, contrairement aux médiathèques, bibliothèques et petits musées qui pourront rouvrir leurs portes, a annoncé Edouard Philippe.

"Parce qu'ils peuvent fonctionner plus facilement en respectant les règles sanitaires, les médiathèques, les bibliothèques et petits musées, si importants pour la vie culturelle de nos territoires, pourront rouvrir leurs portes dès le 11 mai", mais a contrario, "les grands musées, qui attirent un grand nombre de visiteurs hors de leur bassin de vie, les cinémas, les théâtres et les salles de concert, où l'on reste à la même place dans un milieu fermé, ne pourront pas rouvrir", a précisé le Premier ministre.
 

Activités autorisées et interdites le 11 mai


Les rassemblements seront "limités à 10 personnes" à partir du 11 mai.

Edouard Philippe a annoncé mardi que les plages, fermées depuis le début du confinement, resteront "inaccessibles au public au moins jusqu'au 1er juin".

Le Premier ministre a également indiqué, devant les députés, que les parcs et jardins "ne pourront ouvrir que dans les départements où le virus ne circule pas de façon active".

Le sport en salles restera interdit.

Les lieux de culte pourront continuer à rester ouverts. Mais je crois qu’il est légitime de leur demander de ne pas organiser de cérémonies avant le 2 juin", a indiqué M. Philippe.

Edouard Philippe a annoncé mardi que les cérémonies religieuses, comme les baptêmes ou mariages, ne pourront se dérouler "avant le 2 juin", lors de la présentation de la stratégie de déconfinement devant les députés.

Les cimetières "seront à nouveau ouverts au public dès le 11 mai".

"Les cérémonies funéraires resteront évidemment autorisées" après le 11 mai, mais "comme aujourd'hui dans la limite de 20 personnes", a indiqué mardi le Premier ministre, Édouard Philippe, lors de la présentation du plan de déconfinement.


La capacité des transports publics devra être "réduite pour respecter les distances". Le port du masque sera obligatoire dans les transports en commun.

Déplacements interrégionaux

Le Premier ministre a annoncé mardi qu'il serait possible de circuler sans attestation à partir du 11 mai, sauf "pour les déplacements à plus de 100 km du domicile, qui ne seront possibles que pour un motif impérieux, familial ou professionnel".

"Il sera à nouveau possible de circuler librement, sans attestation" sauf pour des longs déplacements, a déclaré Edouard Philippe lors de la présentation du plan de déconfinement.