La présence de mercenaires du groupe Wagner a été également attestée par le Pentagone. Le porte-parole du ministère de la Défense américain répondait dans ce sens aux questions des journalistes lors d'un point presse le 21 mars dernier. Mais un responsable européen à Washington, qui a voulu rester anonyme, donne des détails.
Nous avons constaté des transferts depuis la Syrie et la Lybie, vers la région du Donbass et ces hommes sont principalement utilisés comme force de frappe contre la résistance ukrainienne.
Un responsable européen à Washington
Ces hommes sont des fantassins,
"ils n'ont pas de véhicules ou d'armes lourdes" et viennent renforcer les troupes russes.
"Ce que je peux vous dire, c’est que nous avons constaté des transferts depuis la Syrie et la Lybie, vers la région du Donbass et que ces hommes sont principalement utilisés comme force de frappe contre la résistance ukrainienne" affirme ce responsable.
Lire : Le groupe Wagner : ces mercenaires "prêts à donner leur vie dans la lutte pour la justice"Il est toutefois selon lui difficile d'estimer combien exactement de ces
"10 à 20.000" hommes sont du groupe privé Wagner, et combien sont des combattants de Libye ou de Syrie.
Des ex-soldats syriens sont recrutés avec des salaires entre 600 et 3000 dollars en fonction de leur grade et de leur expérience pour se battre en Ukraine. Le groupe russe Wagner aurait déplacé tous ses hommes qui combattaient en Libye vers l’Ukraine. Le mois dernier, selon les services secrets ukrainiens, la Russie aurait passé un accord avec le chef de guerre libyen Khalifa Haftar pour qu’il lui envoie des combattants libyens.
Le recrutement de Syriens est attesté par l'ONG
Syrians for Truth and Justice qui a recueilli de nombreux témoignages vérifiés dans ce sens. Une société de sécurité qui travaille comme recruteur pour le groupe russe Wagner a récemment transporté des combattants syriens depuis la Libye, notamment depuis Benghazi, en Syrie afin qu'ils puissent être transférés vers la Russie. Les combattants sont destinés à soutenir les forces russes en tant que mercenaires en Ukraine.
Des Syriens au côté des Russes en Ukraine ?
"Suite à différents témoignages, l'ONG Syrians for Truth and Justice a appris qu'il y a eu des ordres pour préparer un nouveau groupe de combattant actuellement en Libye afin de les déployer en Russie puis en Ukraine. L'ONG a pu observer une augmentation conséquente de noms de candidats prêts à combattre en Ukraine à travers plusieurs provinces syriennes, notamment dans des zones contrôlées par le gouverment syrien. Cependant l'ONG n'a pas suivi de vols qui auraient pu transporter ces combattants de Syrie vers la Russie au 16 mars, date à laquelle leur rapport a été rédigé."
L'agence de presse britannique Associated Press affirme que des membres de la division du général Suheil al Hassan font partie des centaines de combattants syriens entraînés par les Russes qui ont signé un engagement pour se battre à leurs côtés en Ukraine. Il y aurait également des soldats de l’armée syrienne, d’anciens rebelles et des combattants expérimentés qui ont combattu contre le Groupe état islamique dans le désert de Syrie
Pour l’heure, seul un petit nombre semble être arrivé en Russie pour suivre un entraînement militaire avant d’être déployé sur les lignes de front. Bien que le Kremlin se vantait au début de l’offensive avoir reçu plus de 16.000 demandes d’enrôlement depuis le Moyen Orient, des responsables américains et des activistes observant de près la situation en Syrie affirment qu’il n’y a pas eu de nombre significatif de combattants de la région pour rejoindre le terrain de guerre en Ukraine.
Des analystes disent que cela pourrait évoluer du moment que la Russie prépare une nouvelle phase de bataille avec une offensive de grande ampleur dans l’est de l’Ukraine. Ils estiment que des combattants de Syrie pourrait être déployés dans les prochaines semaines, surtout depuis que Poutine a nommé le général Alexander Dvornikov, connu pour sa campagne en Syrie, comme commandant des opérations en Syrie.
