Démantèlement du plus gros site pédophile jamais découvert, 337 arrestations dans 38 pays

Le plus gros site pédophile jamais abrité sur internet a été fermé. "Welcome to Video" faisait commerce de vidéos d'abus sexuels sur des enfants. Son gestionnaire, un Coréen de 23 ans, a été condamné à 18 mois de prison. Le démantèlement du site a conduit également à 337 arrestations dans 38 pays. 
 
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pédophilie site internet
La page d’accueil du site pédophile a été remplacée par un message annonçant l'opération de police. NCA
 
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C'est le fruit d'une longue et intense collaboration policière internationale : plus de 300 personnes ont été arrêtées dans 38 pays dans le cadre d'une enquête qui a permis le démantèlement sans précédent d'un site pédopornographique.

Ce site était le plus gros abrité sur le "dark web", cet ensemble de réseaux cryptés et cachés au sein de la partie d'internet non référencée par les moteurs de recherche classiques, ont annoncé mercredi 16 octobre les autorités britanniques et américaines.

Un Coréen de 23 ans arrêté

Il a fonctionné entre juin 2015 et mars 2018, jusqu'à ce qu'une enquête menée par les autorités sud-coréenne, américaine et britannique mène à l'arrestation de son gestionnaire en Corée du Sud. Agé de 23 ans, Jong Woo Son a depuis été condamné à 18 mois de prison.

Les enquêteurs britanniques avaient découvert ce site dans le cadre des investigations contre un géophysicien, Matthew Falder, qui purge une peine de 25 ans de prison après avoir reconnu 137 infractions dont l'incitation au viol d'enfants en 2017, et pour avoir partagé des images de l'agression sexuelle d'un nouveau-né, selon la police britannique.

Il a été inculpé mercredi 16 octobre aux Etats-Unis, a annoncé la procureure de Washington Jessie Liu, qui n'a pas souhaité "commenter ce qu'il pourrait se passer ou pas quant à une extradition".

Le site, Welcome To Video, était "l'un des premiers à proposer à la vente des vidéos répugnantes" pouvant être payées avec la crypto-monnaie bitcoin, selon l'agence britannique de lutte contre la criminalité organisée.

Le plus grand marché d'exploitation sexuelle d'enfants 

La justice américaine considère ce site comme "le plus grand marché d'exploitation sexuelle d'enfants en termes de volumes de contenus". Il rassemblait 250 000 vidéos, dont près de la moitié étaient inconnues jusqu'alors, montrant des jeunes enfants victimes d'agressions sexuelles, selon la procureure de Washington Mme Liu.

Ce contenu de 8 000 gigabytes pourrait être stocké sur "10.000 CD-Roms", a précisé Don Fort, chef des enquêtes criminelles au sein de l'IRS, les services fiscaux américains.

La pédopornographie sur Internet, un phénomène qui explose aux Etats-Unis

Actuellement, le nombre de vidéos à caractère pédopornographique et le nombre de sites internet qui leurs sont dédiés explose. Il y a 10 ans, moins d'un million de contenus circulaient. Aujourd'hui, on en dénombre 45 millions rien qu'aux États-Unis.

Ces vidéos étaient vendues sur le site où chaque utilisateur créait un compte associé à une adresse bitcoin. Elles ont été téléchargées plus d'un million de fois, selon le ministère américain de la Justice.

Des centaines de prédateurs identifiés

Selon l'acte d'accusation américain contre Jong Woo Son, le site a reçu au moins 420 bitcoins à travers 7 300 transactions, soit 370 000 dollars.

En tout, 337 utilisateurs présumés ont été arrêtés dans cette enquête dont les ramifications vont de l'Australie à la République tchèque en passant par l'Arabie saoudite et le Brésil.

Ron Fort a salué la capacité de l'IRS à "analyser les blockchain et de désanonymiser les transactions en bitcoins (pour) identifier des centaines de prédateurs dans le monde".

Au moins 23 mineurs sauvés

"Vous êtes allés sur le dark web pensant que vous étiez anonymes, mais vous ne l'étiez pas" a dit M. Fort à l'adresse des utilisateurs. "Nos agents ont prouvé encore une fois que vous ne pouvez vous cacher nulle part".

L'opération a permis de "sauver au moins 23 mineurs" habitant aux Etats-Unis, en Espagne et au Royaume-Uni qui étaient victimes d'abus sexuels par des utilisateurs du site, selon Mme Liu.

Des condamnations de trois mois à 15 ans de prison

 

Au Royaume-Uni, sept hommes ont déjà été condamnés, dont un à 22 ans de prison pour le viol d'un petit garçon de cinq ans, ainsi que l'agression sexuelle d'une petite fille de trois ans, qui apparaissait sur le site Welcome to Video.

Environ 92 personnes ont été visées par l'enquête américaine et dix hommes ont été condamnés à des peines allant de trois mois à 15 ans de prison.

La justice américaine poursuit également dans cinq pays 24 personnes accusées d'avoir financé le site internet. Elle souhaite saisir les fonds pour les renverser aux victimes.