La politique économique européenne est basée sur des contraintes, toujours identiques : la baisse des déficits publics à moins de 3%, couplée à des "réformes". Concrètement : moins d'investissements publics, plus de flexibilité du travail, le gel des pensions de retraite et de l'âge de départ à la retraite, le gel des salaires des fonctionnaires, la diminution des aides sociales, la baisse des charges sur les entreprises et les coupes dans les dépenses publiques. Les résultats de ces politiques européennes sont à l'opposé de ceux qui sont attendus : le chômage ne diminue pas et la possible déflation à venir risque de s'inviter, doublée d'une nouvelle récession sous quelques mois. Dany Lang, convaincu par ce scénario, pense qu'il serait possible de l'éviter : "Avec une volonté politique, il y a une relance économique possible, qui passe par la dépense publique. C'est la meilleure des solutions envisageables. Avec la contrainte écologique, il y a des chantiers très intéressants à lancer : le ferroutage, l'amélioration des réseaux de transports en commun, la création de réseaux européens et l'isolation des logements. Cette dernière permettrait de faire repartir le bâtiment : 15 000 euros par logement, c'est tout à fait envisageable, et cela ferait travailler énormément de monde. C'est l'une des seules petites choses où le gouvernement actuel a agi un peu, avec des incitations fiscales. Mais si c'est fait uniquement en France, cela ne suffira pas." Comment financer cette relance européenne, qui semblerait être la solution pour sortir l'économie du vieux continent de l'ornière ? "Même la Commission européenne a compris cela : idéalement, il faudrait obliger les pays qui ont des excédents budgétaires à relancer leur demande interne. Si l'on prend l'Allemagne, par exemple, la moitié des ponts du pays menace de s'effondrer : c'est exactement ce genre de chantiers prioritaires qui aideraient à la relance. Il y a aussi un choc de répartition qui est nécessaire, il faut augmenter les salaires, toujours pour les pays aux budgets excédentaires. Le président de la BundesBank lui-même
a reconnu qu'il fallait augmenter les salaires en Allemagne !" Un scénario à la japonaise, avec une déflation qui a duré deux décennies, aurait des conséquences dramatiques pour l'Europe, et Dany Lang le rappelle avec, en guise de conclusion, une vision pessimiste empreinte d'incompréhension : "Nous avons un gouvernement, en France, qui nous dit : 'attention il y a un risque de déflation généralisée, la rentrée va être difficile', et d'un autre côté, qui dit : 'on ne va pas changer de politique'. C'est difficile à comprendre. Mais sans changement de volonté politique, nous ne sortirons pas de l'ornière".