Lire : Guerre en Ukraine : qui est Alexander Dvornikov, l'homme chargé de diriger l'invasion russe dans le Donbass ?
Fin mars, le ministère britannique de la Défense a indiqué que
"plus de 1.000 mercenaires" de la société Wagner, dont des responsables de l'organisation, devaient être déployés dans l'est de l'Ukraine pour
"mener des opérations de combat".
Le Pentagone ne nie pas que la Russie fait appel aux mercenaires Warner. Le porte-parole John F. Kirby déclarait le
21 mars "nous savons qu'ils ont un intérêt à développer leur empreinte en Ukraine". Le porte-parole du Pentagone reste prudent et explique que le groupe Wagner
"recrute des combattants à l'étranger mais il est certainement intéressé à accroître sa présence en Ukraine aussi. Nous savons qu'il est présent et qu'ils veulent renforcer leur présence en Ukraine."Le Groupe Wagner accusé d'exactions au Mali, Libye ou encore en Syrie
Réputés proches de Vladimir Poutine, le groupe Wagner et ses paramilitaires sont soupçonnés d'exactions au Mali, en Libye ou encore en Syrie. C'est ce qu'on constaté les journalistes Alexandra Jousset et Ksenia Bolchakova qui ont réalisé un documentaire de 88 minutes sur le sujet. Dans
L'Armée de l'ombre de Poutine, elles décrivent comment ces mercenaires opèrent sur le terrain.
Le président ukrainien Volodymyr Zelensky annonçait que la Russie débutait le 18 avril une offensive majeure dans cette zone, nouvel objectif stratégique des forces russes, après leur retrait de la région de Kiev. Une partie de ce territoire ukrainien est déjà entre les mains de forces séparatistes pro-russes depuis 2014.
(RE)voir : Ukraine : Marioupol sur le point de tomber
Selon des responsables de la défense occidentaux, Vladimir Poutine a comme date butoir pour achever son offensive, le 9 mai, date anniversaire de la victoire de l'Armée russe sur les Nazis en 1945, commémoré par un défilé militaire à Moscou.
En menant cette nouvelle offensive, les troupes russes contrôleront probablement d'ici
"quatre à six mois", la région de Lougansk, une partie du Donbass et un petit pont terrestre dans la région de Zaporijjia, estime ce responsable européen à Washington.
Il dit s'attendre à
"une destruction totale" de la ville de Marioupol, port stratégique sur la mer d'Azov, assiégé depuis début mars par les troupes russes.
"Ma crainte est que cela soit encore pire que Boutcha", ville ukrainienne où l'armée russe est accusée d'avoir massacré des civils, a-t-il ajouté.
Ce même responsable explique - comme le rapporte le quotidien britannique
The Guardian - qu'il faut garder à l'esprit que
"l'armée Russe dépend énormément des voix ferrées et que le réseau de chemin de fer a été la cible de sabotages par la résistance". De plus, le moral dans les rangs des Russes devient de plus en plus bas.
"Ils n'aiment pas cette guerre car ils n'aiment pas l'idée de tuer des personnes qui parlent russe. Ils ont perdu beaucoup de camarades dans le nord et ils ont en plus perdu leur croiseur Moskva."
(RE)voir : Guerre en Ukraine : le navire Moskva, fleuron de l'armée russe a coulé
Par ailleurs, les Russes n'ont pas garanti leur supériorité aérienne explique ce responsable européen, et ne peuvent assurer un soutien aérien permanent rapproché à leurs troupes au sol.
Mais il souligne que rien n'est inévitable car les soldats ukrainiens reçoivent des armes nouvelles quasiment tous les jours. Il prédit une possible fin des négociations entre Russes et Ukrainiens à "l'automne 2022", ce qui permettrait de trouver une issue au conflit avant l'hiver.